Cinq ans après son ouverture officielle, le centre commercial El Qods de Cheraga, construit puis laissé à l’abandon par la société de promotion Saoudienne Sidar, tente difficilement de retrouver une seconde vie, après que sa gestion ait été récupérée par un collectif de copropriétaires.
C’est un véritable coup de force qu’ont opéré en mars dernier, un groupe de copropriétaires du centre pour arracher la gestion au promoteur Sidar. A l’issue d’une assemblée générale, le destin du centre commercial El Qods, le plus grand en Algérie, a basculé. Un administrateur général a été nommé pour reprendre en main la gestion de ce mastodonte de 90.000 m2 qui, malgré sa construction récente, montre déjà des signes de dégradation avancée.
« Depuis l’ouverture du centre, Sidar s’est contenté de gérer le stricte minimum tout en encaissant les charges auprès des propriétaires, » confie à Maghreb Emergent, M. Nourredine Khaoukha, administrateur général du centre. « Cette non-gestion de la part de Sidar a transformé cette structure en zone de non droit où la sécurité n’était pas assurée, les couloirs insalubres et les équipements complètement abandonnés», ajoute-t-il, pointant du doigt le promoteur saoudien du projet « qui s’est contenté d’empocher le produit de la vente des locaux et appartements sans se soucier de la gestion du site ».
Nouvelle équipe, nouvelle dynamique
Depuis la reprise en main de la gestion des parties communes du centre en mars dernier, la tendance s’est complètement inversée. La signature d’un contrat avec une agence d’événementiel pour assurer l’animation commerciale a redonné une dynamique au centre et incité de nombreux propriétaires à ouvrir leurs commerces ou à les louer. Les vols et agressions qui faisaient la réputation des lieux ont été réduits à néant et la fréquentation du centre a connu un rebond qualitatif depuis que les clients et familles se déplacent en toute sécurité à l’intérieur du site.
La « transparence » introduite dans la gestion de la nouvelle équipe a donné de bons résultats selon Nourredine Khaoukha : « Nous avons ouvert un compte bancaire et avons récupéré les charges contre présentation d’une facture alors que les précédents payements se faisaient en espèce contre un simple bon », précise-t-il. Cette embellie financière, fruit de la confiance placée par les propriétaires sur la nouvelle équipé gérante, a permis l’assainissement de toutes les dettes laissées par Sidar et le recrutement d’agents pour assurer la maintenance des équipements, la sécurité et l’hygiène du site.
Contentieux en suspens
Malgré ce retour progressif à la normale, de nombreux défis restent encore à relever pour la nouvelle équipe gérante du centre. Le rythme de réouverture des commerces – huit chaque mois – reste lent car le promoteur a refusé de remettre aux nouveaux administrateurs, le fichier des propriétaires pour pouvoir les contacter. De nombreux contentieux concernant la gestion passée de Sidar demeurent en suspens. La plupart des acquéreurs n’a pas d’acte de propriété pour des problèmes de conformité. Et sur les plus de 719 bureaux et locaux commerciaux du centre, entre 30 et 40% demeurent encore la propriété de Sidar qui n’a pas pu les vendre.