Le casse-tête numérique des titres de séjour en France

Le casse-tête numérique des titres de séjour en France

En France, les demandeurs de titres de séjour se retrouvent de plus en plus confrontés à une procédure entièrement dématérialisée qui, bien qu’annoncée comme un progrès administratif, se révèle souvent être un parcours d’obstacles numérique, déconnecté des réalités humaines des usagers.

Depuis la généralisation de la plateforme ANEF (Administration numérique des étrangers en France), les retours d’expérience sont très critiques. Bugs techniques, interface peu intuitive, absence d’interlocuteurs humains, messages automatiques incompréhensibles… les obstacles s’accumulent.

De nombreuses voix, parmi lesquelles le Défenseur des droits et plusieurs associations d’aide aux étrangers, alertent depuis des mois sur les risques d’exclusion administrative et sociale.

🟢À LIRE AUSSI : Visa pour la France : ces 5 pays dominent les demandes, qu’en est-il des acceptations ?

En plus des retards massifs dans le traitement des dossiers par les préfectures, des milliers de demandeurs se retrouvent « enfermés dans un écran », sans solution pour obtenir ou renouveler leur titre de séjour, et parfois même sans preuve qu’une demande a été prise en compte.

Une tentative de correction : Metz passe à « Démarches simplifiées »

Dans un effort pour fluidifier les procédures, la préfecture de Moselle a annoncé cette semaine que les demandes de titres de séjour pourront être déposées dès fin juin via la plateforme “Démarches simplifiées”, à condition qu’elles ne soient pas déjà lancées via ANEF.

L’initiative vise, selon les autorités, à réduire les délais, améliorer le service aux usagers, et limiter les coûts administratifs, notamment ceux liés à l’affranchissement.

Selon le communiqué, cette nouvelle procédure concerne notamment :

  • Les premières demandes de cartes de résident (y compris longue durée – UE)

  • Les demandes fondées sur les liens personnels et familiaux

  • Les jeunes majeurs entrés avant 13 ans, ou les parents d’enfants malades

  • Les admissions exceptionnelles au séjour

  • Les salariés, travailleurs temporaires, professions libérales, stagiaires

  • Les étudiants, jeunes au pair, et chercheurs d’emploi ou créateurs d’entreprise

  • Les renouvellements de récépissés et d’attestations

Ce panel large devrait désengorger une partie des demandes autrefois centralisées sur ANEF.

Un accompagnement encore très limité

Si ce changement est salué par certains acteurs associatifs, l’absence de soutien numérique réel demeure une critique majeure. La préfecture précise que les usagers en difficulté pourront solliciter un rendez-vous au point d’accueil numérique, mais les créneaux disponibles restent insuffisants face à la demande.

🟢À LIRE AUSSI : Ce pays exige désormais un visa de transit aux Algériens

En attendant une réforme structurelle plus inclusive, la fracture numérique continue d’exclure des milliers de personnes, souvent en situation de précarité, de leur droit fondamental à séjourner et à travailler légalement en France.