Le casse-tête du développement local, Que pourra apporter de plus le CNES ?

Le casse-tête du développement local, Que pourra apporter de plus le CNES ?
le-casse-tete-du-developpement-local-que-pourra-apporter-de-plus-le-cnes.jpg

Lors du Conseil des ministres tenu le 28 août dernier, le Président Bouteflika a invité le gouvernement et les administrations locales à ne ménager aucun concours au Conseil national économique et social.

Le CNES a été mandaté pour animer un large débat avec les représentants de la population et les élus locaux, de sorte à aboutir, avant la fin de cette année, à des assises nationales sur la gouvernance du développement local. Dans ce cadre, la première rencontre de concertation nationale autour du développement local a été entamée hier sous la direction de Mohamed-Seghir Babes, président du CNES, qui a indiqué pour sa première sortie dans la wilaya de Tindouf que ces consultations constituent «un exercice d’écoute, le premier du genre, destiné à transmettre aux pouvoirs publics avec fidélité les attentes de la population en matière d’amélioration de leurs conditions de vie».



Il faut souligner que cette démarche a été initiée par le chef de l’Etat après le constat récurrent de l’écart qui existe entre la population et l’administration. Mais le recours au CNES pour mener cette mission qui est d’être à l’écoute de la société civile et des élus locaux conduit à nous interroger sur le rôle des collectivités locales, des associations et des représentants des partis politiques. Toutes ces parties sont censées jouer un rôle de suivi des préoccupations des citoyens, notamment en matière de développement local. D’ailleurs, en matière de réglementation, c’est aux walis de remettre des rapports à l’Intérieur concernant la mise en œuvre des projets de développement. Il faut relever que tous les mouvements de protestation que connaissent certaines wilayas du pays ont pour revendications l’amélioration du vécu des citoyens, notamment en matière de logement et d’emploi. Deux revendications formulées aux présidents d’APC qui n’ont aucune prérogative sur ces deux dossiers.

Ainsi, le rapport du CNES se veut probablement «proche de la réalité» et loin d’une vision administrative. En finalité, même si les résultats du CNES sont un plus en matière d’expression, le problème posé reste celui de la mise en œuvre qui est du ressort des outils locaux de l’Etat, à l’instar de de la wilaya. D’ailleurs, les conclusions et les recommandations des assises qui suivront le travail du CNES seront intégrées dans le «programme national de réformes, et le gouvernement sera alors comptable de leur mise en œuvre», avait précisé le Président Bouteflika. Dans le nouveau projet de loi relatif à la wilaya, approuvé dimanche dernier par le Conseil des ministres et qui sera débattu dans les prochains jours par les députés, est censé renforcer les attributions de l’APW, notamment dans le domaine du développement économique, y compris les initiatives attirant les investisseurs et encourageant la création d’entreprises. Selon le communiqué du Conseil des ministres, ce texte propose une refonte substantielle de la législation en vigueur pour conforter la décentralisation et la participation de la population au développement local, à travers ses élus. A ce propos, la wilaya est qualifiée d’«espace de soutien au développement local» et a un rôle de «coordination de l’action gouvernementale au niveau local». La wilaya reste donc le représentant officiel de l’exécutif au niveau local. Il faut dire que la question du développement local reste un vrai casse-tête, car les résultats sur le terrain des différents programmes lancés ne reflètent pas les dépenses importantes engagées dans ce cadre. D’ailleurs, en janvier dernier le ministre de l’Industrie, Mohamed Benmeradi, avait annoncé lors d’une séance plénière à l’APN qu’une liste des communes nécessitant un soutien pour leur développement sera bientôt soumise au Conseil national de l’investissement. Les communes concernées sont celles situées dans des zones géographiques difficiles, telles que le Sud, les régions montagneuses ou les Hauts Plateaux, où de plus en plus de communes nécessitent un coup de pouce de l’Etat pour leur développement. En l’espace de quelques années leur nombre a augmenté, passant de 513 en 2002 à 1 200 communes en 2009.

Par Nacera Chenafi