Le capital investissement en Algérie fait face à un manque de promotion et de vulgarisation. Le métier n’est pas suffisamment connu et maîtrisé par les acteurs du marché. C’est ce qu’a indiqué, hier, le directeur de Maghreb Invest Algérie, Yazid Taalba, lors des “Matinales du Care”, organisées à l’hôtel Hilton et consacrées au rôle des institutionnels dans le financement de l’économie. Yazid Taalba juge “positif” le cadre juridique le capital investissement en Algérie.
“C’est un dispositif incitatif avec des avantages assez significatifs”, a estimé M. Taalba. Pourtant, ce mode de financement des entreprises peine à s’imposer en Algérie. La création de 48 fonds d’investissement de wilaya par les pouvoirs publics n’a pas boosté ce métier. “Les résultats sont mitigés, alors que les entreprises souffrent d’un niveau de capitalisation très réduit”, constate le directeur de Maghreb Invest Algérie.
En effet, les règles du financement classique bancaire à moyen et long terme réduisent fortement les chances des entreprises à faible capitalisation, à fort besoin en fonds de roulement, et dont la part de marché est non encore substantielle. La notion de risque réduit le champ d’éligibilité aux uniques grandes entreprises et autres filiales de groupes nationaux ou internationaux, où les garanties permettent une couverture convenable.
En l’absence d’une offre financière mieux achalandée, un grand pourcentage de PME et autres TPE est réduit à croître avec “les moyens du bord”, bien en-deçà de leurs capacités réelles. Le capital investissement a pour vocation première d’accompagner les entreprises disposant d’un potentiel de croissance en apportant les fonds propres nécessaires pour assurer et sécuriser leur développement et en mettant à la disposition des entrepreneurs sa compétence et sa valeur ajoutée.
En faisant appel à cette forme de participation, les entreprises clientes disposent donc d’un financement à long terme nécessaire à leur développement, pendant la phase d’expansion avec création d’emplois à la clé ; cela lui permet d’améliorer grandement sa structure financière par ces apports en capitaux permanents lui permettant, donc, de lever plus de fonds auprès de ses banques.
À la fin de la période d’accompagnement, le capital investissement offre à l’entreprise le choix de sortie, soit par un rachat par l’actionnaire originel ou par un autre fonds pour encore continuer la phase de développement soit, et c’est ce qui est une opportunité très intéressante pour l’entreprise, par une sortie via la Bourse et, donc, d’accéder au rang des entreprises cotées.
Même s’il juge le cadre réglementaire positif, M. Taalba relève quelques “insuffisances majeures”. Il plaide pour une séparation entre la société de gestion, qui regroupe les professionnels du métier détenteurs de la compétence et de l’expérience nécessaires pour l’exercice du métier, et le fonds de capital investissement qui est le véhicule financier regroupant les fonds investis par les bailleurs de fonds.
Il suggère, également, la création d’une association regroupant les capitaux investisseurs à l’image de celles qui existent dans d’autres pays, qui contribuerait, significativement, à la vulgarisation des principes du métier.
M. R.