Pour la prise en charge multidisciplinaire et la prévention en matière de cancer du poumon.
Fumer, tue. Plus de 500 praticiens se retrouveront bientôt à Alger pour décliner les moyens de lutte contre le cancer.
Attention! Il vit au bout de votre cigarette, il déménage pour squatter vos paumons sans prévenir et vous tue! Il s’agit bien sûr du cancer du poumon. Cette maladie gagne de plus en plus de terrain en Algérie où 3500 nouveaux cas sont recensés par les spécialistes chaque année. Il est donc temps d’agir… L’Association des médecins arabes de lutte contre le cancer (Amaac), en collaboration avec la société algérienne d’oncologie médicale (Saom), a pris les devants en organisant ce samedi 19 novembre à Alger, un workshop pour étudier cette maladie. Cette rencontre tournera principalement sur la lutte contre le tabagisme étant donné qu’il reste la principale cause de cette pathologie mortelle. C’est ce que nous a confirmé le docteur Adda Bounedjar, président du comité d’organisation, qui a indiqué que 90% de ces nouveaux cas de cancer du poumon concernent des fumeurs. Pour le Dr Bounedjar, le tabagisme constitue une épidémie en pleine expansion en Algérie. C’est pourquoi il a appelé au renforcement des moyens de lutte antitabac en impliquant toutes les parties concernées. Le Dr Sami Khattib, secrétaire général de l’Amaac, revient quant à lui, dans la note de présentation de la rencontre, sur le cancer le plus répandu dans le monde, y compris l’Algérie. «Il est d’autant plus inquiétant qu’il est souvent découvert tardivement», ajoute-t-il. Le Dr Sami Khattib regrette que dans les pays arabes, 80% des malades arrivent à un stade avancé de la maladie. «D’où l’importance d’un diagnostic précoce», assure-t-il. En effet, le cancer du poumon est une maladie malheureusement fréquemment rencontré par les spécialistes. Même si le professeur Kamel Bouzid, président de la Saom, annonce l’arrivée de nouvelles molécules, les thérapies ciblées, sa prise en charge, comme celle d’ailleurs de tous les cancers, n’est pas encore au niveau en Algérie. Néanmoins, «cela constitue un véritable espoir pour certains types de cancer, dont celui du poumon», souligne-t-il. Plus de 500 praticiens en plus d’un grand nombre d’experts algériens et étrangers se retrouveront à Alger pour la prise en charge multidisciplinaire et la prévention en matière de cancer du poumon. Mais l’importance de ce colloque international est d’autant plus grande vu qu’il tombe dans une conjoncture particulière pour le pays depuis qu’une polémique autour de la prise en charge des cancéreux est née. Il existe d’une part le cancer primitif du poumon qui est une tumeur cancéreuse au niveau des bronches ou du tissu pulmonaire (c’est pour cela qu’on l’appelle broncho-pulmonaire), d’autre part, le cancer secondaire du poumon qui est une tumeur secondaire à la greffe d’une cellule cancéreuse qui s’est détachée d’un cancer d’un autre organe, et qui a migré vers le poumon (par exemple: un cancer de la peau, un cancer de l’os). Le cancer primitif broncho-pulmonaire est un réel problème de santé publique. Dans 95% des cas, il est dû au tabac: fumeurs récents et anciens fumeurs sont concernés, mais aussi les non-fumeurs. En effet, 5 sur les 95% sont la conséquence d’un tabagisme passif. Le risque d’avoir un cancer du poumon chez un non-fumeur mais ayant un fumeur invétéré dans son entourage est réel, le risque est proportionnel à la quantité de fumée inhalée passivement, des chiffres statistiques le prouvent. Lorsque la fumée de cigarette est combinée à l’exposition de certains produits toxiques en milieu de travail tels l’amiante, les poussières radioactives, l’arsenic ou certains plastiques, les risques d’un cancer du poumon atteignent des proportions alarmantes. De plus, la pollution de l’air, composée entre autres de l’émission de dioxyde de carbone par les véhicules automobiles et des rejets industriels d’hydrocarbures aromatiques polycycliques sont des sources connues d’agents cancérigènes. Le cancer du poumon se développe parfois chez des personnes qui n’ont jamais fumé ou qui n’ont jamais travaillé avec des substances cancérigènes. Dans quelques cas, l’hérédité peut également jouer un rôle important. Le cancer pulmonaire s’installe de façon insidieuse. Son dépistage précoce, au moment où il peut être le plus facilement guéri, s’avère difficile. Au début, les symptômes sont peu apparents et dépendent de la région touchée, de la taille de la tumeur, de la gravité de l’obstruction. Parfois, aucun symptôme n’est présent. Ce n’est seulement qu’à partir d’une analyse d’expectorations (de crachats) ou d’une radiographie pulmonaire que le cancer est découvert. Parmi les manifestations, on trouve une toux qui progresse, qui s’accompagne d’expectorations de sang, et un souffle court et des douleurs à la poitrine.