Le calvaire des pèlerins algériens aux lieux saints de l’islam

Le calvaire des pèlerins algériens aux lieux saints de l’islam

La campagne du hadj 1431 est qualifiée de catastrophique en matière d’organisation et de prise en charge des pèlerins algériens. Ces derniers étaient livrés à eux-mêmes en l’absence d’un personnel qualifié pour accueillir les 36 000 hadjis venus des quatre coins du pays.

Selon des informations des faits vécus et des témoignages recueillis auprès de certains hadjis, la campagne du hadj 1431 est qualifiée de catastrophique en matière d’organisation et de prise en charge des pèlerins algériens.



Ces derniers étaient livrés à eux-mêmes en l’absence d’un personnel d’accueil qualifié pour accueillir les 36 000 hadjis venus des quatre coins du pays.Tous les discours prononcés, avant le départ des hadjs, par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Boualem Ghlamallah, et le directeur général de l’office du Hadj et de la Omra, Cheikh Barbara, ne reflètent point la réalité vécue par nos pèlerins aussi bien à Médine, La Mecque, Arafat, Mouzdalifa, Mina et autres lieux saints.

Ainsi, entre le discours de ces hauts responsables et la réalité vécue en Arabie saoudite, il y existe un grand fossé. Pour preuve, des pèlerins algériens ont séjourné aux lieux saints dans des conditions lamentables, voire déplorables.

Des chambres d’hôtel de 16 m2 dans lesquelles sont entassées 6 personnes et des chambres de 2 personnes où sont entreposées quatre lits.

Certains pèlerins sont étonnés par ces chambres exigües. Ils affirment que le ministre des Affaires religieuses et des Wafks, Boualem Ghlamallah, a déclaré que «tous les hadjis seront bien pris en charge en matière d’hébergement», ajoutant «pas plus de quatre personnes dans une chambre et l’hôtel le plus éloigné se situe à moins de 500 m du haram». Si cette opportunité liée à l’éloignement s’est avérée réelle, à Medine à La Mecque c’est tout autre. Des hôtels situés sur les hauteurs de la ville, pour ne citer que celui appartenant au groupe Al-Deafah Hotels Groupe à la Mecque, qui est à plus de 500 m du haram et le pénible trajet à parcourir pour y arriver.

Des familles domiciliées dans le hall de l’hôtel

Le calvaire des 12 familles de hadjis de Tissemsilt qui ont passé durant deux jours la nuit dans le hall de l’hôtel Al-Deafah Hotels Groupe à la Mecque, reste gravé dans leur mémoire. Ils sont venus pour un mois de prière et de piété, et auraient refusé l’attribution de chambres exigües.

Devant le manque de considération des officiels de l’office du Hadj et la Omra qui se sont illustrés par leur absence, un pèlerin, d’un âge très avancé, accompagné de sa vielle femme, a sollicité son rapatriement vers le pays.

Le transport des pèlerins dans des cars vétustes

A cette défaillance organisationnelle s’ajoute le transport et le transfert aller-retour des pèlerins de la ville sainte du prophète Médine à La Mecque. On citera l’exemple des pèlerins du vol 8062 d’Alger qui ont été dans l’obligation d’attendre plus de quatre heures sur les trottoirs bagages en main, femmes et vieux dans la rue, pour enfin voir arriver un bus.

Des autobus loués par l’Office du Hadj et de la Omra de 43 places à des faibles prix et qui ne disposent d’aucun confort adéquat pour parcourir les 450 km séparant les deux villes saintes. Des bus vétustes par rapport à ceux des délégations égyptienne et soudanaise, pour ne citer que celles-là. Certains pèlerins, dont ceux de la wilaya de Ouargla, ont même refusé de monter à bord de ces moyens de transport.

«Dans notre pays ces autocars ne sont plus autorisés à circuler», dira un hadj. Avisés de cet état de fait et pour éviter toute confusion, les responsables égyptiens de la compagnie de transport «Hafil» ont carrément changé de bus, et ce, pour ne pas attirer l’attention des autorités séoudiennes chargées de l’organisation du Hadj, comme a tenu à l’affirmer un responsable de la compagnie de transport. «Nous avons affecté ces véhicules de transport en fonction de votre argent», a-t-il affirmé.

Des personnes âgées et des malades mentaux autorisés par la commission

La commission du hadj chargée de la visite médicale, bien qu’assermentée, a failli à sa mission, comment-on parmi les hadjis et les observateurs. Pour preuve, de vieilles personnes malades sans accompagnateurs qui arrivent tout juste à se tenir debout ont été autorisées à effectuer ce voyage. Tous les actes obligatoires du pèlerinage sont effectués à bord de chaises roulantes. Même des malades mentaux ont fait le déplacement en Arabie saoudite. Pour ne citer que celui logé l’hôtel El Andalous Diar Ediaf à Medine, comme peuvent bien le confirmer les agents de la Protection civile et le responsable de l’Office du Hadj séjournant au niveau de cette infrastructure. Fort heureusement, celui-ci a été pris en charge par ces derniers.Toujours dans le cadre de l’hébergement et à Mina la défaillance des responsables de l’Office du Hadj et de la Omra est beaucoup plus importante.

Des tentes affectées pour abriter les femmes pendant deux jours, se sont avérées exiguës pour accueillir le nombre enregistré mais des centaines de femmes y ont été entassées. Parmi ces dernières, certaines sont restées dans la rue, à proximité de la zone réservée à l’Algérie. Des faits réellement vécus sans qu’aucun responsable de l’Office du Hadj ne soit inquiet pour venir en aide à ces hadjis. Pour cette campagne de Hadj 1431, à Mina comme à Médine, à Djeddah et à l’arrivée à l’aéroport Houari-Boumediene, la palme revient aux agents de la Protection civile. Aux lieux saints, ils sont reconnus par leur gilet de couleur jaune et drapeau algérien en main. Ils veillent à tous les déplacements des pèlerins et orientent ceux égarés vers les lieux de séjour notamment à Mina.

Défaillance de l’Office national du Hadj et de la Omra

Cheikh Barbara est tenu de revoir ses cartes et d’intégrer un personnel plus qualifié, efficace, pour prendre en charge les pèlerins qui attendent de ces responsables une aide et une orientation, notamment à Arafat et Mina.

Par A.Kichni