Après un Aïd en famille et tout le bonheur que cela procure à beaucoup d’Algérois qui préfèrent quitter la capitale pour se ressourcer dans l’ambiance familiale à l’intérieur du pays, au retour c’est le calvaire.
Les embouteillages que provoquent les cinq barrages de la gendarmerie dressés tout au long de la RN5, de Si Mustapha jusqu’aux Bananiers, importunent, dérangent, stressent et rendent malades tous ceux qui empruntent cette voie.
Il était 1h30, avant-hier, la file de voitures, de camions et de bus de transport de voyageurs s’allongeait déjà sur plus d’un kilomètre. Le fameux barrage de Réghaïa, qui filtre au compte-gouttes la circulation et les véhicules qui viennent de la Kabylie et de tout l’est du pays, angoisse les Algériens. C’est une longue épreuve de souffrance.
Cela les dégoûte. «Vous savez j’ai démarré ce matin, à 6h, de Aïn M’lila et comme vous le voyez, je ne suis pas encore à Alger, je n’ai pas encore franchi le barrage de Réghaïa», tempête un chauffeur de bus, somnolant presque sur le volant de son véhicule. Pour lui c’est devenu un calvaire que de venir à Alger. Au fur et à mesure que nous avançons en plein embouteillage, nous recueillons les avis des conducteurs qui s’ennuyaient à mourir.
Visiblement très fatigué du voyage, un transporteur de Chelghoum Laïd ne cache pas sa colère. A peine nous l’abordons qu’il réagit en priant Dieu et levant les bras vers le ciel. «Nous souffrons», lance-t-il. Selon lui, de Chelghoum Laïd à Lakhdaria, il a mis 3 heures, et de Lakhdaria à Réghaïa, il en a mis autant. Certains voyageurs ne comprennent pas l’utilité d’un tel dispositif. Cela fait énormément de tort aux citoyens. Que dire alors de ceux qui empruntent cette route matin et soir ?
Quand Alger est coupée de l’Est
Il est vrai que les autorités ont bien réagi en installant des patrouilles de gendarmerie tout le long de la route pour éviter que les voyageurs ne soient agressés par des groupes de délinquants pour les délester de leurs biens. Les barrages de sécurité installés sur la RN5 ont amené les citoyens à ne se déplacer qu’en cas d’extrême nécessité et d’urgence.
Mais ce n’est pas tout le monde qui peut éviter l’enfer de Réghaïa et de Boudouaou. Un transporteur de Tizi Ouzou en sait quelque chose : «Les barrages ne nous angoissent pas seulement, ils ont aussi diminué de moitié nos revenus.
Avant, on faisait jusqu’à 3 ou 4 voyages par jour, aujourd’hui on n’en fait qu’un seul. Et encore, ce n’est pas évident. C’est la misère !» En réalité, c’est toute l’activité des transports qui est au ralenti, entre l’est du pays et la capitale, notamment entre la Kabylie et Alger.
Le trajet que l’on faisait avant en une heure et quart maximum, on le fait en 4 heures depuis l’installation de ces étouffoirs, comme les qualifie un citoyen. Et il n’est pas difficile d’imaginer tous les désagréments que les interminables embouteillages engendrent.
Ceux qui ont affaire à Alger doivent se réveiller à 4h du matin pour pouvoir y arriver tôt. Et il n’y a pratiquement pas d’alternative pour emprunter un autre chemin. Vendredi dernier, en fin d’après-midi, la route vers Alger était paralysée par un énorme embouteillage.
D’abord au niveau de Si Mustapha, puis à Boudouaou. La file de voitures, avançant à un rythme très lent, s’allongeait sur 3 km. Les citoyens qui voulaient contourner le barrage dressé au niveau du nouvel échangeur en construction, en passant pas Corso-Aïn Taya, ont été pris au piège.
Ils y passeront une demi-heure avant d’arriver à l’entrée de Berrahmoun, où les forces combinées de l’ANP et des GLD filtrent minutieusement le passage vers Heuraoua. Les automobilistes qui croyaient prendre un raccourci ont dû faire un énorme détour. Plus loin, c’est le barrage de Réghaïa.
On a l’impression que tout le monde est sur la route. Les automobilistes ont pensé que le retour sur Alger le premier jour du week-end allait leur éviter les bouchons du deuxième jour ou ceux du lendemain, dimanche matin. C’était sans compter sur le fait que tout le monde a eu la même idée. Et tous les usagers se sont retrouvés bloqués dans un immense embouteillage.
Il n’y a même pas une voie de secours en cas d’urgence. Cinq colonnes de voitures sur la même voie !!! «L’on comprend évidemment le fait que les gens sont pressés de passer les barrages, mais leur comportement en rajoute aux désagréments des usagers, c’est de l’incivisme», peste un conducteur.
Seulement, il y a ceux qui se montrent compréhensifs, comme ces passagers, tous jeunes, d’une petite berline qui pensent que «les barrages en question assurent la sécurité des gens et évitent aussi que tout ce beau monde converge au même moment vers Alger. Ce qui serait une catastrophe».
Said Rabia