Si le vêtement traditionnel a longtemps caché le corps et toutes les rondeurs féminines, il a su évoluer agréablement et bousculer les préjugés. Il est bien révolu le temps où le caftan se devait d’être ample, de masquer le corps.
Ce costume quasiment immuable pendant une éternité s’est assoupli, allégé, modernisé. Des stylistes ont osé franchir le pas.
Ce vêtement est façonné au gré de l’humeur, du talent et du don des créateurs. Il cherche à valoriser la féminité. Les décolletés, les superpositions, les transparences ou encore les matières fluides ont commencé doucement à faire partie intégrante d’un vêtement sublime et qui fait toujours partie du quotidien des Marocaines.
Le caftan s’entrouvre, laisse visible les jambes. Le dos se découvre. Synonyme de liberté et confortable, il permet à la femme de se déplacer avec aisance. «Traditionnellement, explique Tamy Tazi, grande styliste dans Civilisation marocaine, ce vêtement, par son ampleur, est un signe d’oisiveté. La nature même des tissus (broché, drap épais, velours…) et la superposition des pièces accroissent le volume. On revêtait aussi des ceintures aussi larges et rigides que des corsets, des hamz de lampas enrichis de fils d’or.
La femme est ainsi porté plus qu’elle ne porte : son corps se perd dans cette masse qui, à la fois distingue et indifférencie l’individu. Elle se protége, semble-t-il du froid ou des regards…
De fait, on désire une silhouette épaisse et qui en impose, des poses hiératiques, des mouvements étudiés…Ce «T» bien commode en somme est avant tout, un écrin qui masque les formes corporelles : il participe de toute la symbolique qui est caché de l’apparent, qui traverse l’Islam, depuis son érotique et sa mystique jusqu’à l’aménagement de l’espace du dedans. Qu’on veuille émailloter cet objet de désir et ce principe de singularité, ou qu’on l’adore en l’entourant de toutes sortes de grâces et de plaisirs : parfums, couleurs, douceurs. Il ne s’agit jamais en exhibant le corps de le banaliser ou de l’ignorer».
Aussi, grâce à l’ingéniosité de quelques créatrices, ce vêtement s’est simplifié. Il devient moins ample au risque de le confondre, quelquefois avec une robe. Les tissus, mousseline, satin duchesse, soie, taffetas, organza épousent le corps et lui donnent de la grâce. Le fameux «T», jugé indépassable il y a quelques années, est de plus en plus trahi. Les corps se sont affinés, allongés, mis en mouvement, les silhouettes se sont élancées. Sensualité, grâce, féminité et somptuosité semblent de venir les maîtres mots qui guident les créateurs dans leur démarche d’innover.
met en valeur les formes féminines. La broderie est un élément incontournable qui permet de donner belle allure à la tenue. Elle devient fine, richement travaillée, s’inspirant de toute la tradition marocaine (tapis, étoffes anciennes etc…). L’objectif étant de créer un vêtement moderne, élégant, simple à porter et richement travaillé dans ses moindres détails.
«Malheureusement, la richesse du caftan marocain risquerait de disparaître sans une organisation appropriée du secteur. Il faudrait penser à organiser des défilés pour chaque styliste et penser à donner l’occasion pour chaque styliste de présenter une vraie collection. On devrait avoir une semaine de la mode, comme cela se fait à Paris, par exemple. Nous avons beaucoup de choses à montrer», explique Zhor Raïs. L’événement Caftan demeure, aujourd’hui, la seule manifestation qui permet aux créateurs de s’exprimer.
Ainsi, comme les années précédentes, ce rendez-vous concocté par l’équipe de Femmes du Maroc est fortement attendu puisqu’il permet de connaître les dernières tendances et surtout de contribuer à préservation de la richesse du caftan marocain, élément majeur du patrimoine national. A Marrakech donc, ce sont dix stylistes marocains haute couture, cinq nouveaux talents ainsi que trois stylistes arabes (Jordanie, Arabie Saoudite et Egypte) qui présentent ce soir leurs dernières créations.
Entres étoffes précieuses, broderies délicates et originalité des coupes flirtant parfois avec la provocation, les modèles proposés puisent leur essence dans l’imaginaire pour mieux sublimer la femme.