Le Buteur et El Heddaf fêtent l’Aïd chez Hafid Derradji et partagent avec lui un plat de  »bouzelouf” : «Je me soumets au rituel de Sidna Ibrahim depuis 1991»

Le Buteur et El Heddaf fêtent l’Aïd chez  Hafid Derradji et  partagent avec lui un plat de  »bouzelouf” : «Je me soumets au rituel de Sidna Ibrahim depuis  1991»

Entre un match du Calcio et un autre de la Liga, notre confrère et ami Hafid Derradji a pris momentanément congé du foot et de la presse, le temps de fêter Aïd El Adha. Habitué au rituel sacrificiel de Sidna Ibrahim el Khalil depuis sa tendre enfance harrachie, le commentateur vedette d’Al Jazeera Sport a vécu l’instant à son domicile familial de Doha, au milieu de sa famille et de quelques confrères. Le Buteur et El Heddaf étaient présents. Confessions sur un Hafid côté jardin et hors studio.

Une fois n’est pas coutume, le football est relégué momentanément dans ton agenda au rang de préoccupation secondaire. Te voici détaché de tes fiches et autres dossiers pour tenir en main les outils du boucher.

Là, tu vas un peu vite en besogne ! Si l’outillage est effectivement celui du boucher, l’instant est loin de se conjuguer au métier de la boucherie. Attaché au vécu et à la tradition familiale, je sacrifie au rituel de Sidna Ibrahim. Bien qu’étant à quelque sept heures d’avion d’Alger et des miens, je reste attaché au rituel sacrificiel de Aïd El Adha. J’en profite, du reste, pour présenter – via les colonnes du Buteur et El Heddaf – mes vœux à vos lecteurs, à mes confrères dans toutes les rédactions, aux acteurs du sport et, au-delà, à tous les Algériens. Je souhaite à tout le monde santé, bonheur familial et une vie jalonnée de réussite.

Revenons au rituel sacrificiel de l’Aïd. Depuis quand le journaliste vedette que tu es souscrit-il personnellement à la tradition ?

Ce n’est pas le journaliste vedette comme tu dis qui sacrifie au rituel. C’est Hafid, le troisième rejeton d’une famille nombreuse native d’El Harrach, qui y a grandi et vécu sur fond de rituels et d’imaginaires multiples, dont ceux des fêtes religieuses. C’est dans ce milieu populaire et footballistique à l’envi que j’ai été préparé à sacrifier, le moment venu, au rituel de l’Aïd El Adha.

Alors, le premier mouton sacrifié par  »oulid El Harrach », c’était quand ?

Et si, en guise de concours, je te renvoyais la question ? Une question non pas à 2 000 rials mais à une portion supplémentaire de  »kebda ».

Je dirais que tu as dû commencer à sacrifier au rituel voilà deux ou trois ans. Je parie que tu as commencé à le faire depuis ton arrivée à Al Jazeera Sport en 2008.

Perdu ! La portion supplémentaire de  »kebda », ce sera pour la prochaine fois. Le premier mouton que j’ai personnellement sacrifié, c’était en 1991, deux petites années après mon entrée à la télévision algérienne dans les habits de journaliste en herbe.

Comment, contre toute attente, le journaliste en herbe a-t-il obtenu la  »licence » non informelle le qualifiant à sacrifier au rituel de l’Aïd ?

L’Aïd de 1990, mon père, Allah yarahmou, m’y avait préparé. Aux membres de la fratrie Derradji qui l’entouraient au moment du rituel sacrificiel, il leur a lancé sur un ton mi-plaisantin mi-coléreux :  »Jusqu’à quand allez-vous compter sur moi ? Personne parmi vous n’est en mesure de sacrifier au rituel ? ». Je me suis porté volontaire non pas pour sacrifier, mais pour faire un premier pas dans cette direction.

Tu seras opérationnel un Aïd plus tard…

A l’Aïd 1991, mon père n’était plus parmi nous. Sa voix de papa très présent et constamment soucieux de ses enfants avait cessé de résonner dans le domicile familial en juin 1991. Le jour de l’Aïd, 9 heures passées, le mouton de la famille Derradji était toujours là en train de bêler. D’habitude, mon père à cette heure-ci était dans d’autres foyers, assistant les chefs de famille après avoir sacrifié notre mouton. Inutile de vous dire décrire la tristesse qui règne au premier jour de l’Aïd 1991 dans notre domicile. D’un Aïd à l’autre, notre foyer s’est tristement rétréci. Le plus cher d’entre-nous, le papa qui, en compagnie de ma mère, nous a élevés et éduqués en travaillant dur dans l’usine du coin, n’était plus de ce monde. C’était un moment pénible pour nous tous, la maman, les sœurs, les frères et les proches. Il fallait quelqu’un pour le remplacer au pied levé et sacrifier au rituel. Je me suis porté volontaire. Ses encouragements et ses conseils pratiques de l’Aïd d’avant m’ont servi. Depuis, célibataire puis marié (en 2000, Ndlr), je m’en charge personnellement.

Revenons à Hafid le journaliste. C’est jour de repos aujourd’hui (dimanche premier jour de l’Aïd).

Pas tout à fait. L’agenda professionnel n’obéit pas au calendrier des fêtes. Pas plus tard qu’hier soir (samedi), j’ai commenté la victoire de l’AS Roma aux dépens de Novare (2-0). Tout à l’heure (au soir du premier jour de l’Aïd), je ferais partager aux téléspectateurs les moments de l’empoignade entre l’Athletic Bilbao et le Barça (2-2).

Pas facile de commenter par un jour de fête. Surtout quand on entre en cabine de commentaire après avoir avalé un plat de  »bouzelouf » et un autre de  »douara »…

Détrompe-toi ! Match ou pas, je ne me passerai pour rien au monde de mes plats préférés (de l’Aïd).  »Classiques » s’il en est de la cuisine algérienne, ils agissent avec un effet dopant. Ils me rappellent les moments de fête et la convivialité familiale, un état d’esprit propice au bon commentaire ! Saha Aidkoum. Koul aam oua antoum bi khayr.