Après avoir terminé notre interview avec Mehdi Mostefa, nous lui avons révélé notre souhait de rencontrer ses parents et voir la maison où il a grandi. Ce qu’il a accepté avec plaisir, et n’a pas tardé à prendre attache avec son père pour organiser cette visite. Donc, ammi Mustapha nous a fixé un rendez-vous chez lui. Néanmoins, une perturbation dans les trains a retardé notre arrivée à la gare de Marseille, où le père de Mehdi nous attendait pour nous accompagner à son domicile dans la banlieue de la ville phocéenne. Bien qu’on soit arrivés tard dans la soirée (22h), nous avons trouvé Mme Valérie Mostefa à notre attente et qui nous a accueillis avec un large sourire. Une fois à l’intérieur, on avait l’impression de se trouver dans une maison 100 % algérienne.
Des plats algériens servis dans des ustensiles du terroir
Après avoir échangé quelques mots, les Mostefa nous invitent à prendre le dîner bien qu’il soit tard. Grande fut notre surprise une fois autour de la table. Valérie Mostefa avait préparé des plats 100 % algériens et servis dans des ustensiles du terroir (poterie). Même la harissa était présente sur la table.
La photo avec le drapeau algérien les a beaucoup émus
A la fin, on a demandé aux Mostefa de nous permettre de les prendre en photo, et là l’épouse d’ammi Mustapha s’est montrée réticente. Mais dès qu’elle a su que nous voulions prendre une photo avec le drapeau algérien, elle a changé d’avis et n’a pu cacher son émotion. Ammi Mustapha avait les yeux pleins de larmes de joie et d’émotion en tenant le drapeau algérien.
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Mustapha Mostefa Sbaâ «Fier de mon fils, mais il doit garder les pieds sur terre»
Ammi Mustapha, merci de nous accueillir chez vous…
Vous n’avez pas à me remercier, c’est avec plaisir qu’on vous accueille, on ne peut refuser tout ce qui nous vient du bled.
Toute l’Algérie parle de votre fils Mehdi ; que ressentez-vous ?
Un sentiment exceptionnel. Le fait qu’il porte les couleurs nationales me donne des frissons. Je suis très content pour lui de pouvoir réaliser son rêve et le mien, à savoir jouer en Equipe nationale. Il doit être maintenant à la hauteur de la confiance placée en lui par le sélectionneur et le public algérien.
Comment avez-vous suivi le match ?
Sur les nerfs bien évidemment, comme tous les matchs de l’Equipe nationale. Même si je ne suis pas un féru de football, je suis avec attention les rencontres des Verts. Mais le dernier match était spécial, vous ne pouvez imaginer les sentiments que j’avais lorsque mon fils était debout au moment de l’entonnement de l’hymne national. C’est un peu spécial, quoi.
Que pensez-vous du rendement de Mehdi ?
Il était exceptionnel, il était comme un guerrier sur le terrain. C’est comme ça qu’il doit agir à chaque fois qu’il joue pour le pays. Il doit savoir comment se comporter et donner ce que le public attend de lui.
Avez-vous déjà évoqué avec lui l’idée de jouer pour l’Algérie ?
Evidemment. C’est un choix logique. Même si je suis né en France, je suis Algérien de père et mère. Mes parents sont venus ici pendant la guerre de Libération. J’ai donc grandi dans une famille qui aime son pays, et ce que j’ai moi-même transmis à mes enfants. On parlait tout le temps de l’Algérie, et il rêvait de jouer un jour pour l’Algérie. Mon fils aime beaucoup l’Algérie, même s’il ne s’y est pas rendu plusieurs fois. Mais je ne l’ai pas influencé dans son choix. Je lui ai dit que je souhaite le voir jouer avec les Verts, mais c’est lui qui prend tout seul ses décisions.
Vous a-t-il contacté à la fin du match ?
Oui, juste après le match. On était tous assis ensemble à la maison, et j’ai reçu un appel d’un numéro de téléphone d’Espagne (portable de Mehdi Lacen), et je me suis demandé qui pouvait m’appeler à ce moment. En répondant, j’ai reconnu la voix de mon fils qui m’avait dit : «On a gagné ! As-tu regardé le match ?» Ce sont des moments inoubliables et indescriptibles.
Pensez-vous qu’il sera une pièce importante en Equipe nationale ?
Je l’espère. Mon fils est un guerrier et ne capitule jamais. Mais il ne doit pas se prendre la tête. Il faut qu’il garde les pieds sur terre. Son avenir dépend de son mental et de son caractère. Je lui ai dit qu’il devait se concentrer sur le travail et qu’il ne pense pas qu’il est déjà arrivé. Il a les qualités pour réaliser ses objectifs, à condition de garder les pieds sur terre.
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Valérie Mostefa «Mon fils est un guerrier et il a fait le choix du cœur»
Madame Mostefa, tout le monde a hâte de voir votre photo et voir à quel point Mehdi vous ressemble…
Il est vrai que Mehdi me ressemble, mais au niveau des yeux, c’est tout. Il a les traits de son père, comme vous voyez. Il a pris de son père et moi, ce qui est beau.
Mehdi nous a raconté que vous êtes une mère exceptionnelle qui s’est adaptée au mode de vie des familles algériennes, en apprenant même à préparer le couscous…
Tout à fait, je prépare le couscous et plein d’autres plats algériens. Je l’ai appris de ma belle-mère qui vivait avec nous. Le début était difficile, et ce n’était pas évident d’être acceptée par la famille de Mustapha alors que je suis française. Mais je me suis vite adapté, surtout après avoir eu des enfants.
Que pouvez-vous nous dire sur Mehdi ?
C’est un gars exceptionnel, très calme. On n’entend que rarement sa voix à la maison, mais c’est un gagneur. C’est un faiseur, non pas un parleur. Il a beaucoup souffert avant d’atteindre son objectif. Il est conscient donc du niveau qu’il a atteint et saura comment se comporter. Il est populaire et modeste, mais agressif lorsqu’il joue au ballon. Personnellement, je ne le reconnais pas lorsqu’il est sur un terrain, il change complètement, c’est un véritable guerrier.
Avez-vous suivi son match contre le Maroc ?
Absolument, je le suis depuis qu’il est petit, je ne peux donc rater un match pareil, je l’ai suivi sur les nerfs. (Son mari intervient : «Elle n’a pas pu suivre les dix dernières minutes tranquillement, elle tournait dans la salle.») Oui, c’est vrai, c’était involontaire. C’est un match décisif pour l’Algérie et pour mon fils.
Quel était votre sentiment en voyant votre fils jouer un match aussi important, et avez-vous craint pour lui lorsqu’il s’est blessé ?
Un sentiment de bonheur, je sentais que Mehdi frappait à la porte de la réussite. Sur l’action de sa blessure, mon cœur a cessé de battre pendant un moment. Mais dès que j’ai su qu’il s’était blessé au nez, je me suis rassuré. Il est habitué à ce genre de blessure, c’est un guerrier, comme je vous l’ai dit.
Et qu’en est-il à la fin du match ?
Je ne croyais pas mes yeux, l’ambiance était folle et exceptionnelle à la maison. Tout le monde était content, surtout après avoir reçu l’appel de Mehdi qui était au sommet du bonheur. C’est le plus important pour moi.
Concernant son choix de jouer pour l’Algérie, ne vous êtes-vous pas opposée ?
Pourquoi, le ferai-je ? Mehdi est algérien autant que français, et il a le droit de jouer où il veut. Et s’il se sent plus algérien, c’est tout à fait naturel, tout ce que je lui ai dit, c’est de suivre son cœur. Et il a fait le choix du cœur, puisqu’il aime l’Algérie.
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L’autre visage de Mehdi Mostefa
Bien qu’il soit né et ait grandi en Europe, Mehdi Mostefa, dont la mère est de nationalité française, reste attaché à son pays d’origine et au mode de vie des familles algériennes. Une vérité que nous avons constatée de visu lors de notre visite au domicile des Mostefa dans la banlieue de Marseille. C’est là que nous avons découvert l’autre visage du néo-international algérien, que nous ferons découvrir à nos chers lecteurs. Mehdi Mostefa a commencé sa carrière de footballeur par pur hasard à l’âge de 11 ans, lorsqu’il accompagnait son ami John qui jouait avec l’équipe de Fontaine Dijon. C’est l’entraîneur Robert qui l’avait découvert.
Il a joué dans sept clubs et passé une année sabbatique
Avant d’arriver à Nîmes, Mehdi Mostefa a joué dans sept clubs. Il a commencé à Dijon, à Fontaine Dijon, avant de passer à l’équipe première de cette ville après une année. Il a rallié par la suite le centre de formation de Monaco, avant de jouer dans quatre clubs avant d’arriver à Nîmes où il évolue actuellement. Mais le plus étonnant dans la carrière du joueur, c’est qu’il a passé une saison sabbatique. Mais cela ne l’a pas empêché de revenir en force.
Il a failli jouer en Allemagne et l’Italie
Même s’il n’a évolué que dans de clubs modestes dans l’Hexagone, Mehdi Mostefa était un joueur solide et a attiré l’attention des recruteurs. Il a failli jouer en Allemagne après avoir passé des tests avec l’Union de Berlin avant d’aller tenter sa chance à Hanovre. Mais une blessure l’a empêché de signer dans ce club. D’un autre côté, Mehid avait une opportunité de jouer dans un club de deuxième division italienne avec lequel il a tout réglé. Le président du club en question avec qui il était en contact a décédé de son retour d’un voyage à l’étranger, ce qui a privé Mostefa de signer dans le championnat italien.
Il était attaquant avant d’être reconverti en milieu du terrain
Parmi les choses auxquelles on ne s’attendait pas et qu’on a découvertes sur Mehdi Mostefa, c’est que ce dernier n’était ni milieu de terrain ni défenseur lorsqu’il a débuté sa carrière, mais attaquant de pointe. Un excellent attaquant même, puisqu’il était buteur de son équipe à Dijon dans les petites catégories. Il a même battu le record dans la catégorie -11 lorsqu’il a marqué 197 buts dans tous les matchs qu’il a disputés. Selon sa mère, les enfants de son âge le craignaient et contestaient sa participation puisqu’ils savaient qu’il allait les battre. C’est au centre de formation de Monaco qui s’est reconverti en milieu du terrain.
Le couscous, son plat préféré
Lors de notre discussion avec Mehdi, il nous a affirmé qu’il est un grand amateur des plats algériens, le couscous que prépare sa mère en particulier. Même si elle est Française, madame Mostefa ne rate pas la moindre occasion pour préparer ce plat à son fils. Mehdi nous a fait savoir que la dernière fois qu’il a mangé le couscous de sa mère remonte à deux jours seulement avant son voyage en Algérie. Il avait rendu visite ce jour-là à ses parents où il a dégusté un bon plat de couscous qui lui a porté chance puisqu’il a réalisé un match énorme contre le Maroc.
Ses parents n’ont pas cru que leur fils nous a accordé un entretien d’une heure et demie
Lors de notre discussion avec les parents de Mehdi, ce dernier a appelé son père pour s’assurer de notre arrivée au domicile familial. Ammi Mustapha nous a assuré que son fils était très content de parler à un journaliste algérien qui s’est déplacé spécialement pour lui. Lorsqu’on leur a appris que leur fils nous a accordé un entretien d’une heure et demie, les parents de Mehdi n’en revenaient pas. Il a fallu qu’on leur montre l’enregistrement pour qu’ils le croient vraiment car leur fils est peu bavard. C’est une exception que Mehdi nous a accordée en nous ouvrir son cœur et de tout déballer aux lecteurs du Buteur.
«Même si je dois revenir avec l’oreille d’un joueur, je le ferai»
Avant d’affronter le Maroc, Mehdi Mostefa a été gonflé à bloc et ne voulait pas rater cette occasion pour réaliser un grand match et montrer ses capacités. L’un de ses amis nous a assurés que cette rencontre contre le Maroc était l’opportunité idéale pour montrer tout son attachement à son pays, et qu’il fera n’importe quoi pour gagner le match. «Même si je dois revenir avec l’oreille d’un joueur je le ferai. Lessentiel est qu’on gagne», lui a-t-il dit.
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Ce que pensent ses amis de lui
Keita : «Mostefa est un véritable capitaine, on est honorés par sa sélection»
L’international malien de Nîmes, Alphoussey Keita, a révélé qu’il était très heureux pour Mehdi qui est devenu joueur international. «Mehdi est un joueur extraordinaire, il est solide. C’est important d’avoir un élément comme lui à nos côtés. C’est un véritable capitaine qui nous mène vers l’avant. J’étais très heureux lorsqu’il a été appelé en sélection. C’est extraordinaire, on est honorés qu’il puisse jouer pour l’équipe de son pays d’origine. Je suis Africain comme lui et je comprends ce qu’il doit ressentir. Je suis persuadé qu’il aura un grand avenir avec les Verts», nous dira-t-il.
«Je salue Yebda qui est un joueur extraordinaire»
Keita n’a pas omis d’évoquer Hassen Yebda avec qui il a joué à Le Mans : «Yenda est un joueur extraordinaire, j’étais sûr qu’il irait loin dans sa carrière. On a joué ensemble à Le Mans, où il avait un rôle important dans l’équipe. Je le salue à travers Le Buteur et je lui souhaite plus de réussite.»
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Butelle : «Mostefa joue un rôle important dans le vestiaire»
De son côté, le gardien de Nîmes, Ludovic Butelle, s’est dit content pour son coéquipier Mehdi d’avoir été convoqué en sélection vu les qualités qu’il possède et qui peut exploser avec les Verts : «Mehdi est un excellent joueur, très fort dans les duels, polyvalent, il ne sera que bénéfique pour l’Algérie. Ici, à Nîmes, c’est un meneur d’hommes et un gagneur. Il ne se résigne jamais, son rôle est capital sur le terrain, sa présence nous donne plus de confiance et il joue un rôle important dans le vestiaire en motivant les joueurs.»
«Bouzid est un ami, je l’ai félicité par un sms»
Le portier nîmois a parlé ensuite d’un autre ami algérien, Smaïl Bouzid, avec lequel il a déjà joué dans le passé. Il nous a révélé qu’il est en contact permanent avec le défenseur algérien, à qui il a même envoyé un texto pour le féliciter après la victoire de l’Algérie contre le Maroc : «Smaïl Bouzid est une personne extraordinaire, j’ai joué avec lui et on entretient une relation spéciale. Je suis toujours en contact avec lui, j’étais content pour sa convocation en Equipe nationale. Je lui ai envoyé un sms pour le féliciter. Maintenant, j’ai beaucoup d’amis en sélection algérienne et je suivrai ses matchs avec plus d’attention.»
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Davidas : «Mehdi est un guerrier, il est plus qu’un ami pour moi»
La star du club nîmois, Olivier Davidas, est un fan de l’équipe d’Algérie grâce à son amitié avec beaucoup d’Algériens. Il affirme qu’il a suivi avec beaucoup d’intérêt le match du Maroc en compagnie de son coéquipier Zarabi : «Mehdi est plus qu’un ami pour moi, il est comme un membre de la famille. Il m’a beaucoup aidé au début de la saison, je lui voue un grand respect. Pour parler de ses qualités sur le terrain, je peux les résumer en un seul mot, c’est un guerrier.»
«Il était l’homme du match, et Zarabi doit revenir en sélection»
En évoquant le match Algérie-Maroc, Davidas nous dira qu’il était satisfait du rendement de Mehdi qu’il considère comme l’homme du match. Il n’a pas oublié de dire au passage que Zarabi mérite d’être en sélection lui aussi : «J’ai vu le match avec Abdel, et je crois que Mehdi était incontestablement l’homme du match. Il a tout fait, il était comme un guerrier. C’est un excellent joueur, et vous allez voir plus dans l’avenir. D’un autre côté, je veux dire une chose importante : Abderraouf Zarabi est un joueur exceptionnel et il mérite sa place en équipe d’Algérie. Il doit être reconvoqué.»
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Mehdi Mostefa à son ami : «Je ferai tout pour prouver mon algérianité»
Lors d’une discussion avec l’un de ses amis, qui est aussi un émigré algérien, Mehdi Mostefa lâchera : «Je comprends que les Algériens doutent du patriotisme des émigrés, ce qui est légitime. De mon côté, je l’accepte. Mais je suis prêt à tout faire pour prouver que je suis Algérien comme eux, que j’aime le pays énormément et que je suis prêt à me sacrifier pour la patrie. Je sais que cela se réalisera en jouant avec cœur et abnégation les matchs des Verts.»