Le Burundi renoue avec la violence, la crise s’aggrave malgré le report des élections

Le Burundi renoue avec la violence, la crise s’aggrave malgré le report des élections
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BUJUMBURA – La crise politique qui secoue le Burundi s’aggravait lundi après la découverte d’une cache d’arme et la poursuite des violences dans le nord du pays, malgré le report de la présidentielle, alors que le nouveau médiateur est attendu demain à Bujumbura pour tenter de trouver une issue à cette situation La crise a éclaté depuis l’officialisation fin avril dernier de la candidature du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat et le déclenchement d’un mouvement de contestation populaire et engendrer une tentative avortée de coup d’Etat mi-mai.

Plus de 70 personnes sont mortes dans des violences liées à cette crise qui a aussi poussé près de 150.000 Burundais à fuir vers les pays voisins. Regain de violence… des arrestations et des armes saisies Une centaine de présumés rebelles ont été arrêtés et une trentaine de fusils d’assaut saisies au cours du week-end dans deux opérations distinctes au Burundi, où les forces de sécurité craignent une attaque d’envergure à l’approche de l’élection présidentielle, initialement prévue le reportée au juillet mais reportée au 21 du même mois.

Selon des sources policières et administratives, les armes – 30 fusils d’assaut Kalachnikov et 38 chargeurs – ont été saisies sur une colline de la province de Muyinga, à quelque 280 km au nord-est de la capitale Bujumbura, une saisie considérée comme particulièrement importante par la police.

Une partie de ces armes – les chargeurs et 10 Kalachnikov – a d’abord été interceptée sur une moto-taxi par des jeunes du parti du pouvoir (CNDD-FDD), les Imbonerakure. La police a ensuite ratissé la colline, découvert « 20 autres fusils de même type », selon la gouverneur de Muyinga, Aline Maniratunga, et arrêté une trentaine de militants de l’opposition proches d’Agathon Rwasa, considéré comme le principal opposant politique de M. Nkurunziza.

Parallèlement, 12 assaillants armés ont été tués lors d’affrontements avec l’armée burundaise entre vendredi et dimanche dans les provinces voisines de Kayanza et Cibitoke (nord et nord-ouest) séparées par la forêt de la Kibira, refuge de groupes rebelles pendant la guerre civile.

Cette attaque contre l’armée burundaise a été revendiquée par les auteurs d’un putsch manqué mi-mai contre le président Nkurunziza et a, selon un haut gradé de la police, débouché sur plus de 80 arrestations.

Dans ce contexte, des rumeurs persistantes font état depuis plusieurs jours dÆune infiltration de groupes armés en provenance dÆun pays voisin dans cette zone frontalière du Rwanda et de la Tanzanie.

Le Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Zeid Ra’ad al-Hussein a récemment appelé, devant le Conseil de sécurité, le gouvernement burundais à désarmer immédiatement l’organisation de jeunesse du parti au pouvoir (milice des Imbonerakure) afin d’éviter « une explosion de violence meurtrière ».

Il a affirmé que des « dizaines de meurtres depuis deux mois, pour la plupart des attaques de manifestants et de défenseurs des droits de l’homme par des membres des Imbonerakure et des forces de sécurité ».

L’élection présidentielle reportée au 21 juillet

Face au mouvement de contestation contre la candidature du président Nkurunziza, ce dernier a annoncé le report du premier tour de l’élection présidentielle. « L’élection du président de la République initialement prévue le 15 juillet 2015 est reportée au 21 juillet 2015.

La communauté internationale juge que le climat actuel au Burundi ne permet pas des élections crédibles. Les autorités burundaises sont restées sourdes à ses appels à reporter les législatives, largement remportées par le CNDD-FDD du président Nkurunziza.

L’opposition avait annoncé le boycott de l’ensemble du processus électoral, entamé avec les législatives et communales du 29 juin ainsi que le prochain scrutin présidentiel.

Le médiateur de la crise burundaise attendu mardi à Bujumbura

En parallèle, le président ougandais Yoweri Museveni, désigné nouveau médiateur dans la crise politique burundaise par les pays de la région, est attendu mardi à Bujumbura.

La communauté est-africaine (EAC) avait désigné la semaine dernière Yoweri Museveni comme médiateur pour tenter de dénouer cette crise. Face à la pression de l’EAC, qui réclamait comme la quasi-totalité de la communauté internationale un report de la présidentielle, Bujumbura a accepté de déplacer, le scrutin du 15 au 21 juillet.

Le porte-parole de la coalition des Indépendants Amizero y’Abarundi, François Bizimana, a accusé le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni qui n’ »a pas encore réuni toutes les parties prenantes à ces élections pour écouter les points de vue des uns et des autres. »

« Le président Museveni a été désigné pour assurer la médiation entre les parties prenantes. Jusqu’aujourd’hui, il ne les a pas encore réunies. Nous ne voyons donc pas comment on peut fixer cette date sans avoir écouté l’opposition et participé à la facilitation qui a été confiée au président ougandais », a soutenu le porte-parole.