Alors qu’un succès sur le Mexique lui ouvrirait la porte des 8es de finale, la Seleçao doit aussi convaincre et rassurer sur son niveau de jeu. Car sa première sortie a laissé sceptique jusqu’à ses propres supporteurs…
«Une victoire dans la douleur.» Au lendemain du succès du Brésil en ouverture de «sa» Coupe du monde face à la Croatie (3-1), le quotidien O Globo avait bien résumé l’état d’esprit général. Oui, la Seleçao a obtenu le plus important, à savoir les sempiternels trois points désirés par tous les footballeurs de la planète, mais elle n’a conquis personne sur la manière employée. A l’image d’un penalty inexistant obtenu par Fred qui fut le tournant de la rencontre en permettant à l’équipe auriverde de prendre l’avantage. Aujourd’hui, cet épisode est oublié dans le cœur des supporteurs, qui le prendraient comme le point le plus positif de ce duel contre les Dalmates. «Pendant trop longtemps, notre équipe a manqué de vice par rapport à des nations comme l’Italie ou l’Espagne», nous rappelait ainsi Guilherme, attablé à la terrasse du Pinguim, la brasserie restée célèbre pour avoir été le repaire du grand Socrates. «Ce qu’a fait Fred, ce n’est pas glorieux, mais c’est ce que font d’autres attaquants européens depuis des dizaines d’années.»
Neymar en tête de proue :
Inutile, donc, de penser que l’ancien attaquant lyonnais a été cloué au pilori après sa simulation. En revanche, la Seleçao dans son ensemble a, elle, été plus vivement critiquée. Pour Marcos, un supporteur d’une vingtaine d’années, elle «n’a rien montré dans le jeu. Sans le génie de Neymar, on aurait sans doute perdu.» Auteur d’un doublé pour son premier match dans une phase finale de Coupe du monde, le jeune prodige auriverde de 22 ans a rassuré tout un peuple et mis un terme au scepticisme à son sujet. Qui était plus grand qu’il n’y paraissait vu d’Europe. «Tout le monde pense que Neymar sera l’un des deux ou trois plus grands joueurs du monde dans les prochaines années», explique Guilherme. «Mais personne ne savait s’il pouvait l’être dès maintenant.» La réponse a été donnée par le Barcelonais, qui aura été le meilleur joueur de la Seleçao, avec Oscar. Mais à eux deux, peuvent-ils renverser le Mexique, que le Brésil défiera ce mardi ?
Les supporters en veulent plus :
«Oui, peut-être, car depuis des années, on bat toujours le Mexique (Ndlr : trois victoires de suite en Coupe du monde sur un score total de 11-0)», estime avec le sourire le trentenaire Thomaz. «Mais on attend plus de cette équipe.» Parmi les lacunes observées face à la Croatie, une a surpris plus particulièrement les supporteurs brésiliens : la relative contre-performance de la défense auriverde. En particulier sur les côtés. «On sait très bien que Marcelo et Dani Alvès sont plus des ailiers que des latéraux» explique Guilherme. «Néanmoins, on ne peut pas laisser autant d’espaces. Et puis Thiago Silva doit montrer un autre visage.» Autre motif de grief, les contre-performances de certains, tel que Hulk, très incertain ce mardi et qui pourrait laisser sa place à Bernard ou Ramires.
En attendant, le sélectionneur brésilien, Luiz Felipe Scolari, demande de la patience et de la mesure : «Notre équipe est chaque jour un peu mieux, mais n’attendez pas que le Brésil soit seul en son royaume.» Pas sûr qu’il soit entendu à en croire Thomaz : «La patience n’est pas le fort des Brésiliens. Tant que la Seleçao gagnera, elle sera épargnée. Mais si elle continue à jouer comme lors du premier match et qu’elle ne gagne pas…» Si Neymar et consorts espéraient avoir moins de pression après leur succès initial, ils pourraient vite déchanter.