Le bourbier annoncé commence à prendre forme

Le bourbier annoncé commence à prendre forme

Après un repli stratégique des villes du nord du Mali, qu’ils occupaient depuis mars 2012, les islamistes armés reprennent le chemin de l’action en attaquant l’armée tchadienne dans le massif des Ifoghas, dans des combats qui ont fait 65 morts parmi les djihadistes et 13 soldats tchadiens.

Comme il fallait s’y attendre, la pacification du nord du Mali est loin d’être terminée, bien au contraire. La bataille entre dans sa phase la plus active, avec les attaques et attentats piégés des djihadistes contre les positions des armées française, malienne et des pays de la Cédéao, chargées de sécuriser les villes reprises il y a quelques semaines. Les violents combats entre l’armée tchadienne et des djihadistes dans le massif des Ifoghas, qui ont fait 65 morts parmi les djihadistes et 13 morts parmi les soldats tchadiens, attestent de l’instabilité sécuritaire régnant dans cette région du Mali.

En effet, tout indique que le bourbier promis aux forces françaises par les islamistes armés commence à se dessiner sur le terrain. Dans le même ordre d’idées, la rébellion touareg du Mali, qui collabore avec l’armée française dans le nord-est du pays, a été la cible d’un attentat suicide qui a fait 5 morts, au moment où l’armée malienne tentait de “nettoyer” Gao, la plus grande ville du Nord infiltrée par les islamistes. L’attentat suicide a été commis à l’aide de deux voitures piégées conduites par deux kamikazes à Inhalil, localité proche de Tessalit, près de la frontière algérienne, et visait des membres de la rébellion touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad).

Cette région montagneuse des Ifoghas, entre Kidal et Tessalit, sert de refuge à de nombreux islamistes armés liés à Al-Qaïda, traqués par l’armée française depuis plusieurs semaines, mais elle est aussi le berceau des Touareg. A Inhalil, à l’aube, “deux véhicules kamikazes ont explosé visant des civils et des combattants du MNLA. Il y a eu 3 morts, et plusieurs blessés dans les rangs du MNLA”, selon une source sécuritaire malienne citée par l’AFP. L’information a été confirmée par un responsable du MNLA à Ouagadougou, Mohamed Ibrahim Ag Assaleh. Il a accusé le groupe islamiste Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest) d’être à l’origine de cet attentat. Une source sécuritaire malienne a rappelé que “les terroristes ont toujours affirmé qu’ils combattraient les forces françaises et leurs alliés, c’est ce qui s’est passé à mon avis”. Le Mujao, qui a occupé Gao pendant 9 mois en 2012, avant que cette ville ne soit reprise par les armées française et malienne le 26 janvier, a affirmé avoir envoyé des combattants dans la ville pour la “libérer des mécréants”. Il a affirmé que “la bataille” ne faisait “que commencer” pour reconquérir Gao, Kidal et Tombouctou, les trois grandes villes du nord du Mali. Gao avait déjà été le théâtre de violences il y a 2 semaines de la part des djihadistes qui y avaient commis les premiers attentats suicide de l’histoire du Mali. La situation au Mali n’est “pas du tout stable”, avait déclaré, vendredi, le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali et au Niger, alors que l’ONU a dénoncé des “informations horrifiantes” en matière de droits de l’homme.

Par ailleurs, les Etats-Unis ont déployé plusieurs drones au Niger, en soutien aux forces françaises au Mali, pour effectuer des vols de surveillance au-dessus de la zone de conflit, a déclaré un responsable américain.

M T