Le BMS qui sauve

Le BMS qui sauve

Selon des spécialistes, l’énorme tempête aurait pu causer un manque à gagner chiffré à des millions de dollars, en plus

de la détérioration des installations et de toute la logistique du port d’Alger. Pour rappel, le port d’Alger a vécu des moments difficiles suite à la grande tempête survenue dans la nuit du 9 au 10 décembre 2014.

La force 10 sur l’échelle 12 de la houle, la vitesse à 100 km/h du vent et les immenses vagues de plus de 10 mètres de hauteur ont presque provoqué une catastrophe qui aurait pu finir, selon des spécialistes dans le domaine maritime, par « paralyser totalement le port d’Alger, entraînant des conséquences difficilement surmontables au plan économique, social et politique ».

La catastrophe a été évitée de justesse grâce à une décision courageuse et juste prise par le P-dg de l’Entreprise portuaire d’Alger (EPAL), dont l’application a été suivie par les responsables et les marins directement concernés. Dès la réception du bulletin météo spécial (BMS), les responsables du port ont anticipé avec des mesures courageuses durant des moments difficiles.

Flash-back sur les événements

Durant la nuit du 9 au 10 décembre 2014, le port d’Alger a été secoué par des événements suite à des intempéries exceptionnelles. Dès la réception à 11h45 du matin le 9 décembre d’un BMS indiquant un vent violent atteignant 100 km/h nord-nord-ouest avec une force 9 et une houle pouvant atteindre 9 à 10 mètres, le p-dg de l’EPAL, Abdelaziz Guerrah, a rapidement décidé de prendre des mesures préventives.

Vers midi une cellule de crise a été créée et installée au nouveau de la capitainerie. Elle était composée du P-DG de l’EPAL, du commandant du groupement territorial des Garde-côtes, du commissaire principal, chef de la 1ère Brigade de la Police des frontières/PI et du directeur de la Protection civile de la wilaya d’Alger.

La première mesure consistant à faire sortir vers la rade tous les navires à quai a été prise aussitôt la cellule de crise installée. Une notification a été adressée aux capitaines des navires pour évacuation vers la rade de 15 navires étrangers.

Une autre notification souligne l’obligation aux capitaines des navires CNAN M/VJorf-M/VDjurdjura –M/VIbn khaldoun-M/VTebessa ainsi qu’aux premiers responsables, de procéder au renforcement des amarres de leurs navires. Pour réaliser ces missions difficiles en un temps reccord, l’Epal décide d’appeler tous ses partenaires pour renforcer les équipes sur le terrain avec les moyens nécessaires qui s’imposent.

C’est à ce titre que le commandement des Forces navales a déployé et mis en œuvre de gros moyens, notamment trois vedettes de sauvetage, un remorqueur de haute mer, deux vedettes appelées SNGC, deux hélicoptères, le remorqueur « El Chadid » et une équipe de plongeurs de la Brigade d’intervention côtière.

L’EPAL a, de son côté, déployé quatre remorqueurs, deux pilotins et réquisitionné des équipages (pilotes, patrons de remorqueurs et l’ensemble des équipages chargés d’assister les navires à quai). Elle a aussi saisi l’entreprise MEDITRAM pour mettre à contribution le remorqueur « Camara », alors que la Protection civile a mis en place un dispositif et des équipes au niveau des Sablettes et du port.

A noter que la 1ère Brigade de la Police des frontières a déployé son dispositif mixte (SNGC-1ère BPFM- Protection civile) au niveau de la Pêcherie, des Sablettes et du Port). Avant l’arrivée de la tempête, les responsables de l’Epal ont jugé urgent d’assister les navires à quai et affecté de ce fait six remorqueurs à l’effet d’assister les 7 navires à quai ayant déjà cassé les amarres, ainsi que d’assister le navire Tebessa dans ses manœuvres du butavant vers le quai 34. Une épreuve jugée très pénible en raison du mauvais temps.

Selon les témoignages recueillis sur les lieux, les remorqueurs de l’Epal et leurs équipages ont passé toute la nuit du 9 décembre au niveau de certains quais pour bloquer les navires ayant cassé les amarres et surtout pour les maintenir en place et éviter que la tempête les emporte et les balance contre les quais. L’équipage, auquel il faut rendre hommage, a déployé un travail de titan pour éviter le pire à l’économie nationale.

La force de la tempête a créé des événements regrettables

Malgré les mesures prises, la forte tempête ayant généré des vagues de 9 mètres a causé des pertes humaines et matérielles, notamment l’échouement de la pilotine de l’EPAL au niveau des Sablettes fort endommagée et la disparition du patron de la pilotine et de deux matelots, le décès d’un plongeur et la mort accidentelle d’un marin de nationalité étrangère sur le quai 33-1, alors qu’il était en train de renforcer les amarres du navire porte-conteneurs « Merito » de pavillon maltais. Un autre marin étranger a été blessé, alors embarqué sur le navire « Golden Eye » accosté au quai 35-1. Perte de 8 véhicules de tourisme stationnées sur la jetée « Kheiredinne » (projetés en mer par les fortes vagues) et endommagement de plusieurs chalutiers.

Toutes les autorités s’accordent à dire aujourd’hui que « la catastrophe a été évitée, grâce aux mesures préventives prises, notamment la décision de faire évacuer en rade les 15 navires accostés au niveau des postes exposés en ressac, avant l’arrivée de la grande tempête (prévue à partir de 22h00 par le BMS) ainsi que la mobilisation des responsables et le déploiement de tous les moyens humains et matériels des autorités locales ». A l’heure actuelle, les recherches se poursuivent pour retrouver le 3e marin toujours porté disparu. De gros moyens matériels et humains sont déployés au niveau de la baie du port d’Alger.