La colère des manifestants n’épargne pas le président Morsi
En février 2012, 74 personnes étaient mortes après un match entre Al Ahly et Al Masry. Ce sont des responsables du drame qui sont condamnés.
Vingt-deux personnes ont été tuées et plus de 200 blessées dans les violences à Port-Saïd (nord-est de l’Egypte), a annoncé le ministère de la Santé dans un bilan provisoire.
Ces affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté après l’annonce de la condamnation à mort de 21 Egyptiens pour leur implication dans les violences meurtrières ayant suivi un match de football l’an dernier dans cette ville. Des violences se sont produites après que des proches des personnes condamnées à la peine capitale eurent tenté d’envahir la prison dans laquelle se trouvaient ces dernières.
D’après des témoins, des assaillants inconnus ont ouvert le feu en direction de la police qui a riposté avec du gaz lacrymogène. Deux postes de police ont été pris d’assaut et des tirs nourris se faisaient entendre, selon un correspondant de l’AFP sur place.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué que ses forces faisaient face à ´´des affrontements violents et sanglants´´ à Port-Saïd, affirmant que la prison et le tribunal étaient visés par des tirs à l’arme automatique.
Un général de l’armée a annoncé le déploiement des militaires dans la ville pour ´´rétablir le calme´´ et protéger les installations publiques, selon l’agence Mena.
Au Caire, dans la salle d’audience, le verdict a en revanche été accueilli par les cris de joie et les youyous des membres des familles des victimes. Devant le tribunal, un homme ayant perdu son fils dans les violences pleurait de joie. ´´Je suis satisfait du verdict´´, a-t-il dit à l’AFP.
Le président du tribunal a en outre fixé au 9 mars le verdict pour le reste des accusés, dont 9 policiers, jugés depuis avril pour leur responsabilité présumée dans les violences de Port-Saïd.
En février 2012, 74 personnes y étaient mortes après un match entre le grand club cairote d’Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry. Ce drame, le plus meurtrier du football égyptien, s’est produit après la victoire d’Al-Masry dont des centaines de supporteurs avaient envahi le terrain et lancé des projectiles vers ceux d’Al-Ahly.
Les accusés ont récusé toutes les charges de meurtre avec préméditation et de port d’armes prohibé pesant sur eux.
Les ´´Ultras´´ d’Al-Ahly, des supporteurs fervents et organisés qui revendiquent la majorité des victimes, avaient menacé les autorités de ´´chaos´´ si le verdict n’était pas assez sévère.
Ces supporteurs sont réputés pour leur soutien actif à la révolte populaire qui a provoqué début 2011 la chute de Hosni Moubarak.
Après les affrontements meurtriers de vendredi lors du deuxième anniversaire de la ´´révolution´´, l’armée a déployé dans la nuit des hommes et des blindés légers pour protéger les bâtiments de la police et du gouvernorat local à Suez, où ont été tuées la veille huit personnes.
Manifestations et heurts s’étaient produits ailleurs dans le pays, notamment aux abords de la place Tahrir au Caire et à Alexandrie (nord). A Ismaïliya (nord-est), des manifestants ont mis le feu au siège local du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation politique des Frères musulmans, et envahi le siège du gouvernorat.
Le président islamiste Mohamed Morsi a appelé dans la nuit sur Twitter ses compatriotes à ´´rejeter la violence´´ et promis que les responsables des heurts meurtriers seraient ´´traduits en justice´´.
La colère des manifestants est dirigée contre le président et les Frères musulmans, dont il est issu, accusés d’avoir failli à la ´´révolution´´ qui leur a permis d’accéder au pouvoir par le biais d’une élection présidentielle pour la première fois démocratique.
L’opposition, qui avait appelé à défiler, accuse aussi les islamistes de perpétuer un système socialement injuste, et de privilégier l’idéologie islamiste sur l’intérêt général.
L’opposition a aussi menacé de boycotter les prochaines élections législatives si le pouvoir islamiste n’appliquait pas une ´´solution globale´´ à la crise que vit le pays, notamment la formation d’un gouvernement ´´de salut national´´.
Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l’opposition aux islamistes, fait aussi porter dans un communiqué au président Mohamed Morsi ´´l’entière responsabilité de la force excessive utilisée par les services de sécurité contre les manifestants´´.