le Conseil des Ministres en date du 06 octobre 2015 considère nécessaire de réévaluer les volets économique et commercial de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE) qui n’a pas réalisé les objectifs attendus en matière d’investissements européens en Algérie.
Les discussions sur la révision de l’Accord d’association, signé entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) en 2002 et mis en œuvre en septembre 2005, seront lancées prochainement, selon la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini lors de sa dernière visite en Algérie, les 16 et 17 septembre 2015. Aussi, afin de préserver les intérêts supérieurs de l’Algérie, et entrevoir une réorientation de la politique économique et sociale, il s’agit d’analyser objectivement les conclusions de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) largement reprises par la presse nationale pour qui les exportations se sont établies à seulement 12,3 milliards de dollars en près de dix (10) ans contre 195 milliards de dollars d’importations sur la même période, (2005/2014) alors que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays membres de l’UE sont passées de 597 millions en 2005 à 2,3 milliards de dollars en 2014.
1.-Pour les exportations hors hydrocarbures elles ont évolué ainsi :
2000/2004………………4,866 milliards de dollars soit une moyenne annuelle de 973 millions de dollars
2005/2009………………6,426 milliards de dollars soit une moyenne annuelle de 1,28 milliard de dollars
2010/2014…………….10,685 milliards de dollars soit une moyenne annuelle de 2,13 milliard de dollars.
Mais attention si l’on prend l’année 2014 l’alimentation représente 11,5% dont le sucre pour une exportation d’une valeur de 228,14 milliards de dollars, les équipements industriels pour 0,53%, les biens de consommation non alimentaires ( 0,36%) les produits bruts seulement de 3,91% ( dont le phosphate pour 96 millions de dollars). Les demis produits, des dérivées d’hydrocarbures sont dominants avec 83,6% pour une valeur totale de 2,34 milliards de dollars sur un total de 2,81 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures. Ainsi, les solvants-naphta représentent 1,105 milliard de dollars – l’ammoniac pour 610,3 millions de dollars, les engrais pour 312,3 millions de dollars, ces trois produits totalisant plus de 2 milliards de dollars soit 72% des exportations hors hydrocarbures.
2.- Selon les statistiques algériennes ne recoupant celles de la banque mondiale pour qui les recettes en devises se sont établies entre 2000/2014 à 760 milliards de dollars contre une importation de biens et services de 569 milliards de dollars , selon les statistiques douanières le total exportation (FOB) a été de 732 milliards de dollars :
2000/2004…………116,68 soit une moyenne annuelle de 23,33 milliards de dollars
2005/2009………. 285,27 soit une moyenne annuelle de 57,5 milliards de dollars
2010/2014…… …330,32 soit une moyenne annuelle de 66,06 milliards de dollars
Le total des importations de biens non compris les services ( CAF) ont été de 456 milliards de dollars . J’ai scindé trois périodes 2000/2004-2005/2009 et 2010/2014.
2000/2004………… 62,96 milliards de dollars soit une moyenne annuelle de 12,59 milliards de dollars
2005/2009…………148,39, soit une moyenne annuelle de 29,68 milliards de dollars.
2010/2014……… .256 milliards de dollars soit une moyenne annuelle de 51,2 milliards de dollars.
3.-Par zone géographique, la totalité des exportations vers l’Europe y compris les hydrocarbures entre 2000/2014 est de 378,26 milliards de dollars, nous donnant un ratio de 51,67%.
Exportation/ Europe 2000/2004…..70,13 milliards de dollars soit une moyenne annuelle de 14,02 milliards de dollars
Exportation/ Europe 2008/2009- 119,73 milliards de dollars, soit une moyenne annuelle de 23,94 milliards de dollars.
Exportation/Europe 2010/2014 188,40 milliards de dollars soit 37,68 milliards de dollars.
Ratio exportation 2000/2004…………………….exportation Europe total …59,96%
Ratio exportation 2005/2009………………… exportation Europe /total .. 42,40%
Ratio exportation 2010/2014 exportation Europe…… 44,81%
4.-Quant aux importations pour la période 2000/2014 le montant a été de 462,85 milliards de dollars de biens non compris les services :
Importation totale entre 2000/2004…………………. 62,96 milliards de dollars, soit une moyenne annuelle de 12,59 milliards de dollars
Importation totale entre 2005/2009…………… 148,40, soit une moyenne annuelle de 29,68 milliards de dollars
Importation totale entre 2010/2014………………… 251,53 milliards de
dollars, soit une moyenne annuelle de 50,30 milliards de dollars
Importation Europe total……………………. 244,325 milliards de dollars ratio global 52,78%
Importation/Europe 2000/2004………………. 35,942 milliards de dollars soit une moyenne annuelle de 7,18 milliards de dollars
Importation/Europe 2005/2009………………. 79,168 milliards de dollars, soit une moyenne annuelle de 15,83 milliards de dollars
Importation/Europe 2010/2014……………. 129,215 milliards de dollars, soit une moyenne annuelle de 20,05 milliards de dollars.
Ratio importation de biens Europe sur le total
2000/2004……………………………………………………………57,08%
2005/2009……………………………………………………………53,34%
2010/2014……………………………………………………………52,88%
5.-Pour 2014, les pays de l’Union Européenne sont toujours les principaux partenaires de l’Algérie, avec les proportions respectives de 50,67% des importations et de 64,21% des exportations. A l’intérieur de cette région économique, on peut relever que le principal client est l’Espagne suivi par l’Italie et la France. Pour les principaux fournisseurs, la France occupe le premier rang des pays de l’Union européenne suivie par l’Italie et l’Espagne. Dans ce contexte, la visite à Alger, de la Haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini, a été l’occasion de réaffirmer la détermination commune à rehausser les relations à la hauteur des ambitions proclamées. La volonté serait de « densifier » cette coopération, selon le ministre algérien des Affaires étrangères algérien, pour qui « la démarche d’évaluation réclamée par l’Algérie ne vise nullement à remettre en cause l’Accord, mais, bien au contraire, à l’utiliser pleinement dans le sens d’une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération, Du côté européen, on évoque des discussions « constructives ». Selon la partie européenne, la relation bilatérale, prometteuse aussi bien dans le domaine de l’énergie que dans l’activité des entreprises et du commerce, a un potentiel inexploré, même si grevé par des lourdeurs administratives et de décision politique persistantes. La situation du pays reste toutefois tributaire de l’évolution des marchés d’hydrocarbures, des ventes dont le pays tire l’essentiel de ses revenus, en rappelant que la coopération énergétique, basée sur un protocole spécifique, est au centre de la coopération avec l’UE.
6.-Dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié à l’occasion de la tenue de son assemblée annuelle du 8 au 11 octobre à Lima (Pérou), le FMI a abaissé ses prévisions de croissance économique mondiale en estimant que le PIB mondial devrait progresser seulement de 3,1% en 2015 et de 3,6% en 2016 en raison du ralentissement chinois et de l’accès de faiblesse des autres grands pays émergents. Pour l’Algérie, il prévoit une croissance économique de 3% en 2015 , de 3,9% en 2016, contre 3,8% en 2014. l’inflation, devrait passer à 4,2% en 2015 et à 4,1% en 2016, le taux de chômage de 11,6% en 2015 et de 11,7% en 2016 (contre un taux de 2,9% en 2014) et la balance des comptes courants devrait rester négative à moins de -17,7% du PIB en 2015 et à moins de -16,2% en 2016 (contre -4,5% en 2014). Et le projet de loi de finances 2016 étudié en conseil des ministres le 06 octobre 2015 que le solde global du Trésor affichera un déficit de 2.452 mds DA alors que le Fonds de régulation des recettes (FRR) serait 1.797 mds de DA de réserves à fin 2016 soit au cours actuel du dollar moins de 18 milliards de dollars contre près de 60 en 2012. Idem, en cas de non réorientation de la politique économique actuelle fondée sur l’économie de la connaissance et l’entreprise , devant démystifier l’entreprise privée nationale et internationale, encouragée même en Chine et la Russie, fondateurs du communisme, pour les réserves de change qui risquent de fondre comme la neige au soleil. Il s’agit donc pour l’Algérie d’aller vers de profondes réformes structurelles pour profiter de cet Accord, n’ayant rien à exporter actuellement en dehors des hydrocarbures, il faut être réaliste, devant éviter d’incomber toujours la responsabilité à l’extérieur et à l’Europe de ne plus considérer l’Algérie uniquement comme un marché devant tisser des partenariats gagnant/gagnant. Et ce afin de permettre à l’Algérie de réaliser sa transition économique, du passage d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales qui conditionne toute la stabilité tant interne que celle de la région euro-méditerranéenne et africaine.