Les prix du pétrole ont dépassé, hier, la barre des 70 dollars pour la première fois depuis 8 mois.
Aidés par le recul du dollar et des craintes sur la production au Nigeria, les prix de l’or noir ont touché les 71 dollars le baril en début d’échanges européens.
A Londres, le brent de la mer du Nord pour livraison en juillet gagnait 1,01 dollar en milieu de matinée par rapport à la clôture de la veille, à 70,63 dollars le baril.
A New York, le baril de «light sweet crude» pour la même échéance prenait 1,13 dollar, à 71,14 dollars, selon une dépêche de l’AFP. Les analystes affirment que «sans réel soutien des fondamentaux [offre-demande]», les cours ont été aidés par la rechute du billet vert, qui rend moins chers les achats de matières premières libellées en dollars : en début d’échanges européens, la monnaie américaine s’est affaissée jusqu’à coter 1,4144 dollar pour un euro.

Des facteurs géopolitiques liés au sabotage d’infrastructures pétrolières au sud du Nigeria sont aussi derrière cette poussée des prix.
A signaler que les observateurs s’attendent à une petite baisse des stocks de brut, de 500 000 barils, assortie d’une hausse des stocks de produits pétroliers (+1,3 million de barils pour l’essence, 1,4 mb pour les distillats). Les raffineries auraient, selon leurs pronostics, porté à 87,1% leur taux d’utilisation.
Dans le même sillage, le directeur général de BP, Tony Hayward, a estimé qu’il était «raisonnable» de penser que le prix du baril de pétrole se situerait entre 60 et 90 dollars dans les années à venir.
M. Hayward, qui commentait devant la presse le rapport annuel sur l’énergie du groupe pétrolier britannique, a noté que les consommateurs «semblaient n’avoir pas de problème à payer le baril jusqu’à 90 dollars», tandis que les producteurs risquent de cesser la production s’il tombe sous les 60 dollars.
En particulier, M. Hayward a noté que les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) avaient besoin d’un baril à 60-70 dollars pour continuer à investir dans le secteur tout en ayant les moyens de financer leurs programmes sociaux.
Le rapport annuel fait état d’une baisse de la consommation de pétrole de 0,6% en 2008, le premier déclin depuis 1993 et le plus prononcé depuis 1982.
Toujours selon le même document, la production a augmenté de 0,4% à 81,8 mbj. En revanche, les réserves ont diminué de 3 milliards de barils à 1 258 milliards de barils, ce qui les rend suffisantes pour une consommation au niveau actuel pendant 42 ans.
Sur un autre front, la Russie et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) envisagent d’organiser une rencontre en juillet pour examiner les perspectives de coopération entre les deux parties.
C’est ce qu’a indiqué hier le ministre russe de l’Energie, Sergueï Chmatko, lequel a affirmé que «des concertations sont en cours pour déterminer le lieu de la rencontre, soit à Vienne soit à Moscou».
Le vice-Premier ministre russe Igor Setchine, en charge de l’énergie, a affirmé pour sa part «l’OPEP a contacté le ministère [russe] de l’Energie en vue de la tenue d’un colloque sur notre coopération».