L’impact sur des pays producteurs comme l’Algérie, le Venezuela, le Nigeria et l’Iran est déjà lourd.
L’Algérie perd 50 millions de dollars/jour. Si cette chute du pétrole se poursuit, ses recettes risquent de descendre à environ 40 milliards de dollars en 2015, contre des importations de marchandises et de services dépassant les 70 milliards de dollars.
Les prix du pétrole sont passés hier sous la barre des 60 dollars. Ils ont atteint 58 dollars, soit une baisse de 50% depuis juin dernier, une évolution sans précédent depuis cinq ans.
L’heure est grave pour nombre de pays de l’Opep. Cette inquiétude transparaît dans la déclaration hier, citée par l’AFP, du secrétaire général de l’Opep, Abdallah El-Badri, en réponse aux interrogations des journalistes, en marge d’une conférence intitulée Arab Stategy Forum, tenue à Dubai. “L’état actuel du marché ne justifie pas l’effondrement actuel des cours du pétrole. L’offre et la demande avaient connu une hausse (légère) qui n’explique pas cet effondrement de 50% des cours depuis mi juin.”
Le secrétaire général de l’Opep pointe du doigt la spéculation. “Nous voulons connaître les raisons réelles qui ont conduit à une telle chute des cours du pétrole. Si cette chute se poursuit, cela signifiera que la spéculation contribue fortement à pousser les prix à la baisse.”
M. El-Badri a ajouté que le pétrole de schiste, dont la production a augmenté notamment aux États-Unis et au Canada pour atteindre 3 MBJ, aura un impact sur le marché. Mais le coût de sa production est élevé, à 70 dollars.
Le secrétaire général de l’Opep ne fait aucune allusion au deal, révélé par certains médias occidentaux, entre l’Arabie saoudite et les États-Unis pour affaiblir financièrement l’Iran et la Russie. Son affirmation sur les coûts du pétrole de schiste américain est contredite par les milieux spécialisés qui soutiennent que leur coût se situe entre 50 et 60 dollars.
Nous sommes donc à la limite de la rentabilité du pétrole de schiste américain. Pour des spécialistes pétroliers, les cours du pétrole ne peuvent descendre sous la barre des 50 dollars. Parce qu’ils entraîneraient l’arrêt de l’exploitation du pétrole de schiste américain. Ce qui donne crédit à l’affirmation de spécialistes selon laquelle cet effondrement des cours ne peut se poursuivre au-delà de quelques mois, voire d’une année.
Mais l’impact sur des pays producteurs comme l’Algérie, le Venezuela, le Nigeria, l’Iran est déjà lourd. L’Algérie perd 50 millions de dollars/jour. Si cette chute du pétrole se poursuit, ses recettes risquent de descendre à environ 40 milliards de dollars en 2015, contre des importations de marchandises et de services dépassant les 70 milliards de dollars. Les clignotants macrofinanciers seront au rouge.
Le secrétaire général de l’Opep leur suggère de réduire leur budget et de baisser les subventions accordées à la consommation des produits énergétiques. Ce remède, il le conseille aussi aux monarchies du Golfe dont les réserves sont sans commune mesure avec celles d’autres membres du cartel des exportateurs.
“Elles ne seront pas affectées par l’effondrement des cours. Ces monarchies, qui se sont constituées des réserves financières de 2 450 milliards de dollars grâce à la manne pétrolière, ne sont pas en danger. Elles passeront sans problème les deux ou trois prochaines années.” Cela n’a pas empêché les Bourses du Golfe de plonger. Par exemple, la Bourse de Dubaï a baissé de 7,6%. Il leur a conseillé, cependant, de réduire leurs dépenses et leurs subventions.
Optimiste, M. El-Badri a soutenu que l’Amérique allait dépendre du Moyen-Orient pendant de longues années. “L’industrie pétrolière aux États-Unis va ralentir car les réserves américaines de pétrole sont faibles.”
En attendant, ce sont les pays producteurs de l’Opep hors région du Golfe qui sont en danger, face à l’impuissance de l’organisation.
K. R.