Le comité pour la préservation du patrimoine du vieux bâti de Sidi M’hamed s’inquiète du sort de l’immeuble n°86 de la rue Belouizdad. «Des rumeurs insistantes font état d’une volonté de démolition de l’immeuble», s’inquiète un membre du comité. La bâtisse en question, selon des fiches d’évaluation des dommages du séisme 2003 élaborées par les CTC d’Alger, date de l’ère coloniale.
Plus de sept mois après la catastrophe naturelle, une première fiche datée du 31 janvier 2004, classe en orange 4 le niveau de dommage causé à l’immeuble (le niveau le plus élevé étant le rouge 5). Il est mentionné l’effondrement du mur pignon ouest du 5e étage, la destruction de la toiture terrasse avec couverture en tuiles, une cage d’escalier instable et une fissure du mur porteur. En termes de mesures à prendre, la fiche préconise l’étayage provisoire de l’escalier, la protection de l’immeuble contre l’infiltration des eaux pluviales.
L’immeuble nécessite des manteaux de renforcement «dans les meilleurs délais afin d’éviter d’autres dégradations pour cet immeuble», y est-il transcrit. La seconde fiche de constat élaborée le 30 mai 2006, gardant le même classement (orange 4) relève les mêmes failles. Dans la case réservée aux mesures immédiates à prendre, il est écrit : «A réparer en urgence.
Prévoir un étaiement provisoire des escaliers.»Pourtant, le membre du comité assure que l’immeuble dont les façades sont en arcades «qui fait partie du patrimoine national, souffre de laisser-aller et de mauvaise prise en charge». Présentant une correspondance de la Direction du logement adressée au DG de l’Opgi de Hussein Dey (territorialement compétente), sur instructions du wali d’Alger, pour la prise en charge des effets du séisme du 21 mai 2003, il s’étonne que rien ne soit fait. La correspondance concerne des bâtisses classées orange 4 dans la commune d’El Mouradia (3 immeubles), d’El Madania (1) et de Sidi M’hamed (le 86, rue Med Belouizdad). Dans tout cela, les membres du collectif s’inquiètent de la rumeur de destruction et se demandent, si cette rumeur se confirme, quel sort leur sera réservé. «Les habitants de l’immeuble (qui compte 16 logements) sont tous propriétaires. Ils ont des actes. Où vont-ils nous reloger et dans quelles conditions ? Dans des logements sociaux, alors que nous sommes propriétaires d’appartements dont la superficie avoisine les
100 m2 ?» se plaignent-ils. «Ces bâtisses ont besoin, le plus vite possible, de réhabilitation afin de sauver l’âme de notre ancien patrimoine comme dans toutes les villes jalouses et amoureuses de leur vieux bâti», écrit le comité dans une missive adressée au wali d’Alger et au directeur de l’urbanisme du ministère de l’Habitat.Alger compterait plus de 250 immeubles à risques.
Un programme de prise en charge de près de 85 000 logements précaires concentrés dans quatre villes du pays (Alger, Annaba, Oran et Constantine) a été annoncé par le ministre de l’Habitat.