Vingt-troisième «anniversaire» du 5 Octobre 1988. Une date marquante pour l’histoire récente du pays mais qui n’a aucun caractère «officiel». L’histoire officielle l’ignore allégrement et ceux qui ne l’ont pas vécu avouent aujourd’hui ne pas en cerner les tenants et les aboutissants.
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – Nés après 1988, les jeunes âgés aujourd’hui de 23 ans et plus n’ont pas vécu les événements qui avaient secoué l’Algérie. Nachida en fait partie. Née une année après, elle ne connaît du 5 Octobre que très peu de choses. Pas inscrite dans les livres d’histoire, ladite date ne fait pas partie des références de la jeune fille aujourd’hui licenciée en langues. Point de 5 Octobre à l’école. Elle a pris connaissance des événements en lisant la presse qui évoque de manière épisodique le 5 Octobre. Des quelques discussions qu’elle a eues avec ses parents, elle ne garde que des bribes d’informations. Elle dit savoir que la période était «compliquée», que la crise était autant économique que politique.
Ses parents lui ont raconté comment des jeunes et des moins jeunes étaient sortis dans la rue, ils lui ont parlé de la répression qui s’était abattue sur les manifestants, des blessés, du tournant difficile qu’amorçait alors l’Algérie. Ses cousins lui ont également raconté plein d’anecdotes : les «Stansmith», les magasins dévalisés font partie des choses qu’elle a entendues souvent mais qui ne représentent pas beaucoup de choses pour elle. Finalement, le 5 Octobre pour elle n’est pas une date significative. Elle ne la considère pas comme telle, affirmant que ne l’ayant pas vécue et ignorant tout de ses raisons «réelles», elle reste pour elle une date non marquante même si elle reconnaît qu’elle a dû d’une manière ou d’une autre influer sur le cours de l’histoire du pays.
A 23 ans, elle dit regretter de ne pas tout savoir de l’histoire de son pays et pointe du doigt ceux qui auront tout fait pour que cette date devienne anecdotique. Au fil des années, l’histoire officielle a savamment occulté ce pan de l’histoire, privant non seulement ceux qui ne l’ont pas vécu mais ceux qui y ont participé de la vérité. Beaucoup aura été dit au sujet du 5 Octobre sans pour autant que soient révélés au grand jour les tenants et les aboutissants d’une révolte qui a mené des centaines de personnes dans les rues, qui a vu des militaires tirer sur des manifestants .

Le devoir de vérité, nul ne s’en est chargé et nul n’a visiblement l’intention de le faire. Pire encore, des thèses et des antithèses visant à brouiller davantage la visibilité ont été émises par bien des sources qui n’avaient certainement pas comme objectif d’apporter des éléments de réponse. Une situation qui n’a fait que compliquer le message et qui aura privé non pas une génération mais plusieurs d’un pan de leur histoire.
N. I.