Il y a 27 ans la tragédie du 5 octobre 1988 ou le basculement de l’Algérie dans l’horreur pour de longues décennies …
Différents intellectuels de gauche, en évoquant la guerre que mènent les puissants des pays du Nord contre les peuples des pays du Sud, avaient tant insisté sur les méfaits de « l’ajustement structurel » appliqué aux pays du Sud par le FMI ( Fonds Monétaire International); 110 pays du Sud avaient été déclarés en situation « d’ajustement structurel ».
Rappelons que « l’ajustement structurel » désigne un ensemble de mesures contraignantes accompagnant un passage forcé à l’économie de marché par le démantèlement de toute fonction régulatrice de l’Etat.
Et que traditionnellement un programme « d’ajustement structurel » s’accompagne de prêts à haute conditionnalité. Et le premier principe de « ‘ajustement structurel » est la limitation des dépenses publiques: « afin de faire tomber dans le secteur concurrentiel les services publics rentables, l’Etat doit licencier les fonctionnaires, limiter ses dépenses sociales de santé et d’éducation afin de provoquer l’apparition de nouveaux usages payants de ces services. Parallèlement l’Etat doit abandonner toute forme de contrôle direct dans la production agricole et industrielle ainsi que dans les services de haute technologie. Tout doit être privatisé. »
En Algérie, dés son intronisation en 1979, le président Chadli apparaîtra très vite comme le fossoyeur de l’œuvre de la période de Boumediene. Il commence son histoire comme un fervent partisan de la « continuité révolutionnaire ». En contre-révolutionnaire pour certains, il initiera sa remise en cause par un discours sur le « bilan » à partir duquel il justifiera des « restructurations » nécessaires. Ces restructurations ne montreront que progressivement leur véritable visage, celui d’un plan systématique de libéralisation du système économique.
Applaudi par l’ensemble des grandes capitales européennes, il impose au peuple algérien un véritable « Plan d’ajustement Structurel » bien avant que le FMI ne l’exige. La baisse des prix des hydrocarbures en 1986 est l’occasion d’accélérer les « réformes ».
Et comme au Maroc où les émeutes de juin 1981 marquent le début de la résistance du Maghreb à l’ajustement imposé, les centaines d’arrestations, de disparitions et de morts – l’armée tire sur la foule et tue officiellement 400 personnes – qui suivent ne peuvent dissuader d’autres émeutiers en Tunisie, entre le 27 décembre 83 et 6 janvier 84, de descendre dans la rue pour protester le mois suivant.
« En septembre-octobre 1988, la jeunesse d’Alger descend dans la rue pour protester contre la hausse des prix, le chômage et la spéculation sur le logement. Une chasse à l’homme de plusieurs heures dans Bab El Oued occupée militairement se solde par plus de 300 jeunes assassinés et prés d’une centaine d’autres achevés dans les ruelles de la vieille médina … »
En Algérie nul ne souhaite retomber sous les fourches caudines du FMI.