Des dizaines de personnes ont profité de la météo clémente de mardi pour se rendre au Mémorial du martyr et assister aux festivités organisées depuis le 01 juillet par le ministère de la Défense nationale (MDN) sur l’esplanade du monument et le Musée central de l’armée, dans la commune El Madania. Des jeunes, accompagnés ou non de leurs aînés, étaient également au rendez-vous, venus célébrer le 55e anniversaire de la fête de l’Indépendance. Chez certains, cette date est un “devoir de mémoire”, une “quête perpétuelle de la prise de conscience” ou un “repère pour poursuivre le combat”. Chez d’autres, la fête d’une “indépendance confisquée”, de l’”espoir” … ou une journée ordinaire.
Au Musée du Moudjahid, Raouf, cadre commercial de 28 ans, contemplait les portraits des martyrs de la Révolution. Habitant dans la même commune, visiter Maqam E’chahid est une habitude de plusieurs années. Par curiosité et admiration durant son adolescence, par souci de mémoire les années suivantes, dit-il.
“Le patriotisme est certes une altitude censée se manifester tous les jours, pas uniquement un 5 juillet, mais je visite régulièrement ces musées à l’occasion de cette fête, comme pour maintenir ma mémoire éveillée, pour ressourcer des positions politiques pas toujours faciles et rendre hommage à ceux qui se sont dévoués pour leur patrie”, raconte-t-il.
“Nous vivons actuellement une période marquée par un désintérêt angoissant de la part de nos jeunes. Notre histoire subsiste ainsi comme l’un des rares “guides” pour une prise de conscience politique, voire patriotique chez eux”, affirme-t-il.

Un espoir, du sacrifice
La date du 5 juillet marque, aux yeux de Sabiha, 24 ans, “la fin d’une glorieuse guerre de Libération” mais le “début d’une révoltante confiscation” de l’indépendance du pays.
Accompagnée de ses parents, venus de la partie Est de la capitale assister aux célébrations de cet événement, elle estime que cette fête doit rester un “symbole d’espoir” d’un “avenir plus radieux pour l’Algérie”.
“Le sentiment d’appartenance à la patrie ne suffit pas. Je suis tenté de dire que cet attachement, isolé de ses actes, ne sert en rien notre patrie”, juge Hakim, étudiant en sciences commerciales. Ceci dit, comment doivent les jeunes Algériens exprimer leur patriotisme ?
Hakim assimile ce sentiment au sacrifice. “Un patriote se dévoue et s’acharne chaque jour que Dieu fait à faire progresser cette nation, selon nos propres valeurs”, dit-il. Raouf, lui, résume le “patriotisme” au respect de la citoyenneté. “Jouir de ses droits et devoirs de citoyen au profit de sa patrie et de ses compatriotes est déjà l’expression de sa fibre patriotique”, estime-t-il.
Et la patrie, qu’est-ce que c’est ?
Quelle que soit leurs perceptions du 5 juillet, une journée ordinaire de leurs routines ou un moment de recueillement et de mémoire, beaucoup s’accordent tout de même à dire que l’Algérie est leur “berceau”.
“Là où l’on se sent chez soi, parmi les siens. Nous avons beau chercher à fuir de ce pays, à explorer d’autres cieux pour nous garantir un avenir plus brillant, notre patrie est notre seul chez-soi”, explique Hanane, âgée de 21 ans.
Sabiha estime quant à elle que la patrie est cette terre “à qui appartiennent les Algériens. On appartient à une patrie comme on appartient à sa mère”, dit-elle.