Déçu par la monarchie et souhaitant réformer la société égyptienne, Nasser fonda le mouvement des officiers libres qui renversa le roi Farouken 1952. Après une lutte de pouvoir contre ses anciens associés, dont le président Mohammed Naguib, il prit le contrôle du gouvernement. Un référendum en 1956 permit l’adoption d’une nouvelle Constitution, la première de l’ère républicaine et l’accession de Nasser à la présidence.
L’ancien ailier de la Roma, Dans la nuit du 22 au 23 juillet 1952, un groupe d’«Officiers libres» prend le pouvoir en Égypte, renverse le roi Farouk 1er et restaure la pleine indépendance du pays après 70 ans de tutelle britannique.L’anniversaire de ce jour est devenu fête nationale en Égypte.Le roi Farouk 1era succédé le 6 mai 1936 à son père Fouad 1er sans cesser de faireallégeance aux Anglais.
Les attentats anti-britanniques se multiplient. Le 25 janvier 1952, le général George Erskine réprime durement la révolte d’un millier de « Boulouks », ou auxiliaires de police, à Ismaïlia. Il s’ensuit 49 morts dont trois Britanniques.Le pays est au bord de l’explosion. Le lendemain, un «Samedi noir», des émeutes secouent Le Caire. Des immeubles, bars, cafés et cinémas, sont incendiés et des ressortissants britanniques lynchés par la foule. La police reste les bras croisés et le roi Farouk, qui offre un banquet de six cents couverts à ses officiers, regarde sans mot dire les incendies qui illuminent la capitale.
Dans les semaines qui suivent, le Premier ministre est congédié et les ministères se succèdent sans résultat.Le régime est attaqué d’une part par la droite religieuse et des Frères musulmans, un mouvement fondé en 1928 par Hassan al-Banna en vue de prendre le pouvoir et établir un régime théocratique ; d’autre part par le mouvement progressiste des «Officiers libres», fondé par un lieutenant-colonel de 33 ans d’humble extraction, Gamal Abdel Nasser.
Le 21 juillet 1952, les Officiers libres décident de passer aux actes. Le déclenchement de l’insurrection doit avoir lieu à minuit. Mais leur complot est découvert et le chef d’état-major réunit les chefs de l’armée en vue d’arrêter les officiers séditieux. La troupe entoure la caserne où ils se sont réunis.
Coup de théâtre. Le chef des assaillants se range du côté des Officiers libres et gagne avec ses troupes le Grand Quartier général où délibèrent les chefs de l’armée. Les sentinelles ne se doutent de rien en voyant revenir leurs camarades. En un quart d’heure, l’état-major est capturé. Dans la nuit même du 22 au 23 juillet, tous les points névralgiques de la capitale sont occupés par les insurgés. Au petit matin, un officier prend la précaution d’avertir l’ambassade britannique que «l’action qui se déroule est d’ordre purement intérieur et que toute tentative d’immixtion de la part des autorités britanniques sera considérée comme un acte d’hostilité».
Vainqueur du bras de fer qui l’oppose à la monarchie, Nasser fait réveiller le général Mohamed Néguib, 41 ans, un aîné plus connu et plus prestigieux que lui. Il s’efface devant lui et lui remet la présidence du Conseil et le commandement en chef des armées. Homme intègre et sympathique, Néguib, à vrai dire, n’a ni l’étoffe ni l’ambition d’un chef.
Sitôt aux commandes, Nasser impose une réforme agraire majeure par laquelle il confisque les domaines royaux, limite la grande propriété foncière et permet à un million de petits paysans de racheter à des conditions avantageuses les terres des grands féodaux.
Le 18 juin 1953, la République est proclamée. Néguib en devient le Président et le Premier ministre. Mais il doit bientôt faire une place de Premier ministre adjoint à Nasser. Le 14 novembre 1954, Néguib est enfin déposé par son jeune rival qui devient désormais le chef absolu de l’Égypte avec le titre de «Raïs».
Djamal Abdenasser au centre, entouré des présidents algérien Ahmed Ben Bella à droite et irakien Abdel Salam Aref à gauche pour le sommet de la Ligue arabe à Alexandrie en septembre 1964.
Djamal Abdel Nasser Hussein, né le 15 janvier 1918 à Alexandrie et mort le28septembre 1970 au Caire, est un homme d’État égyptien. Il fut le second président de la Républiqued’Égypte de 1956 à sa mort. Après une carrière militaire, il organisa en 1952 le renversement de lamonarchie et accéda au pouvoir. À la tête de l’Égypte, il mena une politique socialiste et panarabeappelée nassérisme. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des dirigeants les plus influents du XXème siècle.
Nasser fut très tôt impliqué dans la lutte contre l’influence britannique en Égypte. Il intégra ensuite l’arméeen 1938 et participa à la guerre israélo-arabe de 1948-1949. Déçu par la monarchie et souhaitant réformer la société égyptienne, Nasser fonda le mouvement des officiers libres qui renversa le roi Farouken 1952. Après une lutte de pouvoir contre ses anciens associés, dont le président Mohammed Naguib, il prit le contrôle du gouvernement. Un référendum en 1956 permit l’adoption d’une nouvelle Constitution, la première de l’ère républicaine et l’accession de Nasser à la présidence.
La neutralité de l’Égypte durant la Guerre froide causa des tensions avec les puissances occidentalesqui refusèrent de financer la construction du barrage d’Assouan. Nasser répliqua en nationalisant lacompagnie du canal de Suez en 1956. Le Royaume-Uni, la France et Israël organisèrent une offensivepour reprendre le contrôle du canal mais furent contraints de se replier sous la pression conjointe des États-Unis et de l’Union soviétique. Il fut élu président du mouvement des non-alignés en 1964 et, l’année suivante, il fut réélu président après avoir empêché tous ses opposants de se présenter. Après la défaite de l’Égypte lors de la guerre des Six Jours en 1967 contre Israël, Nasser démissionna avant de renoncer du fait des manifestations demandant son maintien au pouvoir. Après le conflit, Nasser se nomma premier ministre, lança des attaques pour reprendre les territoires perdus, dépolitisa l’armée et promit une libéralisation politique. Après la fin du sommet de la Ligue arabe en 1970, Nasser succomba à une crise cardiaque. Cinq millions de personnes assistèrent à ses funérailles auCaire et le monde arabe fut en deuil. Nasser reste au début du XXe siècle un symbole de la dignité arabe du fait de ses efforts pour une plus grande justice sociale et sa défense du panarabisme, de la modernisation de l’Égypte et de l’anti-impérialisme. Ses détracteurs ont critiqué son autoritarisme, sonpopulisme, les violations des droits de l’homme par son régime et son échec à créer des institutions civiles durables. Les historiens considèrent Nasser comme une figure centrale de l’histoire moderne du Moyen-Orient et du XXème siècle .
Rachid Moussaoui