Lazreg Ghali,directeur de la police des frontières , »2766 étrangers ont été refoulés en 2012″

Lazreg Ghali,directeur de la police des frontières , »2766 étrangers ont été refoulés en 2012″

Les effectifs au niveau des frontières ont été considérablement renforcés

Dans cet entretien, le commissaire divisionnaire Lazreg Ghali, directeur de la police des frontières à la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), révèle que les dispositifs de sécurité au Sud, ont été renforcés en personnel et en matériels, suite aux événements et à l’évolution de la situation sécuritaire enregistrée au Mali, en Tunisie et en Libye.

L’Expression: Pouvez-vous nous expliquer quelles sont les missions de la PAF?

Lazreg Ghali: Pour les missions de la direction de la police des frontières, c’est le décret exécutif n° 92 – 72 du 31.10. 1992, portant mission et organisation de la direction générale de la Sûreté nationale, qui a défini les missions essentielles de la direction de la police des frontières et qui se résument comme suit: le contrôle de la circulation au niveau des points réguliers de passage aux frontières, des personnes, de leurs biens et de certaines marchandises spécifiques. La sécurité des ports, des aéroports et des postes frontaliers terrestres et ferroviaires. Dans le prolongement de ses missions de contrôle et de sécurité, la DPF est chargée de la lutte contre les criminalités survenant au niveau des sites frontaliers, à l’exemple du trafic illicite de stupéfiants, du mouvement illégal des capitaux, du trafic d’armes, de la migration clandestine, etc…Et contre les filières des migrations clandestines.

Comment se présente l’organisation de la direction de la police des frontières?

Au niveau central, cinq sous-directions: aériennes, terrestres, maritimes, sécurité des ports et aéroports, fichier et statistiques. Et trois bureaux spécialisés qui sont: logistique, personnel et formation et inspection. Au niveau régional, figurent huit services régionaux de police aux frontières (Srpf): Oran, Maghnia, Constantine, Souk Ahras, Ouargla, Illizi, Tamanrasset et Béchar. Enfin, deux brigades de police des frontières du port et de l’aéroport d’Alger ayant un rang de service régional de police des frontières. Au niveau local:36 aéroports, 20 ports et 26 postes terrestres.

La direction de la police des frontières est-elle suffisamment pourvue en effectifs et matériels pour faire face à la surveillance des frontières nationales qui connaissent plus de 7 800 km terrestres et 1 200 km de côtes maritimes?

Des commissariats de sécurité ont été créés au niveau des aéroports et des ports par le décret 95-192 du 10.07.1995, en qualité de présidents des comités locaux de sûreté, les CSA coordonnent les activités de sûreté avec les différents partenaires opérant sur site aéroportuaire, ils évaluent également le degré de menace et les moyens pour y faire face. Les commissaires de sécurité des ports, participent aux réunions des comités locaux de sûreté maritime et portuaire (Clsmp), présidées par les walis, ayant pour but notamment la sécurisation et la protection des navires et les installations portuaires, ils proposent et interviennent auprès des entreprises portuaires pour l’acquisition des équipements techniques de contrôle.

Avez-vous des statistiques sur les mouvements de personnes et les flux migratoires vers l’Algérie?

Durant l’année 2012, Il a été relevé le nombre global de 9 397 183 passagers entre entrées en territoire national et sorties, soit 7.188.611 mouvements de nationaux et 2.208.572 mouvements d’étrangers.

Il y a des dangers auxquels sont exposées nos frontières Est (Tunisie et Libye) et Sud (Mali) en raison des troubles dans ces pays. Comment faites-vous pour remédier à cette grave situation?

La sécurité aux frontières terrestres fait l’objet de rencontres périodiques au sein même des postes frontaliers, entre les services habilités des pays limitrophes, dans un cadre de concertation et d’échange de renseignements sur la situation sécuritaire tout au long de la bande frontalière.

Les dispositifs de sécurité au niveau des postes et brigades terrestres, relevant des services régionaux de police des frontières, notamment ceux implantés au Sud, ont été renforcés en personnel et en matériels suite aux événements et à l’évolution de la situation sécuritaire enregistrés au Mali, en Tunisie et en Libye.

Il est de notoriété publique que nos frontières Sud, notamment au niveau de la wilaya de Tamanrasset, connaissent un flux considérable d’Africains qui accèdent illégalement en territoire national ou sous couvert de faux documents et de faux visas, c’est l’immigration clandestine. Pouvez-vous nous situer l’ampleur de ce phénomène et les moyens à mettre en oeuvre pour y faire face?

Sur le plan régional, l’organisation de lutte contre ce phénomène s’effectue par le biais des brigades régionales d’investigation sur l’immigration clandestine, implantées au niveau des wilayas de Tamanrasset, Illizi, Tlemcen et Souk Ahras, en attendant la création d’autres brigades qui vont renforcer ce dispositif au niveau national. Ces brigades ont pour mission la lutte contre les filières d’immigration clandestine. Dans ce contexte, les services extérieurs de la direction de la police des frontières ont traité 182 affaires liées aux faux documents, 43 affaires liées à l’embarquement clandestin, 768 affaires liées au dépassement de séjour en territoire national, ainsi que 288 affaires liées à l’immigration clandestine.

De nombreux étrangers, notamment des Africains, admis en Algérie sous couvert d’un visa de voyage ne quittent plus le territoire national. Vos services disposent-ils d’un réseau informatique concernant cette catégorie d’étrangers et quelles sont les mesures prises pour y remédier?

Au cours de l’année considérée, 7 052 Algériens et 2 766 ressortissants étrangers, ont fait l’objet de mesures restrictives (refoulement, expulsion, reconduction aux frontières et rapatriement des nationaux et des étrangers au niveau des frontières). Les nationalités concernées par ces mesures sont en majorité de pays de l »Afrique du Nord et du Sahel, soit 1155 étrangers.

La police des frontières est-elle bien équipée pour faire face à la fraude documentaire sous toutes ses formes, notamment les faux documents de voyage?

Les services de police des frontières disposent de détecteurs ultra-violet et des docu-box ainsi que les nouveaux moyens réservés au contrôle biométrique (lecteurs de passeports biométriques), pour la lutte contre la fraude documentaire.

Ils disposent également de brigades cynophiles, dont la mission principale est l’inspection des bagages des passagers et même des véhicules accédant à l’enceinte aéroportuaire pour faire face à toute tentative d’intrusion de matière explosive ou de stupéfiants.

Vous pouvez nous donner le nombre d’affaires enregistrées à votre niveau?

Durant l’année 2012, les services extérieurs de la DPF ont eu à traiter 2 247 affaires (répression de la criminalité), qui se sont traduites par l’interpellation, l’arrestation et la présentation de 2 474 individus. A titre d’exemple, les taux de saisies les plus élevés ont été enregistrés au niveau de l’aéroport d’Alger Houari-Boumediene, qui se résument comme suit: 24 affaires de trafic de capitaux, avec un total de sommes saisies évaluées à 747.880 euros-73 570 dollars et 33 150 livres sterling;.sept affaires de trafic de stupéfiants avec des quantités saisies de 14.616 grammes de cocaïne-82.07 grammes de cannabis-279.3 grammes de kif traité et 2488 pilules de méthamphetamines; six affaires de contrebande de métaux précieux avec une quantité de métal jaune de 6130.63 grammes.