De manière équitable, la viande est répartie entre les villageois dans une ambiance conviviale
En ce dernier jour de janvier, le village Mezgoug réunissait ses enfants pour rééditer pour la troisième fois consécutive, un événement qui ne s’est pas reproduit depuis 43 ans.
Fidèle aux traditions les plus nobles de la société kabyle, les habitants de Mezgoug, un village de la commune de Tibane, ont, encore une fois, fait preuve d’esprit de solidarité et d’entre-aide en sacrifiant trois boeufs, don d’un villageois qui a requis l’anonymat. Dans ces contrées situées sur les hauteurs de la vallée de la Soummam, on ne se vante pas d’une charité, quelle que soit sa valeur. En trois phases, l’événement a réuni tous les fils et filles d’un même village pour partager équitablement le travail, la viande et la fête. C’était autant de moments qui ont toujours distingué le Kabyle. En ce jour, qui boucle le premier mois de l’année 2013, le village Mezgoug réunissait ses enfants pour rééditer pour la troisième fois consécutive, un événement qui ne s’est pas reproduit depuis 43 ans.
Le comité de village, à sa tête Faïd Mansour et l’association religieuse, conduite par l’infatigable Hadj Salah, soutenus par les jeunes du village, venaient de réussir le pari de maintenir une tradition, ô combien importante pour tous les villageois. Lawziaâ a eu lieu, cette fois-ci grâce à un don d’un villageois et quel don! Puisqu’il s’agit de trois boeufs généreusement offerts. Cette fois-ci, tout le monde est dispensé de cotisation et toutes les familles, dont le nombre dépasserait les 300, auront leur part de viande. A ce sujet, Hadj Salah, le président de l’association, notera avec assurance, tout en remerciant le bienfaiteur, que «la tradition timechret demeurera encore des années maintenant qu’elle est réhabilitée», ajoutant que «nous avons jugé bon de permettre aux riches comme aux pauvres de renouer avec la joie et la solidarité».
Pour joindre l’utile à l’agréable, l’association culturelle, avec Barkou Youva à sa tête, a aussi prévu un gala artistique sanctionnant un événement qui continue à mobiliser sincèrement tous les fils du village. Placée sous le signe de la cohésion et de la fraternité, cette fête était un rendez-vous d’attachement, d’union et «tagmats» dans une ambiance de joie, d’harmonie et de rires.
Elle constitue une bonne occasion pour resserrer les rangs entre les enfants d’un même village. C’est comme si chacun devait apporter sa part de grains, ne serait-ce que par des mots. Le lendemain vendredi, c’est la journée du partage.
De manière équitable, la viande est répartie entre les villageois dans une ambiance conviviale qui se lisait sur les visages. Après quoi, la fête a commencé.
D’un côté, les hommes et de l’autre, les femmes, l’assistance ne tardera pas à réagir à la rythmique de l’artiste. On y chante et on y danse sans aucun complexe. C’est aussi ça l’autre charme de la Kabylie. Tous en piste dans une ambiance qui n’a de valeur que celle des moments forts de joie.
Femmes, jeunes et moins jeunes dansaient côte à côte comme pour dire que la modernité et la tradition peuvent faire bon ménage.
Mezgoug venait de vivre pour la 3e fois consécutive un moment fort qui n’a de valeur que de ressusciter l’espoir quant à la réhabilitation des valeurs de la société kabyle que beaucoup disent disparues à jamais. A Mezgoug, on dit non! Elles sont toujours là.
Les citoyens de ce village, surtout les jeunes ont donné une fois de plus la preuve. Comme à chaque événement, on n’oublie pas d’honorer comme il se doit la mémoire de ceux qui ont choisi le sacrifice suprême pour que vivent les générations futures dans la dignité et la liberté.
Ceux d’hier et les plus récents des enfants du village partis pour un idéal commun sont cités, comme pour dire qu’ils sont encore là, vivant parmi nous. C’est comme ça à Mezgoug. Ça sera comme cela des années encore tant que vivent les hommes et les femmes.