L’avion présidentiel polonais, avec quatre-vingt-dix-sept passagers à bord, s’est écrasé hier matin en Russie. Il n’y a aucun survivant, selon les autorités polonaises et russes.
La disparition soudaine du président polonais Lech Kaczynski, ainsi que plusieurs hauts responsables du pays, notamment militaires, dans le crash samedi matin de l’avion présidentiel dans une forêt près de la ville russe de Smolensk (ouest de la Russie) est un coup dur pour la Pologne, pays de l’ex-pacte de Varsovie aujourd’hui membre des 27 de l’UE. Pour de nombreux dirigeants européens ainsi que pour les responsables américains, cet accident est troublant.
Samedi matin, le président polonais Lech Kaczynski, ainsi que plusieurs hauts responsables du pays, civils et militaires, ont péri dans ce crash : parmi les victimes figurent également le président de la Banque centrale polonaise, Slawomir Skrzypek, et le chef d’état-major des forces armées, Franciszek Gagor, ainsi que les principaux chefs de l’armée polonaise, selon les autorités du pays.
«96 personnes, dont 88 membres de la délégation polonaise, se trouvaient à bord de l’avion Tupolev-154 qui s’est écrasé près de Smolensk», a précisé de son côté un porte-parole du ministère russe des Situations d’urgence.
«Il n’y a aucun survivant», a indiqué la porte-parole du ministère, Irina Andrianova. En fait, selon des informations confirmées à Varsovie, les principaux chefs de l’armée polonaise ont péri avec le président Lech Kaczynski, selon une liste des passagers de l’avion, publiée par le gouvernement.
Outre le général Franciszek Gagor, chef d’état-major, il y a également le général Bronislaw Kwiatkowski, chef des forces opérationnelles de la Pologne, pays devenu membre de l’Otan. Les généraux Tadeusz Buk, chef de l’armée de terre, Andrzej Blasik, chef des forces aériennes et Wojciech Potasinki, chef des forces spéciales, se trouvent aussi parmi les victimes, ainsi que le vice-amiral Andrzej Karweta, commandant en chef de la marine de guerre. La Pologne a été, de l’avis de nombreux observateurs, décapitée en une seule fois.
«La direction de l’état-major de l’armée polonaise se réunit aujourd’hui. Face à cette situation de crise, elle prendra les décisions appropriées», selon un porte parole de l’armée polonaise. Une erreur du pilote pourrait être à l’origine de la catastrophe, a rapporté l’agence RIA Novosti, citant une source dans les forces de l’ordre russes.
«L’avion a accroché le sommet des arbres, il s’est écrasé et a pris feu», selon le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères, Piotr Paszkowski. L’avion est tombé à 10h50 locales (06h50 GMT) près de la piste d’atterrissage, à l’extrémité de la ville de Petchersk, située à quelques kilomètres de Smolensk.
L’appareil effectuait l’atterrissage «dans les conditions d’un épais brouillard», a précisé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
L’agence russe Interfax a pour sa part rapporté que les autorités (russes) proposaient à l’équipage polonais d’atterrir à Minsk ou à Moscou en raison du brouillard, mais le pilote a décidé d’atterrir près de Smolensk. Il est tombé lors de sa quatrième tentative d’atterrissage, selon Interfax.
Le président polonais, son épouse et nombre d’autres hauts responsables polonais se rendaient à Katyn, près de Smolensk, pour prendre part aux cérémonies de commémoration du 70e anniversaire de la tragédie de Katyn, près de la frontière biélorusse, au cours de laquelle plus de 20.000 officiers, policiers et civils polonais ont été fusillés en 1940, au début de la Seconde Guerre mondiale, par le NKVD, la police politique soviétique, à l’époque de Staline.
Dans le monde, c’est la consternation. Pour le président américain, Barack Obama, le président Kaczynski, écrit-il, «était un homme d’Etat qui a joué un rôleclé dans le mouvement Solidarité, et qui était très admiré aux Etats-Unis en tant que dirigeant dévoué à la liberté et la dignité de l’homme».
Le fait que la délégation polonaise se rendait à Katyn pour commémorer le massacre d’officiers polonais il y a 70 ans «témoigne de la force du peuple polonais». Angela Merkel, la chancelière allemande, s’est déclarée «consternée et surprise. C’est une tragédie humaine et politique pour la Pologne», a-t-elle estimé, alors que le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon s’est dit «choqué» par la mort du président polonais.
Les deux boîtes noires de l’avion ont été retrouvées et seront analysées par une commission d’enquête mise en place par le président russe Medvedev, qui avait, «immédiatement informé» du crash, dépêché le ministre des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, sur les lieux du drame. En attendant les conclusions de la commission d’enquête, les plus folles rumeurs courent sur ce crash.
Yazid Alilat