L’aviation française dans le ciel libyen,Guerre à nos frontières

L’aviation française dans le ciel libyen,Guerre à nos frontières
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C’est décidé. Le sommet d’urgence à Paris s’est terminé par un accord sur des frappes aériennes sur la Libye prévues juste après la fin du sommet.

Les dirigeants occidentaux et arabes sont parvenus hier, en fin d’après-midi, à s’entendre sur une action militaire ciblée contre la Libye. Selon la même source, «des frappes aériennes sont prévues juste après le sommet de Paris».

Des pays réunis à Paris pour discuter des actions à mener en Libye effectueront des frappes dès la fin de la conférence. «Les frappes commenceront vers 15 heures ou 16 heures (14 heures ou 15 heures GMT)», ont rapporté des agences.

Cette même source a également affirmé que l’avancée des forces de Mouammar Kaddafi dans Benghazi ces dernières heures posait «de grandes difficultés» et que la France, la Grande-Bretagne et le Canada effectueraient les premières frappes et «les Etats-Unis suivront très vite», précisant que des pays arabes participeront aussi aux opérations, mais plus tard.

Aux environs de 15h (heure algérienne), une source militaire française citée par Le Figaro et le JDD avaient affirmé que plusieurs avions de chasse Rafale de l’armée française ont survolé «l’ensemble du territoire libyen» pour des missions de reconnaissance.

Le sommet d’urgence regroupant les dirigeants occidentaux et arabes consacré à la Libye s’est donc ouvert hier en début d’après-midi à Paris, à l’initiative de la France, pour examiner la mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant le recours à la force contre ce pays. Dans la matinée d’hier, le président français Nicolas Sarkozy avait réuni le Chef du gouvernement britannique David Cameron, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton et son chef de diplomatie Alain Juppé pour préparer le sommet.

Ces personnalités représentent les pays les plus en pointe dans l’offensive diplomatique menée depuis plusieurs jours contre la Libye pour évoquer la formation d’une coalition militaire pour d’éventuelles actions contre la Libye.

Le débat pourrait porter aussi sur un éventuel partage des rôles entre cette coalition en cours de création et l’OTAN à qui pourraient revenir le commandement et le lieu où se ferait la coordination de cette action militaire

Le dispositif militaire des alliés prêt à l’emploi

Avant-hier, la coalition menée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, apportait la dernière touche au dispositif militaire destiné à lancer des frappes ciblées contre le régime du colonel Kaddafi.

«Tout est prêt pour une action militaire», avait alors confirmé le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. De son côté, Londres a insisté pour que l’OTAN joue un rôle majeur dans l’intervention, les Français veulent écarter l’Alliance au profit d’un système de commandement multinational, estimant qu’elle n’est pas l’organisation la plus adéquate pour ouvrir un nouveau front dans le monde arabe.

26 morts et plus de 40 blessés à Benghazi

Deux jours après le vote de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, Kaddafi rompt l’accord du cessez-le-feu. Les forces armées loyalistes ont marché hier sur Benghazi, fief des insurgés, malgré le cessez-le-feu annoncé avant-hier par le gouvernement libyen.

Tôt dans la matinée, des tirs d’artillerie ainsi que les bombardements aériens ont ciblé la ville de Benghazi. Un avion militaire a ensuite survolé à basse altitude la ville avant une nouvelle série d’explosions puissantes, et a fini par s’écraser, rapportent les agences. Un avion qui, selon des informations parvenues à la mi-journée d’hier, appartenait aux rebelles.

Au fur et mesure que les heures passaient, les combats faisaient rage à Benghazi et les quartiers résidentiels proches de Benghazi étaient frappés par arme lourde par les forces loyales à Kaddafi. De ce fait, l’hôpital Jala de Benghazi a fait état hier de pas moins de 26 morts et 40 blessés à la suite du bombardement de cette ville de l’est de la Libye.

Par ailleurs, selon des agences de presse, 27 rebelles ont été également tués lors d’une offensive des forces libyennes à Misrata, ville située à quelque 200 km à l’est de la capitale Tripoli. En outre, les pro-Kaddafi ont aussi avancé sur Zenten et pilonné les abords de cette ville, au sud-ouest de Tripoli, sous contrôle de l’opposition, poussant à la fuite ses habitants, a rapporté l’AFP citant un témoin sur place.

Suite à cette situation, des centaines de personnes ont fui Benghazi, formant des files d’attente devant les stations-services et les boulangeries pour s’approvisionner avant de prendre la route menant vers Tobrouk, ville distante de 350 km vers l’Est et l’Egypte.

Tripoli affirme respecter le cessez-le-feu

En dépit de la poursuite des combats, Tripoli affirme respecter le cessez-le-feu et demande à Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, l’envoi d’observateurs. Le gouvernement libyen estime avoir rempli tous ses engagements vis-à-vis de la résolution de l’ONU.

Alors qu’officiellement le régime libyen, sous la menace de frappes aériennes après une résolution de l’ONU, a annoncé vendredi un cessez-le-feu, accusant les insurgés de le violer, Washington affirmait que Tripoli ne respectait pas la trêve. Même si Tripoli semble afficher une position docile à cette résolution en affirmant que «l’armée n’entreprend aucune action contre eux, parce que nous ne voulons pas violer le cessez-le-feu».

Le régime de Tripoli, par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaaim, a accusé dans la nuit de vendredi à samedi les insurgés de violer le cessez-le-feu en s’attaquant à des forces loyales au régime dans la région d’Al-Magrun, à environ 80 km au sud de Benghazi.

Face à cette situation, les insurgés lèvent la voix et s’interrogent sur une riposte occidentale qui tarde à se concrétiser. Aussi, Moustafa Abdeldjeïl, chef du Conseil national libyen formé par les insurgés, affirmera à la chaîne quatarie Al Jazeera qu’«il y a actuellement un bombardement à l’artillerie et à la roquette sur tous les quartiers de Benghazi, et la communauté internationale tarde à intervenir pour protéger les civils face aux forces de Kaddafi», avertissant qu’«il y aura aujourd’hui une catastrophe à Benghazi si la communauté internationale ne met pas en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU».

Kaddafi met en garde Londres et Paris

Mouammar Kaddafi, lui, affichera un ton menaçant en direction de la communauté internationale. Dans un message «urgent» adressé aux présidents américain et français, au Premier ministre britannique et au secrétaire général de l’ONU, Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement libyen citant «le guide», dira : «Si vous intervenez dans notre pays, vous le regretterez».

Kaddafi, dans son message, parlera alors d’une «une injustice» et d’«une agression manifeste», ajoutant que «tout le peuple libyen est avec moi et ils sont prêts à mourir pour moi, les hommes, les femmes et les enfants».

Le gouvernement libyen, pour sa part, parle de réaction régionale. Ainsi, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Khaled Kaaim, dans une interview à la radio BBC 4, avancera que «si une attaque de l’étranger avait lieu ou une intervention étrangère, ce ne sont pas seulement les Libyens qui se battraient mais vous verrez des Algériens, des Tunisiens, des Egyptiens… Tous prendraient part aux combats sur le sol libyen».

Concluant : «Vous regretterez toute initiative vous conduisant à une ingérence dans nos affaires intérieures». Dans ce contexte, l’agence officielle libyenne Jana a affirmé hier que des foules de Libyens convergent vers des cibles potentielles de frappes étrangères.

L’Algérie prend acte de la résolution du Conseil de sécurité

Un communiqué du ministère des Affaires étrangères a indiqué hier que l’Algérie «prend acte» de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies et «partage pleinement l’objectif de cessation immédiate des violences fratricides» en Libye.

La même source souligne que «partie prenante aux efforts de la Ligue des Etats arabes et de l’Union africaine, l’Algérie apportera sa contribution à tout effort de règlement visant à favoriser une réponse aux aspirations du peuple libyen frère dans le cadre du respect de sa souveraineté et de son unité et de la préservation de l’intégrité territoriale de son pays». Rappelons à ce sujet que «l’Algérie réaffirme, à cet égard, qu’il revient au peuple libyen de décider par la voie du dialogue national de son devenir».

Par Lynda N. Bourebrab