L’avenir des relations algéro-françaises: Le déni, en attendant la repentance

L’avenir des relations algéro-françaises: Le déni, en attendant la repentance

Cinquante-cinq ans après l’indépendance, les relations algéro-françaises connaissent une évolution sans précédent, notamment en matière de mémoire.

 

Le geste de l’actuel président français, Emmanuel Macron, qui avait qualifié la colonisation française de «crime contre l’humanité», a ouvert une nouvelle page dans les relations bilatérales. Lors de son déplacement à Alger, en février 2017, dans le cadre de la campagne présidentielle française, Emmanuel Macron a été sévèrement critiqué par de nombreuses parties françaises, pour ses propos. Le leader d’En Marche! avait estimé que la France devait présenter «ses excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels (elle a) commis ces gestes de barbarie». «C’est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes», a-t-il dénoncé. Des mots très forts, mais qui ne traduisaient pas une condamnation sans réserve pour autant. En effet, il n’avait fait que tempérer ses propos dans la foulée, empruntant ce qu’il a lui-même appelé un «chemin de crête». Cependant, Macron avait indiqué qu’il ne voulait pas tomber en reconnaissant ce crime «dans la culture de la culpabilisation sur laquelle on ne construit rien». Va-t-il être, donc, le premier président français à se repentir des crimes commis contre les Algériens, lors de la période coloniale ? A priori, on ne doit pas s’attendre à ce que Macron le fasse. Vu que lors du débat de l’entre-deux-tours, au cours des élections présidentielles, contre Marine Le Pen, il est revenu sur ses déclarations au sujet de la guerre d’Algérie. «Il y a eu des drames durant cette guerre. Je veux passer à une autre étape. Je ne veux pas rester dans cette guerre des mémoires.

Je ne suis ni dans la repentance, ni dans le déni», a précisé Emmanuel Macron. Il semble avoir emboîté le pas à son prédécesseur, François Hollande, en décembre 2012, lors- qu’il s’est contenté de dénoncer devant le Parlement algérien, un système colonial «injuste et brutal». Il a reconnu «les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien». Parmi ces souffrances, il a cité «les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata» qui «demeurent ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens», avait-il indiqué. Pour ce qui est des relations bilatérales, Macron a fait part de sa volonté de porter une vision d’avenir au partenariat entre l’Algérie et la France. «Ma volonté est de porter une vision ouverte, dynamique et d’avenir pour donner plus de densité au partenariat entre l’Algérie et la France», avait-il indiqué. Du côté algérien, les voix qui s’élevaient auparavant pour exiger de la France des excuses se font de plus en plus rares. Il est vrai, par ailleurs, que l’évolution des relations algéro-françaises obéit, de chaque côté, à une vision stratégique. Seules des associations de droits de l’homme ont appelé à la restitution des «crânes» des centaines de martyrs algériens, exposés au Musée de Paris. Ce qui est sûr pour l’avenir de leurs relations bilatérales, c’est que leur développement n’est pas dicté par des impératifs liés à une conjoncture politique particulière.