L’avenir d’ArcelorMittal Algérie est incertain

L’avenir d’ArcelorMittal Algérie est incertain
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ArcelorMittal Algérie se trouve en grande difficulté. Face au risque de dépôt de bilan, l’Etat algérien, minoritaire dans le capital, choisit d’intervenir.

ALGÉRIE. Rien ne va plus à ArcelorMittal Annaba. Le Directeur général, Vincent Le Goïc, a déposé dimanche 8 janvier 2012 une demande de cessation de paiement auprès du tribunal d’El Hadjar.

Cette action intervient à la suite d’une demande de prêt d’un montant de 140 M€ formulée par l’entreprise à la Banque extérieure d’Algérie (BEA). La BEA a répondu favorablement à hauteur de 50 M€ . Mais elle a conditionné un éventuel accord sur le reste du montant par l’apport de garanties de la part d’ArcelorMittal.

L’entreprise ne pouvait hypothéquer le terrain sur laquelle l’usine est bâtie car ce terrain appartient à l’Etat algérien. La BEA a donc demandé aux dirigeants de la filiale algérienne d’ArcelorMittal de s’adresser à la maison-mère afin d’apporter d’autres garanties.

La décision du géant mondial de la sidérurgie de déposer une demande de cessation de paiement équivaut à un refus d’apporter de telles garanties à la BEA. Des solutions existent, selon le PDG de la banque publique algérienne. ArcelorMittal a en effet contracté une dette de 90 M€ auprès de Société générale Algérie, en échange d’une garantie internationale de 120 M$.

La BEA a proposé de racheter la dette souscrite auprès de Société générale Algérie en échange de parts de capital du complexe. Mais l’entreprise a refusé.

Le PDG de la BEA a accusé le groupe sidérurgique de tenter de transférer ses propres contraintes financières sur sa banque et a considéré qu’« il est anormal qu’ArcelorMittal refuse de réserver à la BEA le même traitement que celui administré au confrère privé ».

Mais l’affaire n’en est pas restée au simple stade de controverse financière et commerciale.

L’affaire devient politique

Le risque de dépôt de bilan étant réel, le gouvernement algérien était obligé d’intervenir. Il est en effet actionnaire minoritaire, à hauteur de 30%, au sein du complexe sidérurgique d’El Hadjar situé à 600 km à l’Est d’Alger.

Le complexe emploie par ailleurs 7 000 salariés qui disposent d’un syndicat d’entreprise dynamique qui a mené plusieurs mouvements de grèves ces dernières années.

Son secrétaire général, Smaïl Kouadria, a expliqué dès le départ que les travailleurs n’assisteraient pas les bras croisés à la mise à mort du complexe.

La situation sociale du pays étant délicate et la situation politique assez sensible, les autorités ont réagi. Le Premier ministre a déclaré : « Je peux le dire et je le dis avec force, l’Etat algérien n’assistera pas (sans réagir) à la disparition d’El Hadjar ».

La possibilité d’une récupération du complexe par l’Etat algérien ressurgit. Le syndicat d’entreprise a salué ces déclarations.

La direction du complexe acceptera-t-elle de fournir les garanties suffisantes pour sortir de cette crise ? Ne s’achemine-t-on pas plutôt vers une remise en cause de l’accord de partenariat entre le groupe sidérurgique indien – MittalSteel auquel succèdera ArcelorMittal et l’Etat algérien – accord entré en vigueur en 2001 et reconduit en 2011 ?

L’avenir ne tardera pas à répondre à ces questions.