L’avant-projet de loi sur l’information,Les députés et Mehal croisent le fer

L’avant-projet de loi sur l’information,Les députés et Mehal croisent le fer

La liberté de la presse n’est pas le monopole de certains Le ministre de la Communication défend son projet, l’opposition tire à boulets rouges, les professionnels du secteur sont sceptiques alors que l’Alliance présidentielle est divisée.

L’avant-projet de loi sur l’information suscite un large débat à l’APN. Le texte en question a provoqué hier des réactions controversées à l’hémicycle au premier jour des débats.

Nacer Mehal, ministre de la Communication, défend son projet, l’opposition tire à boulets rouges, les professionnels du secteur sont sceptiques alors que l’Alliance présidentielle est divisée. Lors de son intervention, M.Mehal a saisi cette tribune pour répondre «à certains éternels professionnels du doute» pour leur dire que la défense de toutes les libertés et en particulier la liberté de la presse n’est pas le monopole de certains et qui est interdit aux autres. «Il est libre à chacun de qualifier comme il veut le nouveau texte. Moi j’ai un avis et je qualifie cette loi d’une avancée», a-t-il dit, dans une déclaration à la presse, en marge des débats. Et de justifier son opinion par le fait qu’elle impose un retour aux autorités de régulation et qu’elle assure une meilleure protection aux journalistes. Tout en rappelant les critiques formulées sur la loi de 1990 qui a été qualifiée de Code pénal bis, M.Mehal a indiqué, à ce sujet, qu’en application de la décision du président de la République, toutes les peines privatives de liberté prévues par les articles 77 à 99 de la loi 90-07 ont été supprimées. «Toutes les libertés sont acquises par rapport à l’ancienne loi qui prévoyait des peines de prison. Le nouveau texte élimine, sur décision du président de la République, toutes ces dispositions. Je ne comprends pas pourquoi parler d’une régression», a t-il défendu. Et de préciser que seules les peines d’amendes ont été retenues pour assurer aux personnes diffamées de se défendre. «Il reste des amendes, mais sachez qu’aucune règle professionnelle ne donne le droit au journaliste de porter atteinte à l’honneur et dignité des gens. Aujourd’hui, on fait le chantage avec les écrits», a-t-il déploré.

Défendant son projet et la politique du gouvernement, M.Mehal a «réitéré l’engagement du gouvernement à respecter toutes les libertés, en premier lieu la liberté d’expression».

Quant au statut du journaliste, le ministre s’est montré favorable à améliorer les textes en vigueur. «Je suis de ceux qui pensent que les lois sont évolutives», a-t-il affirmé. Ces avis n’étaient pas forcément partagés par les députés qui demandent un plus. Saâd Arous, du FNA, propose que toutes les poursuites judiciaires à l’encontre des journalistes soient levées et que ces derniers soient protégés de toutes les pressions politiques dont ils pourraient faire l’objet. Le même élu défend l’idée que la liberté de la presse reflète la réelle image de la démocratie et de la pratique politique en Algérie. Il dénonce, par la même occasion, la présence de certains parasites qui font de la presse un fonds de commerce pour amasser des fortunes à partir des revenus de la publicité. Dalila Saoudi, députée indépendante, souhaite qu’on attribue plus de champ de liberté à la presse pour qu’elle puisse jouer son rôle librement et contribuer à l’ancrage de la démocratie dans le pays. Elle a proposé la suppression des articles inclus dans les dispositions pénales. Pour elle, les amendes introduites dans la nouvelle loi conduisent le journaliste directement en prison. Elle explique qu’en cas de non-paiement des amendes, le journaliste est exposé à un emprisonnement conformément aux sanctions que prévoit le Code pénal.

Les députés du Mouvement de la société pour la paix étaient les plus virulents. Le parti de Soltani n’a pas été tendre avec le gouvernement au point de se positionner dans le camp des opposants et non pas au sein de l’Alliance présidentielle. Pour M.Guergouri, le nouveau texte réaffirme la volonté et l’intention de l’Etat d’avoir toujours une mainmise sur la profession. Le même député estime que le texte est une coquille vide qui ne répond pas aux aspirations de la corporation ni à celles de la société algérienne. «Le texte est en deçà des aspirations démocratiques, vu qu’il n’apporte aucune nouveauté comparativement à celui en vigueur», a-t-il dénoncé. Même son de cloche chez son ami M.Belkadi également député du MSP. Il se désole d’avoir à constater une régression flagrante dans les libertés acquises. Il dénonce le contrôle de l’administration sur le secteur.

M.Belkadi dénonce certains articles comme celui relatif à la nomination des membres de l’Autorité de régulation. «Il est injuste que les membres de l’Autorité de régulation ne soient pas nommés par la corporation.» Entre partisans et détracteurs de cette nouvelle loi, les premiers concernés agissent en dehors de l’APN où une trentaine de journalistes ont organisé un rassemblement silencieux à une vingtaine de mètres de l’hémicycle. Ces derniers demandent la révision globale de cet avant-projet.