L’autre visage de la colonisation

L’autre visage de la colonisation

Présenté dans la soirée de ce samedi 17 janvier, à l’université de Batna, le film documentaire Merci pour la civilisation de Nazim Souissi et de Zineb Merzouk, dévoile le caractère destructeur de la colonisation française en Algérie, présentée alors comme une « expédition civilisatrice ».

L’œuvre Merci pour la civilisation se présente comme un récit. L’explosion du Fort l’empereur à Alger, le 4 juillet 1830 au matin, annonce la fin de la résistance algérienne et celle de l’avenir de générations d’Algériens qui vont vivre 132 ans sous le joug colonial. Après une journée de tractations, le Dey d’Alger capitule et le 5 juillet, à midi, l’armée française entre à Alger.

Comment s’est passé le premier contact avec la population algéroise ? Quels sont les événements qui ont marqué les premiers jours et les premiers mois de la colonisation ? Ce documentaire propose un éclairage sur les premières années de la présence française en Algérie, entre 1830 et 1834, lorsque l’occupation est restreinte et incertaine.

Soutenu par des témoignages de l’époque, le film revient sur une période violente qui a bouleversé le destin de tout un peuple. Durant les premières années de la colonisation, l’Algérie a vu ses élites exilés, son savoir-faire industriel et artisanal anéantis, son identité bousculée et ses populations passées au rang d’individus de seconde zone.

Au cours du débat qui a suivi la projection au centre de recherche scientifique de l’université de Batna, le réalisateur Nazim Souissi a présenté son film comme un est un éclairage sur une période qui n’est pas assez connue, elle est parfois occultée par certains historiens français « intéressés » en raison des exactions, souvent atroces, commises par les « civilisateurs » et que les auteurs ont voulu rappeler au jeune public algérien.

Au cours de ce débat, organisé dans le cadre du Forum Culturel Auressien (FCA) sur une initiative de l’association des Amis d’Imedghassen et de l’université de Batna, le réalisateur s’est réjoui du fait de la réaction des universitaires, des chercheurs en histoire, d’intellectuels et d’étudiants, l’objectif étant « largement atteint ».

Pour Nazim Souissi, nombreux sont ceux qui ont « découvert pour la première fois des faits et des détails qui donnent un éclairage nouveau à cette période précise qui a bouleversé le destin de tout un peuple ».

Ce film est construit en une succession de séquences indépendantes les unes des autres, mais constituant chacune un exemple édifiant et montrant plusieurs visages du fait prétendu civilisateur de la France. Selon le réalisateur, il s’agit de « multiplier les passerelles entre le passé et le présent, d’éclairer certaines zones d’ombre et de rompre avec la vision coloniale en synthétisant les résultats de quelques recherches entreprises autour de la question de la colonisation de l’Algérie ».

En portant un intérêt marqué à des aspects « sous-analysés » du fait colonial, les deux auteurs refusent manifestement de cautionner l’occultation du caractère particulièrement sauvage du colonisateur durant les toutes premières années de la conquête française commandée par le général de Bourmont.

Le réalisateur N. Souissi a rappelé la volonté de la France coloniale de s’approprier l’histoire de l’Algérie en s’emparant des archives de cette période d’occupation. Une période qui constitue un pan important de l’histoire de la colonisation que certains veulent dissimuler dans une tentative de brouiller les repères de l’identité algérienne. Le réalisateur a également affirmé : « On continue de nos jours à tuer des gens et à tenter d’étouffer l’histoire de grandes civilisations tout en développant des discours pour se dédouaner en dépravant l’histoire et en prétendant vouloir aider les gens ».

Merci pour la civilisation !

Documentaire de Nazim Souissi et Zineb Merzouk

Réalisé par Nazim Souissi

Genre : film documentaire indépendant

Production : Mouton noir communication

Auteurs : Nazim Souissi et Zineb Merzouk

Durée : 73mn

Intervenants : Brahim Senouci – universitaire, Dahou Djerbal, Fouad Soufi – historiens, Kamel Boucham – écrivain, Ghanem Laribi – architecte paysagiste.