L’autoroute Est-Ouest compromettrait les activités commerciales

L’autoroute Est-Ouest compromettrait les activités commerciales

Compte tenu de sa position géographique, à une centaine de kilomètres de la capitale et carrefour de desserte des wilayas de l’Est et du Sud-Est, la wilaya de Bouira, connue pour sa vocation agropastorale, dispose de beaucoup d’atouts stratégiques qui la placent au centre d’une dynamique régionale dont la colonne vertébrale se trouve être son réseau routier qui la met en contact avec toutes les contrées limitrophes.

Selon les statistiques présentées jusqu’à une date récente par les services des travaux publics, le réseau routier total de la wilaya de Bouira a atteint les 2 225 km, représentant 35 chemins de wilaya, 50 chemins communaux et 16 routes nationales, auxquels s’ajoutent les pistes rurales et agricoles réalisées depuis des années pour constituer l’ossature du développement et désenclaver les différentes localités de la région, car nul n’ignore que c’est par la route que vient le développement.

Au fur et à mesure de la croissance des échanges et des besoins des populations en infrastructures adéquates pour se déplacer à travers les agglomérations ou pour transporter des marchandises (matières premières et énergétiques, alimentaires et autres articles…), la nécessité de l’inscription de nouveaux projets de route s’impose pour les responsables.

Cela au moment où l’autre nerf du transport des pays développés, à savoir le transport ferroviaire, est en recul dans la région, telle que la ligne Bouira-Sour El Ghozlane qui a été carrément supprimée de la carte géographique, même si son tracé subsiste à nos jours.

Cependant, les responsables rassurent sur la réhabilitation qui touchera la wilaya de Bouira, en matière de transport ferroviaire.

La wilaya de Bouira sera directement touchée par la ligne à grande vitesse (LGV), programmée entre Bordj Bou Arréridj et Alger et on annonce aussi la réalisation d’une autre ligne de chemin de fer qui passera par la localité de Taghzout, et la réhabilitation de la ligne Bouira-Sour El Ghozlane, dont on ne cesse de parler dans les bureaux de l’administration locale.

Jusqu’à l’été 2008, période au cours de laquelle le président de la République avait inauguré le tronçon de l’autoroute Est-Ouest entre Lakhdaria et Bouira, sur une distance de 30 km, la principale route nationale qui traverse la wilaya de Bouira est la RN5 (Alger-Constantine) qui était connue pour son trafic dense et l’activité économique qui se développait sur cet axe depuis des années.

Viennent après les routes nationales : la RN26 entre Bouira et Béjaïa, la RN18 (Bouira-Khemis Miliana) en passant par Médéa, la RN8 entre Alger et Boussaada en passant par Bouira et les trois routes nationales montagneuses (RN30, 33 et 15) reliant Bouira et Tizi Ouzou.

Toutefois, sur le plan de l’économie locale, la mise en service du projet de l’autoroute Est-Ouest ne va pas avoir uniquement des répercussions positives sur toutes les villes de la wilaya de Bouira traversées par la RN5 et qui sont situées près du tracé de l’autoroute.

A peine quelques tronçons sont ouverts à la circulation, dans le besoin urgent de diminuer le trafic sur la RN5 où plusieurs agglomérations urbaines et villes qui tiraient, par le passé, un grand bénéfice de cette route nationale, grâce à des activités de prestation de services telles que la vulcanisation, les réparations mécaniques ainsi que les stations-service et les relais routiers sans oublier l’implantation de centaines de commerces florissants qui avaient donné un souffle aux métiers traditionnels.

Comme la poterie qui a connu un développement immense et qui constitue une ressource pour de nombreux fabricants et revendeurs de la poterie artisanale, ainsi que le commerce de robes traditionnelles qui s’est développé en un temps record, au niveau de la ville d’Aomar.

En effet, nous avons constaté dernièrement que plusieurs de ces activités ont déserté les lieux, après la mise en service des premiers tronçons de l’autoroute.

D’autre part, les propriétaires de restaurant, cafétéria, magasin d’alimentation générale, fruits et légumes présagent des horizons incertains, d’autres ont préféré cesser leur activité.

«Le bonheur des uns fait le malheur des autres», a indiqué l’un d’entre eux. L’ouverture totale de l’autoroute qui aura peut-être lieu en 2010 ferait le bonheur des automobilistes mais elle éloignerait une clientèle potentielle et signera l’arrêt de mort pour les nombreuses familles qui vivent de ces activités.

Dans le côté est de la wilaya, les mêmes appréhensions sont faites par les commerçants, les prestataires de services, les oléifacteurs et les fabricants des localités d’Ighrem, Ahnif, et El Adjiba dans la daïra de M’Chedallah. Sur le tronçon de la RN5 qui passe par ces localités, s’est développée depuis des années une riche activité commerciale, agricole et artisanale, notamment le commerce de l’huile d’olive et autres produits du terroir qui ont fait sortir cette région de l’anonymat et fait travailler des centaines de jeunes qui étaient livrés au chômage.

Nacer Haniche