L’auto-intoxication des Algériens continue !

L’auto-intoxication des Algériens continue !

Avant, dans un passé récent, l’on ignorait le véritable contenu de certains produits alimentaires et parfois même leur véritable provenance. Mais aussi et surtout on avait des soupçons sur les intrants qui concernaient les composants des produits consommés. La raison ? Il s’agissait de produits importés.

Amel Bentolba – Oran (Le Soir) – Concernant la consommation et l’encouragement à consommer «Made In Bladi», le consommateur devrait se sentir plus en «sécurité» mais en réalité, il en est rien si l’on se réfère aux propos tenus par des nutritionnistes, et des membres de l’association de protection du consommateur. Conséquence diront ces experts, «l’auto-intoxication contenue dans des produits en dose élevée en sucre ou en sel, continue».

Lors d’une émission de radio,

M. Boukhalfa expert dans la nutrition a rappelé que l’Organisation mondiale de la santé désigne une quantité précise par personne pour la consommation en sel qui n’excède pas 300 grammes par jour et d’indiquer «selon nos investigations, le consommateur algérien consomme près de 780 grammes de sel par jour donc le double de ce qui est conseillé et fixé».

L’on saura qu’en réalisant une thèse sur la surconsommation du sucre et du sel en Algérie, une doctorante a comparé les composants d’une boisson gazeuse d’une même marque produite en Algérie et en Europe, où ce dernier y intègre 9% de gramme de sucre dans le litre, et 3 grammes de sel. Son enquête révèle qu’ici en Algérie, c’est entre 18 et 30 grammes de sucre et entre 9 et 12 grammes de sel. Le double !

Mme Yasmine Belaâjine, consultante et membre de l’association de la protection du consommateur à Oran, évoque, lors de cette même émission de radio à Oran, le travail mené par son association qui active sur deux fronts, l’un envers le consommateur par la sensibilisation et l’information, et l’autre avec les opérateurs économiques. Pour ces derniers, il est question de les sensibiliser sur la nécessité de réduire le sucre et le sel, contenus dans certains produits ayant été soumis à analyse et révélant des taux parfois exagérés. Plus particulièrement dira l’intervenante «on insiste sur les opérateurs qui produisent des boissons gazeuses, les jus et les yaourts».

Il est fait mention également du  taux de sucre élevé et qu’on ne soupçonne pas, présent dit-elle dans les sauces vinaigrette utilisées par les restaurants et les ménages. Et bien d’autres produits qui devraient être soumis à des analyses et qui révéleraient bien de mauvaises surprises tant le contrôle précis avec des analyses adaptées est absent ou du moins pas réalisé avec fermeté. Et surtout souvent l’on évoque le manque de moyens, de laboratoires et d’équipes pour mener à bien ce travail.

Et comme si cela ne suffisait pas, les défauts d’étiquetage des produits est tout sauf consciencieux. Notamment concernant la traduction des aliments contenus dans les produits, sans oublier la mention des noms de composant étranges et inconnus. Le caractère microscopique des étiquettes vient s’ajouter à la confusion.

Autant de vide juridique, de laisser-aller qui pourraient être enfin contrôlés par des lois plus rigoureuses. D’où l’importance d’appliquer le nouveau décret, pour réduire le taux de sucre, de sel et même des matières grasses contenus dans les produits alimentaires et imposer ainsi une élaboration professionnelle des étiquetages où doivent figurer les déclarations nutritionnelles concernant la valeur énergétique et les quantités de protéines, de glucides, de sucres totaux, de lipides, de graisses saturées et de sel.

Seul constat positif au milieu de ce cafouillage inconscient dans ces taux excessifs de sel et de sucre contenus dans tout ce qu’on consomme, actuellement on constate que le consommateur s’intéresse de plus en plus à tout ce qui concerne les allégations nutritionnelles. Même si le contenu de certaines étiquettes est peu fiable. La prise de conscience devrait s’élargir davantage allant du consommateur en passant par les pouvoirs publics et enfin obliger les producteurs à s’aligner à la norme.

A. B.