Laurent Nuñez l’a confirmé : la révision de l’accord franco-algérien de 1968 sur la table

Laurent Nuñez l’a confirmé : la révision de l’accord franco-algérien de 1968 sur la table
Laurent Nuñez confirme que la France envisage de réviser l’accord migratoire de 1968 avec l’Algérie, un dossier crucial pour les relations bilatérales.

Bien que les tensions se soient apaisées récemment, l’immigration demeure un point de friction majeur entre Paris et Alger. Au centre de ces désaccords figure l’accord bilatéral de 1968, dont la révision est désormais ouvertement envisagée par la France. 

Le ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a d’ailleurs détaillé ces projets de réforme lors d’un entretien accordé au Journal Du Dimanche, en date du dimanche 21 décembre 2025.

Interrogé sur la persistance des tensions migratoires et l’efficacité de l’exécution des OQTF, Nuñez a précisé la stratégie française vis-à-vis de l’Algérie. Selon lui, la fermeté n’exclut pas le dialogue ; il assure ainsi mener des discussions « exigeantes » avec les autorités algériennes pour améliorer la coopération en matière de reconduite à la frontière.

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L’accord franco-algérien de 1968 de nouveau sur la table

Sur la volonté de l’Algérie de réadmettre ses ressortissants sous le coup d’une OQTF, Laurent Nuñez a affirmé que les négociations sont toujours en cours. L’objectif de Paris est de dépasser le traitement au cas par cas pour instaurer un flux de retours régulier et durable.

Par ailleurs, ce volet technique s’accompagne d’une volonté politique de réviser l’accord bilatéral de 1968, avec un impératif de sécurité non négociable pour la France : « Nous travaillons parallèlement à la révision des accords de 1968, conformément aux instructions du président et du Premier ministre. L’idée est d’obtenir des positions communes sur tous ces sujets », assure le ministre de l’Intérieur français, qui espère conclure ces discussions complexes d’ici quelques semaines.

Accord de 1968 : ce qui reste d’une coquille vide

L’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, initialement destiné à organiser la mobilité, le séjour et le travail des Algériens en France, est présenté comme un vestige juridique vidé de son contenu. En effet, la France a progressivement restreint cet accord, notamment en 1974 par la suspension de l’immigration de travail, en 1986 par l’instauration du visa obligatoire et en 1993 par le durcissement des conditions de séjour.

Malgré son affaiblissement, l’accord est politiquement instrumentalisé en France pour dépeindre les Algériens comme des « bénéficiaires d’un régime de faveur », notamment par des courants d’extrême droite.

Les étudiants algériens sont particulièrement affectés, étant limités à 50 % de la durée légale de travail (contre 60 % pour les autres nationalités, soit 964 heures/an) et nécessitant une Autorisation Provisoire de Travail (APT). Contrairement aux autres nationalités, les diplômés algériens ne peuvent pas accéder à l’Autorisation Provisoire de Séjour (APS) ou à la carte « recherche d’emploi » et doivent trouver un poste rémunéré à 1,5 fois le SMIC pour changer de statut.

Depuis plusieurs mois, Paris utilise l’octroi ou la restriction des visas comme levier de pression diplomatique, transformant l’accord en un miroir d’un déséquilibre persistant dans la relation bilatérale.

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