Contrairement à son prédécesseur Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur français Laurent Nuñez plaide pour un dialogue entre Paris et Alger afin de mettre fin à la crise entre les deux parties et qui a atteint son paroxysme. Il a également annoncé avoir été invité par son homologue algérien.
Laurent Nuñez a exprimé samedi ses regrets face à l’adoption par l’Assemblée nationale d’une résolution du Rassemblement National visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968. Il a mis en garde contre toute logique de « bras de fer » avec Alger, rappelant que le dialogue entre les deux pays est aujourd’hui « totalement coupé ».
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« Ceux qui font croire aux Français que le bras de fer et la méthode brutale sont la seule solution, la seule issue, se trompent. Ça ne marche pas, dans aucun domaine », a déclaré Laurent Nuñez dans un entretien accordé au média français Le Parisien. Il ajoute qu’il regrettait « les conditions dans lesquelles s’est déroulé ce vote ». «Preuve» de l’inefficacité de cette méthode, « le canal est totalement coupé aujourd’hui avec Alger», a-t-il ajouté.
Depuis son arrivée au gouvernement, Nuñez plaide pour une reprise du dialogue franco-algérien avec l’Algérie, notamment en raison de la nécessité d’une coopération sécuritaire accrue, en particulier dans la lutte antiterroriste au Sahel.
Optimiste, le successeur de Bruno Retailleau dit toutefois voir des « signaux » d’une amélioration des relations franco-algériennes. « Le ministre de l’Intérieur algérien m’a récemment écrit pour m’inviter », annonce-t-il.
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Rupture diplomatique et impact sur la politique migratoire
La rupture diplomatique actuelle a eu pour effet de geler la politique migratoire : à la fin octobre 2025, seules 500 reconduites vers l’Algérie ont été effectuées, contre 1 400 à la même période l’an dernier. «L’Algérie n’accepte plus ses ressortissants en situation irrégulière depuis le printemps dernier», explique Nunez.
Par conséquent, les centres de rétention administrative « sont occupés à plein »: « 40% des places sont occupées par des ressortissants algériens ».
Le départ du précédent ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, partisan d’une ligne plus ferme, avait pourtant ouvert la voie à de premiers échanges entre Paris et Alger. Mais la récente résolution parlementaire remet en cause cette fragile reprise du dialogue franco-algérien. Signé en 1968, l’accord franco-algérien en question accorde aux Algériens un statut migratoire privilégié, régulièrement contesté par la droite et l’extrême droite.
L’Assemblée Nationale a voté cette résolution à une voix près, ce qui met en évidence les tensions existantes concernant cet accord franco-algérien.
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