Les relations entre Alger et Paris vont-elles connaître un nouveau départ à la faveur de l’arrivée des socialistes au pouvoir en France ?
La question mérite d’être posée à la lumière des déclarations de Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères français. En effet, lors d’une conférence de presse, animée hier à la résidence de l’ambassade de France à Alger, Fabius a clairement fait savoir que les entretiens qu’il a eus avec les responsables algériens se sont déroulés dans un « nouvel état d’esprit » et que l’objectif assigné avant son arrivée est atteint.
« Le premier objectif de ma visite était de donner un nouvel élan dans les relations entre l’Algérie et la France » a-t-il déclaré, en précisant que l’objectif est désormais atteint. Laurent Fabius dont les trois mots d’ordre sont : «l’objectivité», «la proximité» et «l’amitié», a indiqué que « nous allons faire beaucoup ensemble ».
Cela sonne comme un voeu de relancer et d’aller plus loin dans les relations avec l’Algérie après la tiédeur ayant marqué ces relations sous l’ère Nicolas Sarkozy. Les divergences rapportées hier par la presse algérienne sur le dossier du Mali sont erronées, a déclaré le ministre des Affaires étrangères français.
« Il n’y a pas de contradictions dans les positions de nos deux pays concernant le Mali et le Sahel », dira le chef de la diplomatie française qui explique qu’il y a des réponses politiques à apporter à des problèmes politiques, tout comme il ne faut pas perdre de vue qu’il existe un mouvement terroriste extrêmement dangereux qui représente une menace régionale et internationale.
«Il faut que le problème terroriste soit réglé de la manière qu’il faut », précise Fabius qui souligne qu’à ce sujet il n’existe aucune divergence entre les deux pays. Le ministre des Affaires étrangères qui venait d’être reçu en audience par le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, paraissait par ailleurs très serein quant aux futures relations entre les deux pays.
Il soulignera à cet effet que l’Accord de défense, signé en 2008 entre les deux pays, et mis au placard par l’ancien gouvernement Fillon, sera ratifié dans les prochaines semaines. Pour ce qui est des projets déjà entamés par ses prédécesseurs, à l’image des projets Renault, Lafarge et d’autres pétrochimiques, Laurent Fabius dira que «ça avance».
Le conférencier, concernant l’implantation de Renault dans notre pays, précisera toutefois que ce projet doit être bénéfique pour les deux parties, sans pour autant donner d’autres précisons. Pour ce qui est de la circulation des personnes, notamment en évoquant l’accord de 1968, le chef de la diplomatie française soulignera «qu’il y a encore des progrès à faire».
Le conférencier a annoncé que Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur français, se rendra dans les jours qui viennent, en Algérie, afin de discuter du sujet avec les autorités algériennes. Interrogé sur la reconnaissance des crimes coloniaux de la France, Fabius a été très diplomate en rappelant «les messages très apaisés» des chefs d’Etat des deux pays, à l’occasion notamment du cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie et du 14 juillet.
Sur le plan international, notamment la Syrie, la position de Fabius ne diffère pas de celle de son prédécesseur. «Personne de raisonnable ne peut soutenir le régime de Bachar El Assad», a-t-il déclaré en soulignant que la France soutient les résolutions qu’elle a votées au Conseil de sécurité.
Pour ce qui est de la question du Sahara Occidental, les réponses du diplomate sont nuancées. Alors que le gouvernement Sarkozy soutenait clairement la proposition d’autonomie du Maroc, le nouveau chef de la diplomatie française affirme que son gouvernement est «pour les résolutions de l’ONU». Laurent Fabius affirme également que son pays est pour un rapprochement entre Alger et Rabat, concernant ce dossier.
Z. Mehdaoui