L’augmentation des prix l’huile et du sucre menace la paix sociale,Attention ça flambe!

L’augmentation des prix l’huile et du sucre menace la paix sociale,Attention ça flambe!

Ces augmentations qui exhalent de forts relents de déstabilisation sociale sont perçues par les Algériens comme une agression contre leur dignité. A qui profite le crime?

Si il y a des produits de première nécessité dont on ne saurait vraiment se passer, ce sont bien l’huile, le sucre et la farine. Indispensables dans toute préparation alimentaire que ce soit la gastronomie ou la pâtisserie, ils font partie des éléments de base les plus usités par les ménagères. Lorsqu’ils viennent à manquer, point de déjeuner et ou diner et adieu le dessert.

Cet engouement, voire cette propension à recourir à l’huile, le sucre et la farine pour de nombreux plats mijotés, a un tel point aiguisé les appétits qu’il a poussé les spéculateurs de tout bord à sévir de nouveau en pratiquant des prix spéculatifs. Alors que tout le monde s’attendait, à défaut d’une réduction, à une stabilité des prix, voilà qu’on nous annonce, tort de gré, la hausse des prix de l’huile et du sucre sur le marché pour «fêter le début de la nouvelle année». Se 85 DA, en moyenne, le kilogramme de sucre est passé à 115 et parfois 120 DA, soit une augmentation de plus de 30%. Idem pour l’huile qui a atteint 115 DA, soit 750 DA le bidon de cinq litres. Pourquoi ces hausses excessives alors que rien ne semble le justifier, en tout cas, pas l’augmentation des prix des matières premières à l’échelle mondiale que d’aucuns invoquent pour tenter de se dédouaner

Si oui, pourquoi les prix de ces deux produits de base n’ont-ils pas connu de hausse sensible en Europe? Dans le pire des cas, ils ne dépasseraient pas le seuil des 5%. C’est vrai que nous importons les matières premières souvent au prix fort, c’est vrai, aussi, que notre pays n’a pas encore atteint son autosuffisance alimentaire, mais on a du mal à accepter ces brutales flambées des prix.

Les Algériens les perçoivent comme une agression dirigée contre leur dignité. Après les dernière émeutes contre la malvie qui ont eu pour théâtre certaines villes du pays, veut-on étendre la contestation en allumant d’autres foyers à travers le pays? Depuis quelque temps, on évoque une pénurie de farine. Les premiers à avoir tiré la sonnette d’alarme sont les boulangers dont nombreux ont dû baisser rideau à cause, précisément, des perturbations fréquentes enregistrées au niveau des approvisionnements. Ces derniers n’ont cessé d’attirer l’attention des autorités concernées car la farine, tout comme l’huile et le sucre, est un produit de base sans lequel on ne pourrait faire du pain.

Le ministre du Commerce affiche son inquiétude

«Nous constatons avec inquiétude l’augmentation des prix des produits importés depuis un certain moment. Ces trois derniers jours, il y a eu une aggravation de cette augmentation au niveau des marchés de gros et chez les producteurs. Cela ne peut pas être expliqué uniquement par l’augmentation des prix de certains produits sur les marchés boursiers internationaux», a déclaré, hier, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Il a cité l’exemple du sucre et des huiles végétales qui ont connu une hausse sensible des prix depuis le début de l’année. «Nous allons prendre des mesures et que chacun assume ses responsabilité», a-t-il appuyé. «Il y a vingt jours, les industriels qui font dans les boissons, les confiseries et les biscuiteries s’approvisionnaient chez le producteur principal du sucre à 70 DA le kilo. Depuis quelques jours, ce prix est passé à 90 DA. Pourtant, le transformateur bénéficiait d’une marge (…)»

Et lorsque on sait la place qu’occupe le pain dans la société et les habitudes culinaires des Algériens, on est forcé de se poser cette question: qui veut nuire à la paix sociale? Car une pénurie de farine ne serait pas sans conséquence pour les ménages et entraînerait la révolte du pain. D’ailleurs, il n’y a pas que les boulangers, les propriétaires des minoteries, aussi, se plaignent de l’absence des matières premières indispensables pour la production de la farine et des produits dérivés. Leurs minoteries tournant presque au ralenti, certains propriétaires menacent carrément de fermer boutique.

Le ministère du Commerce ne se contente pas d’observer et intervient dans le débat. Pendant ce temps, ces flambées des prix n’ont épargné aucun produit. Le phénomène est analysé par les experts. Pour Mohamed Gharnaout, économiste, «ces augmentations ont certainement un lien avec les dernières augmentations des salaires». Dans les moments difficiles, l’Algérien ne se met pas en colère rapidement. Si il se révolte, c’est qu’il s’est senti lésé ou berné.

En effet, la flambée des prix des produits alimentaires de large consommation est accentuée par la demande de logement non satisfaite au niveau national et cela, nonobstant la réalisation du 1 million de logements, au titre du premier plan quinquennal et le programme initié au titre du plan quinquennal 2010-1014.

La fibre sensible est le logement. Bon nombre d’élus l’utilisant comme monnaie d’échange et promettent monts et merveilles aux citoyens s’ils sont élus. Une fois installés, ils oublient leurs promesses et se consacrent à des activités autres que celles pour lesquelles ils ont été désignés.

Les logements tardent à venir et ceux qui arrivent sont détournés au profit de tierces personnes qui n’habitent parfois pas la commune.

D’ailleurs, beaucoup dénoncent ces listes faites souvent dans l’opacité, et revendiquent une distribution beaucoup plus juste sur la base de critères plus fiables reconnus et acceptés par tout le monde, car le logement est une chose trop sérieuse pour qu’on la laisse aux mains des seuls élus. Tous ces incrédients contribuent à allumer le feu. Oran, Alger, Djelfa, Tipasa, et d’autres villes encore sont gagnées par la révolte. Ou risquent de l’être. Tipasa, Alger, Fouka et Staouéli sont les autres localités qui ont connu des émeutes.

Kaci AGGAD