« L’audiovisuel algérien s’ouvre au privé ! »

« L’audiovisuel algérien s’ouvre au privé ! »

Samedi 1er et dimanche 2 décembre 2012 s’est tenu à Alger un Séminaire international sur l’Audiovisuel , réuni à Djenane El Mithaq, au cours duquel des professionnels et des spécialistes de l’évolution des médias en Algérie et ailleurs dans le monde ont confronté leurs expériences. Un dialogue fructueux qui va inspirer la future Loi sur l’Audiovisuel attendue au cours du premier semestre 2013.

C’est de la bouche du Ministre de la Communication qu’est tombée l’information essentielle à retenir de ce séminaire international : l’ouverture de l’audiovisuel algérien au privé sera progressive, régulée, mesurée, mais elle est toute prochaine. La Loi sur l’Audiovisuel que le même le Ministre Mohamed Saïd a annoncée pour le premier semestre 2013 prévoira cette évolution décisive, avec la création d’une Autorité de Régulation indépendante, en charge d’orchestrer la libéralisation des ondes…

La leçon d’Hervé Bourges

Parmi les nombreux experts présents lors de ce Séminaire, l’un des plus percutants fut sans doute le Président Hervé Bourges, actuel Président du Comité Permanent de la Diversité à France Télévisions, ancien Président du CSA, ancien Président des chaînes publiques TF1, France 2, France 3, de CANAL+ AFRIQUE, de RFI ou encore de RMC à travers la Sofirad. Lui qui fut aussi conseiller de Ben Bella, Premier Président de la République algérienne démocratique et populaire…

La voix d’Hervé Bourges a été notamment fortement audible pour réclamer des garanties d’indépendance pour l’instance de régulation : car si l’on veut que la régulation soit, comme il le souligne « la forme moderne de l’intervention de l’Etat dans un secteur qui réclame diversification et libéralisation », comme, par exemple, l’audiovisuel, alors elle doit être le fait d’une instance réellement indépendante de l’exécutif.

Régression sous Sarkozy

L’ancien Président du Conseil supérieur de l’Audiovisuel français n’a pas hésité à critiquer avec force la régression dans les libertés publiques qu’a constitué la réforme Sarkozy de l’audiovisuel en France, avec en particulier la décision de confier au seul Président de la République le soin de nommer les Présidents des sociétés audiovisuelles publiques.

En creux, il a appelé la future Loi algérienne à couper le cordon ombilical entre le pouvoir et la télévision publique pour lui permette de mieux faire face à la concurrence du privé, en toute indépendance et à l’abri des interventions politiques.

Danger de déstabilisation économique : Al Jazeera

Il a également évoqué avec conviction la nécessité d’une régulation économique du secteur, au moment où des acteurs étrangers, alimentés sans limite par des fonds souverains, captent les droits sportifs sur de multiples territoires, au détriment des chaînes nationales , qui se retrouvent ainsi marginalisées sur leur propre marché, car incapables de s’aligner financièrement sur l’inflation des droits. Le marché audiovisuel ne peut supporter ni le piratage ni le dumping…

Comme le montre l’expérience du Groupe CANAL+, premier groupe audiovisuel français, premier partenaire de la production et du cinéma français, et qui pourtant pourrait être déstabilisé si Al Jazeera poursuivait sa politique prédatrice sur les droits sportifs en France et en Europe.

C’est ainsi que l’ouverture au privé ne peut être ni anarchique, ni brutale, elle doit s’accorder au rythme de développement des marchés publicitaires et de la distribution des nouvelles chaînes algériennes, et c’est pourquoi le futur régulateur aura fort à faire… Dès que la Loi sur l’Audiovisuel aura été adoptée !