“Comment voulez-vous que l’assurance se développe s’il n’y a pas d’investissements ?” L’auteur de ce véritable cri du cœur, M.Lamara Latrous, PDG de la SAA est aussi président de l’union des assureurs algériens (UAR). Il témoigne de la dégradation de la production des branches du secteur des assurances liées à l’investissement des entreprises. Le ralentissement des dépenses d’équipement de l’Etat ont affaibli l’activité risque industriel. Et cela va continuer en 2013.
Les risques industriels contribuent à environ un tiers du chiffre d’affaires du secteur des assurances en Algérie. Les primes liées aux risques industriels ont reculé de près de 13 % en 2010 et 2011 cumulés. Le Conseil national des assurances (CNA) attribue cette baisse importante au “ralentissement des grands projets d’investissement initiés par les pouvoirs publics et, par conséquent, à la baisse de leur apport en primes, notamment dans le domaine de la construction ». Selon le CNA, la régression de la production de la branche trouverait également son explication « dans la baisse des tarifs issue du jeu de la concurrence entre sociétés. »
Le CNA relève une évolution comparable dans le domaine des assurances de transport où les baisses de 4,4% enregistrée en 2010, et de nouveau de plus de 7% en 2011, sont liées à « la régression du chiffre d’affaires de l’assurance ‘transport maritime’, qui s’explique en partie par l’impact du ralentissement des grands projets d’investissement sur l’importation des équipements et marchandises en rapport avec ces grands chantiers ».
En septembre dernier, c’est le ministre des finances, M.karim Djoudi qui confortait les inquiétudes de M Latrous : « Pour les compagnies d’assurances dommages, la tendance au ralentissement de la demande de couverture des chantiers publics constitue un facteur de contexte qu’elles doivent absolument intégrer dans leur stratégie à moyen terme.si elles veulent préserver leur croissance. J’espère que ce nouveau contexte les interpellera pour accélérer leurs efforts de conquête de nouveaux marchés notamment ceux de la PME et de l’habitation », déclarait il dans la revue « l’Assurance ».
Les investissements publics en baisse sensible…..
Le « nouveau contexte » auquel fait allusion M.Djoudi est celui d’une réduction sensible des dépenses d’équipement de l’Etat. Le mouvement a d’ailleurs largement été engagé en 2011 et devrait encore s’amplifier au cours des prochaines années. Pour s’en convaincre, il suffit de se reporter au rapport de conjoncture de la Banque d’Algérie pour 2011.Ce dernier indique à propos des finances publiques qu’ « En ce qui concerne la consommation des crédits de paiement, les dépenses totales l’ont été, à septembre 2011, à hauteur de 49,5 % des dépenses prévues par la loi de finances complémentaire pour 2011. En effet, à septembre 2011, les dépenses de fonctionnement ont été consommées à hauteur de 63,7 % et les dépenses d’équipement à hauteur de 34,2 % seulement ».Commentaire d’un spécialiste des finances publiques : « on peut facilement conclure de ces chiffres que si les dépenses de fonctionnement budgétisées sont à peu près consommées comme prévu, les dépenses d’équipement budgétisée au contraire n’ont probablement été utilisées qu’à moitié sur l’ensemble de l’année 2011 »
Une tendance qui a de fortes chances de se poursuivre, voire de s’accentuer au cours des prochaines années. En effet, même si le ministre des finances affirmait récemment « Il faut qu’il y ait aujourd’hui une prise de conscience sur le fait que nous avons besoin d’une approche beaucoup plus prudente en matière de dépenses notamment celles de fonctionnement et surtout celles relatives aux salaires de la Fonction publique où nous avons atteint le plafond », Il ajoute aussitôt « je peux vous assurez que la dépense salariale, les transferts sociaux et les soutiens des prix ne seront pas touchés »
Le « recadrage des dépenses » mis en œuvre par les pouvoirs publics s’applique donc surtout aux dépenses d’équipement que la loi de finance 2012 a déjà sabré. La réduction est de 30% à propos desquelles le ministre des finances confirme que « les projets en cours continueront d’être financés alors que les financements de nouveaux projets seront étudiés au cas par cas selon les priorités fixées et selon les capacités de financements ».
Tendance confirmée pour l’année prochaine puisque le projet de loi de finance pour 2013 en cours d’approbation prévoit une nouvelle baisse de 10% des dépenses d’équipement de l’Etat.
….Les importations de biens d’équipement aussi.
Les assurances ne sont pas le seul secteur témoin de la baisse spectaculaire des investissements publics enregistrée au cours des 18 derniers mois. Cette dernière est également lisible en clair dans les résultats du commerce extérieur .L’année dernière, déjà, la part des biens d’équipement dans les importations algériennes s’était réduite sensiblement passant de près de 40% à moins de 35%.Une tendance qui s’est accentuée depuis le début de cette année. Les statistiques des douanes constatent qu’au premier semestre 2012 Les importations de biens d’équipements industriels sont en recul de plus de 16,6% se sont chiffrés à 7,3 mds de dollars contre 8,7 milliards en durant la même période de comparaison en 2011. Une réduction des achats d’équipement qui n’épargne d’ailleurs pas non plus le secteur agricole. Depuis le début de l’année, la plus importante baisse des importations a concerné les biens d’équipements agricoles (- 34,50%) qui totalisent à peine 150 millions de dollars durant le 1er semestre 2012 contre 229 millions de dollars pour la même période de 2011.