Devant la faiblesse de la souscription à l’assurance Cat-Nat (assurance contre les catastrophes naturelles), le Conseil national des assurances (CNA) a engagé une réflexion pour augmenter la souscription à cette police d’assurance.
Le CNA proposera notamment d’exiger la présentation du contrat d’assurance Cat-Nat lors du payement de la facture d’électricité, de l’eau, du téléphone des derniers trimestres de l’année. Cette action a été émise hier par Abdelhakim Benbouabdellah, directeur général du CNA, lors de son intervention dans une émission diffusée sur les ondes de la Chaîne II.
Contrairement à l’assurance automobile qui est obligatoire et fréquemment vérifiable par les services de sécurité, l’assurance contre les catastrophes naturelle ne revêt pas encore un caractère obligatoire. C’est ce qui explique, selon Abdelhakim Benbouabdellah, le faible taux de souscription à l’assurance Cat-Nat qui ne représente que 2% durant l’exercice 2008-2009. Un taux qui demeure insignifiant eu égard aux importants risques de catastrophes naturelles qu’encourt notre pays, situé dans une région du monde connue pour sa forte sismicité.
L’Algérien compte beaucoup sur la solidarité
Le faible intérêt accordé par l’Algérien à l’assurance est la prédominance de l’esprit d’assistanat. Car, en cas de sinistre, les Algériens comptent principalement sur la solidarité nationale. Quoiqu’obligatoire, la Cat-Nat ne suscite pas l’engouement pour diverses raisons relevant essentiellement du manque de conscience, du poids du religieux dans notre société qui croit plutôt en le destin. Seuls 10% de logements sont assurés contre ce type de catastrophe, a-t-il relevé. Pourtant, en termes de coût, l’assurance Cat-Nat ne représente qu’entre 3 et 4 DA/jour pour une couverture annuelle.
M. Benbouabdellah a reconnu que beaucoup reste à faire en matière de sensibilisation pour inciter l’Algérien à saisir l’importance du geste de s’assurer notamment contre ce genre de risque. Les assureurs réunis autour du CNA s’ingénient à trouver des formules pour rendre la souscription à la Cat-Nat semblable à celle de la branche auto qui se place en tête des polices d’assurances avec un taux de 42,9%. Jusqu’ici, la souscription à la Cat-Nat n’est vérifiable qu’à l’occasion d’un acte notarié de transaction immobilière ou lors de la remise des bilans fiscaux.
Le délai d’indemnisation des sinistres sera réduit
Concernant l’assurance automobile, M. Benbouabdellah a annoncé qu’un travail est en cours pour réduire les délais de remboursement des sinistres. Il s’agit notamment de la convention inter-compagnies qui est en révision. Cet accord, qui définit les relations entre les différentes compagnies d’assurances, sera signé prochainement, a-t-il annoncé, estimant que ceci va améliorer les prestations des assureurs et l’indemnisation des assurés.
Revenant sur les lenteurs accusées pour indemniser les victimes des accidents de la route, qui durent plusieurs années dans certains cas, le premier responsable du CNA a évoqué pour ce qui concerne les dommages corporels «le manque d’information». Car les victimes préfèrent recourir à la justice, même si elles peuvent être indemnisées à l’amiable. Lorsqu’il s’agit de dommages matériels, la durée de l’indemnisation des sinistres automobiles est en moyenne de deux années et demie.
La responsabilité de ces lenteurs «n’incombe pas uniquement aux assureurs», pense-t-il, expliquant qu’en cas de dommages corporels, la voie judiciaire privilégiée par les assurés par rapport au règlement à l’amiable induit beaucoup de lenteurs pour aboutir. L’indemnisation directe des assurés, communément appelée IDA, pour les dommages matériels demeure également très faible du fait de la non-signature conjointe (le responsable du sinistre et la victime) de la déclaration d’accident.
Evoquant le bilan de l’exercice 2009, le responsable a indiqué que le montant du règlement des sinistres pour l’année 2008 est de 35 milliards DA dont 62% concerne la branche automobile. Cette situation a évolué pour atteindre en 2009 (situation arrêtée au 30 septembre) un montant de 57,4 milliards DA, qui reste dominé par la branche automobile avec 42,9% suivie par la police contre les incendies et risques divers avec un taux de l’ordre de 37,2%. Concernant l’assurance agricole, elle demeure très faible pour ne pas dépasser 1%, et ce, en raison de la baisse du chiffre d’affaires de ce secteur sur plusieurs années consécutives.
Le secteur des assurances compte désormais mieux accompagner ce secteur en lançant prochainement un nouveau produit devant couvrir les risques des calamités agricoles. En attendant la consolidation des bilans, le secteur des assurances a réalisé, au titre de l’exercice 2009, un chiffre d’affaires de l’ordre de 76 milliards DA, soit l’équivalent d’un milliard de dollars, a avancé Abdelhakim Benbouabdellah, mentionnant qu’il s’agit d’un résultat jamais atteint jusqu’ici. Mais il reste tout de même faible par rapport aux autres pays. En termes de pénétration, les compagnies d’assurances accusent un flagrant retard avec à peine 0,62% en 2008 contre 7,7% au niveau mondial.
Par Karima Sebai