D’où vient l’intérêt de l’association agroécologique Torba pour les semences locales ? Association “avant tout” de consommateurs de l’Algérois, Torba est proche de certains agriculteurs pour l’achat de “produits sains”, comme les légumes, les fruits, le lait de vache ou de chèvre, les œufs et la viande, mais elle compte également quelques producteurs dans ses rangs. “Nous choisissons des agriculteurs qui font dans l’agroécologie et qui nous livrent toutes les semaines une production saine, sans produits chimiques”, nous a confié, hier, son président, Karim Rahal, de passage à la rédaction du journal. Accompagné d’un membre de l’association, un agriculteur “converti” depuis près d’une décennie et spécialisé dans le maraîcher et l’arboriculture, le responsable de Torba a clairement affiché le choix des membres de son organisation pour “une agriculture vivrière et familiale, cultivée sur de petites surfaces”, en signalant la “vision responsable” des consommateurs “écologistes” de l’association. Dans ce cadre, il a rappelé que le travail dans les petits jardins de Djenan Bouchaoui, à une quinzaine de kilomètres du centre d’Alger, ainsi que la mise en pot des semences dans la pépinière obéissent à cette logique.
Il a aussi informé que Torba assure des formations pour les agriculteurs, notamment ceux avec lesquels elle est en relation, “pour les sensibiliser à l’approche écologique de l’agriculture vivrière”. Pour ce qui est de la semence, M. Rahal a reconnu qu’elle est encore “un concept vague” pour l’association, mais la proximité avec les agriculteurs affiliés à Torba et avec les fournisseurs des produits du terroir est cependant bénéfique, quant à une meilleure connaissance du problème. “L’Algérie a besoin en urgence de doubler ses rendements. Mais derrière l’utilisation de la semence importée et des produits chimiques, il y a le danger d’abîmer les sols, l’érosion et même les produits issus de cette production chimique sont mauvais : le risque de santé publique est réel si on ne respecte pas le délai de récolte, après traitement”, a soutenu le président de Torba, avant de céder la parole à l’agriculteur qui l’accompagnait. Dans son témoignage, ce dernier a fait part de “la cherté” des graines et du problème de disponibilité des semences sur le marché.
“Pour maîtriser tout ce qui est délai, qualité du produit, je fais le semis, dans une petite pépinière, c’est-à-dire je mets en pot les semences que je choisis à l’avance, pour les transplanter dans les grandes surfaces, en plein air. Je contrôle mieux ce que je produis”, a révélé notre interlocuteur. Celui-ci a en outre dévoilé l’existence d’une “floraison de pépinières” qui se sont spécialisées dans la production de semis, pour faciliter la tâche aux producteurs, en relevant toutefois que ces plants sont “exclusivement importés” et que l’agriculteur est “limité dans son choix”, puisqu’il ne peut acheter que la variété qui est prête. “Nous sommes dans la dépendance”, a-t-il assuré, déplorant l’abandon, par beaucoup d’agriculteurs, de la semence locale, alors que celle-ci est “plus résistante”. “Pour beaucoup d’agriculteurs, le côté commercial a pris le pas sur le côté sain du produit. Pour certains, c’est une question de survie ; pour d’autres, c’est une question d’appât du gain. Quelque part, la plupart des agriculteurs sont livrés à eux-mêmes”, a-t-il expliqué.