Face au recul des exportations, à un cadre réglementaire en décalage… l’installation du Conseil national consultatif de la promotion des exportations, en attente depuis une dizaine d’années, est «une urgence» afin de définir une stratégie pour booster les exportations hors hydrocarbures devenue aujourd’hui une nécessité.
C’est ce qu’a affirmé hier Ali Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs algériens (ANEXAL). Déplorant un manque de visibilité sur la question des exportations, le président de l’Anexal soulignera «la nécessité d’aller très vite dans la prise de décision» afin de lever les contraintes à l’exportation.
A ce sujet, intervenant hier sur la Radio nationale Chaîne III, il évoquera en premier lieu la formalisation de l’état des lieux, puis la mise en oeuvre de la série de mesures arrêtées lors des deux dernières tripartites, notamment l’installation du Conseil national consultatif à la promotion des exportations.
Ce dernier, poursuivra- t-il, en stand-by depuis une dizaine d’années, doit absolument être mis sur place. Présidé par le Premier ministre, ledit conseil, expliquera l’invité de la rédaction, aura la charge justement «d’identifier une stratégie nationale des exportations et de lever les contraintes bureaucratiques ».
Ensuite, il s’agira de «mettre à plat toute la réglementation des changes dont une partie est complètement obsolète», et «de voir comment alléger, renforcer et faciliter l’environnement économique», en lui apportant plus de souplesse et de la mettre au niveau des normes et pratiques internationales.
Enfin, il appellera à «dépénaliser l’acte d’exportation et assurer une compétitivité des entreprises à travers le transit portuaire, les coûts d’achat». Dans ce contexte, le président de l’Anexal estimera qu’il y a un réel «problème de décalage entre les volontés politiques affichées et la réalité sur le terrain». D’où la nécessité, dira-til, d’aller vers un débat regroupant l’ensemble des acteurs concernés afin de définir une stratégie nationale pour l’exportation.
Déplorant à ce sujet le manque de vision actuel sur cette question cruciale des exportations et se contenter de prendre «des mesurettes qui n’apportent rien de concret sur le terrain». «A la charge de l’Etat d’arrêter le cadre global, de faciliter l’environnement économique favorisant les exportations, et aux opérateurs économiques de s’engager», lâchera-t-il. Aussi, qualifiant de «très bons» les indicateurs macroéconomiques en Algérie, il fera savoir que «la capacité et les moyens d’aller vers l’export existent, les entreprises, notamment celles de grande dimension, sont à ce stade conscientes de la nécessité d’aller vers l’international».
De plus, considérant les mesures arrêtées lors des dernières tripartites comme étant des indices «pertinents» d’une réelle volonté des pouvoirs publics et des chefs d’entreprises d’agir de concert pour booster le volume des exportations hors-hydrocarbures, il s’agit maintenant, estimera- t-il, «de coordonner la volonté des pouvoirs publics et celles des entreprises, d’encourager et d’accompagner les entreprises dans cette démarche pour aller sur le bon pied vers l’export». En outre, relevant une demande de plus en plus accrue du registre du commerce à l’exportation, il indiquera qu’actuellement une dizaine d’entreprises de taille activent dans l’export et assurent une part importante dans le niveau des exportations nationales.
Par ailleurs, regrettant l’état stationnaire des exportations algériennes hors hydrocarbures et dérivés autour de 1,1 milliard de dollars, il jugera les quantités exportées en total écart par rapport aux potentialités offertes par la production nationale. «Les volumes exportés qui concernent pour l’essentiel des produits relevant de l’agroalimentaire (sucre, dattes, boissons gazeuses…) pourraient connaître un net accroissement si les pouvoirs publics et les opérateurs économiques conjuguaient leurs efforts en vue de définir une stratégie pour conquérir les marchés extérieurs », a-t-il relevé.
DÉFINIR ET MISER SUR LES SECTEURS PORTEURS POUR L’EXPORT
Sur les marchés favorables aux éventuelles exportations algériennes, le président de l’Anexal dira que le marché africain regorge de potentialités. «L’Algérie est en attente depuis 2006 d’un accord d’association avec l’Union économique de l’Ouest africain qui tarde à venir et qui pourtant est le seul espace qui nous est profitable», soulignera- t-il.
Toutefois, avant la prospection de marchés internationaux, il estimera plus judicieux au préalable d’examiner et évaluer les secteurs porteurs à l’export. A ce sujet, il citera le secteur de «l’agroalimentaire pour lequel l’Algérie dispose d’une industrie assez importante à travers laquelle des produits agricoles sont de plus en plus transformés », l’industrie des boissons, les matériaux de construction, l’électroménager qui est une industrie de plus en plus performante, le secteur des produits pharmaceutiques, les produits sidérurgiques. Autant de segments à placer sur les marchés internationaux, estimera le président de l’Anexal.
Dans cette lignée, Ali Bey Nasri se dira également en faveur de la mise en place de structures de collecte d’informations économiques au niveau des ambassades algériennes à l’étranger. Lesquelles structures, selon lui, «pourraient être d’excellents supports pour aider les exportateurs algériens à identifier de nouveaux marchés».
Lynda N.B.