Le terrorisme routier n’arrête pas de faire des ravages
Mme flora Boubergout a regretté la tardive application du permis à points
Un appel pressant a été lancé par El Baraka au ministère de l’Education nationale pour que soit inclus un cursus sur l’éducation routière dans les programmes scolaires de la prochaine année. Reçue dimanche au siège de L’Expression, la présidente de l’Association nationale de soutien aux personnes handicapées El Baraka, en l’occurrence Mme Flora Boubergout, a motivé sa requête par la «méconnaissance complète des enfants de notions sur la circulation routière». Elle a regretté le grand nombre d’enfants, victimes innocentes qui délaissent l’usage des passages protégés ou passerelles par ignorance de leur importance conséquente à un manque de formation suffisante. Les premiers pas de l’écolier dans la rue doivent être effectués avec beaucoup de précaution en harmonie avec cette méfiance qui leur a été inculquée quant aux risques de kidnapping dont ils sont constamment la proie. Mme Boubergout a tristement rappelé que l’Algérie demeure le pays le plus meurtri par les accidents de la circulation routière avec son triste lot de plus de 4000 morts par an, soit le plus haut niveau mondial par habitant après les Etats-Unis, l’Italie et la France. Rien que pendant le Ramadhan, a-t-elle dit, quelque 400 personnes sont mortes suite à des accidents routiers. Elle assimilera avec rage et regret les conducteurs de bolides sur la route à des «criminels armés d’armes blanches ou de revolvers pour tuer et assassiner». La presse nationale, en particulier L’Expression, a d’ailleurs, maintes fois, qualifié ce fléau de pur «terrorisme routier» s’est-elle réjouie. Comme chaque année, El Baraka a mené récemment des actions de «sensibilisation, de communication et de prévention» contre la violence sociale, actions qui sont relayées abondamment par la presse nationale. Elle a cité, entre autres, la récente rencontre organisée au Théâtre de verdure d’Alger près de l’hôtel Aurassi, tenue lors de la dernière semaine du mois de Ramadhan. Y a été présentée une riche exposition de photos «choc» sur les accidents alors que des affiches tout comme des auto-collants et prospectus sur la sécurité ont été distribués à un public nombreux composé de milliers d’enfants et de handicapés de la route, a précisé Mme Boubergout qui a regretté la tardive application du permis à points qui, sans être une solution finale, reste tout de même une des solutions envisageables pour diminuer et éliminer le fléau des accidents de la route. Elle n’a pas manqué de remercier les entreprises citoyennes qui encouragent El Baraka en citant Djezzy qui a remis à dix associations caritatives «un chèque d’un million de dinars chacune» comme acte de reconnaissance et d’encouragement. La présidente de cette association non gouvernementale a estimé qu’il est du devoir de tout un chacun de s’impliquer davantage pour éliminer ce fléau meurtrier sur nos routes. Contacté par nos soins, Mohamed Lazouni, chargé de la prévention routière auprès de la Dgsn, a pour sa part estimé qu’il faut «humaniser» la sanction, notamment pour les conducteurs commerciaux comme les chauffeurs de taxi, transport de marchandise, chauffeurs dans des établissements publics…car un retrait de permis représente pour eux un «chômage forcé» et des dépenses supplémentaires dues à la mise en fourrière de leurs véhicules… Abordant l’aspect des accidents de la route survenus pendant le Ramadhan, il rappellera que le taux d’hypoglycémie survient dans l’état de manque de sommeil et de sucre dans l’organisme après une journée de jeûne ou une longue soirée de veille, en un mot, la somnolence au volant qui cause 30% des accidents mortels sur la route… A titre d’exemple, il a cité l’accident de bus devant relier Hassi Messaoud à Oran tombé dans un ravin à Guertoufa dans la région de Tiaret survenu en mars dernier à 2h du matin faisant 25 morts et 32 blessés. Ont été évoqués, à l’époque, le brouillard, le ratage d’un virage, le manque de visibilité… alors que la fatigue a été écartée se rebiffe Lazouni qui se demande «à quelle heure le chauffeur s’est-il donc levé pour prendre le départ de Hassi Messaoud?». En 1985, dit-il, il avait recommandé deux chauffeurs pour les bus à long trajet. Le second devant prendre le relais en mi-parcours et non effectuer le voyage ensemble, car le compagnon de route sera aussi fatigué que le concerné. Questionné sur le permis à points qui tarde à venir, Lazouni n’a pas été par quatre chemins pour dire que c’est un «leurre». Pour lui, aucune action pédagogique nécessaire n’a été entreprise en Algérie pour son application. A ce propos, il signifiera que la loi sur le retrait de permis, n’a pas été abrogée pour faciliter son application. Après présentation de ce document au représentant de la sécurité routière, le conducteur est immédiatement traité de «récidiviste» ce qui donne suite à un marchandage entre le chauffeur et le policier.
La charte du bon conducteur
Le constructeur automobile Peugeot a édité conjointement avec l’association El Baraka un fascicule précieux intitulé «La charte du bon conducteur». Dans ce prospectus distribué gratuitement, on peut lire que 90% des accidents sont dus à l’erreur humaine. En effet, plusieurs précautions, recommandations et conseils sont prodigués pour assurer une bonne conduite pour soi et pour les autres automobilistes. Y sont disséquées les données sur la vitesse (qui tue) et le parcours de freinage, les distances de sécurité, l’importance de la vision qui enseigne que «au volant, la vue c’est la vie». Le comportement routier n’est pas en reste, ainsi ont été énumérés la primordiale importance des pneus, leur temps d’usure, la pression ou encore la gomme «thermique» dans le choix parmi les deux grandes familles de pneumatiques (été et hiver). Des rappels sur le comportement du conducteur, de l’état technique de la voiture, l’environnement (météo, circulation, autres conducteurs, infrastructures routières) et la vigilance y sont traités. En conclusion de ces recommandations, il est conseillé de ne pas trop compter sur la chance et d’être prévoyant pour ne pas en avoir besoin. Le fascicule est signé par Mme Flora Boubergout et Pierre Forêt, directeur général de Peugeot-Algérie.