Le Salon national de la femme artisanale, inauguré hier à l’Office de Riadh El Feth, à l’initiative de la Chambre de l’artisanat d’Alger, remet sur le tapis les problématiques dont souffre ce secteur qui n’arrive pas encore à jouer son véritable rôle dans la chaîne touristique.
Les artisans se plaignent, en premier lieu, du manque et de la cherté de la matière première. A Ghardaïa, les tisserands ont du mal à trouver les fils et les couleurs dont ils ont besoin. « Nous sommes obligés d’en importer. Ce qui impacte sur les prix du tapis.
C’est pour cette raison qu’on dit souvent que le tapis algérien est cher », indique un membre de l’office local du tourisme de Metlili, Mohamed El Mehdi Boughoufala. Idem pour le cuivre qui coûte très cher. Selon les dinandiers, la matière première est disponible en Algérie, mais elle est exclusivement exportée en Europe où elle est traitée avant d’être réexportée vers l’Algérie.
« Nous importons notre propre matière première. Ce n’est pas logique », estime Abbachi, dinandier à Alger. Et de s’interroger : « Pourquoi ne pas traiter la matière première ici au lieu de l’exporter et de l’importer par la suite ? » Le corail semble également susciter de grosses inquiétudes chez les artisans bijoutiers. Depuis l’interdiction de sa pêche, les artisans ont de plus en plus de mal à trouver cette matière dont dépend leur activité. « La pêche au corail n’est pas permise pour le moment ainsi que son importation.

La seule source qui nous pourvoie en ce moment, ce sont les douanes quand il y a une saisie de corail informel évidemment. Ce qui signifie que nous dépendons des pêcheurs clandestins », fait savoir le représentant de la bijouterie Mordjane El Kala, de la wilaya d’El Tarf. En d’autres termes, s’il n’y a pas vol de corail, les artisans bijoutiers ne pourront pas poursuivre leur activité. « Quand il est saisi, le corail est vendu aux enchères ce qui pénalise les petits artisans », déplore-t-il. La relève, par ailleurs, est une autre problématique à laquelle les artisans sont confrontés. Selon un responsable de l’office du tourisme de Metlili, la jeune génération n’est pas du tout intéressée par le tissage de tapis.
« La commercialisation très difficile de ce produit n’encourage pas les jeunes à aller vers cette activité. Le tapis se vend principalement à l’occasion de salons de tourisme ou de tapis », confie-t-il. Le représentant de Mordjane El Kala, pour sa part, ne s’étonne pas de voir les jeunes fuir cette activité. « Même s’ils en sont intéressés ils ne pourront pas s’y lancer en l’absence de la matière première », note-t-il.
Farida Belkhiri