L’art du Henné

L’art du Henné

henne1.jpgL’art du henné est un mode de transmission des cultures profondément ancré dans les coutumes de l’Afrique du Nord. Le henné a été de tous les temps le produit cosmétique le plus employé.

Il a su occuper une place de choix dans les traditions musulmanes : mariage, circoncision, les fêtes de l’Aïd… Ses principales fonctions sont de protéger contre le mauvais œil, d’être un porte bonheur et, surtout, de sublimer la beauté.

Le henné est principalement connu pour sa poudre verte colorante. Aujourd’hui il est utilisé de façon courante tout simplement pour le plaisir de se teindre les cheveux ou d’avoir un beau motif tatoué temporairement sur le corps. Mais la description du henné est loin de se limiter à une simple poudre cosmétique.

Ses origines

Le henné (ou henna en arabe) est le nom de l’arbuste Lawsonia Inermis fortement parfumé dont l’écorce et les feuilles séchées et pulvérisées fournissent la poudre colorante. Il pousse dans les climats chauds et un peu humide soit au Moyen Orient, en Afrique du Nord et dans le subcontinent Indo-Pakistanais.

Le henné se caractérise par ses feuilles d’un vert vif et à l’odeur intense. Les fleurs, quant à elles, sont petites, blanches et libèrent un parfum légèrement musqué. Dans les campagnes marocaines, cette plante est appelée «feuille de paradis», car l’application du henné transmettrait un message d’amour, une invitation au plaisir et une promesse de bonheur.

Ses milles et une vertus

L’usage du henné remonte à la haute Antiquité et l’art de son application a su profiter de l’expansion de l’islam pour se répandre. Il est employé dans plusieurs régions du globe, à de nombreuses occasions et aussi pour soigner divers maux.

Chez les femmes Berbères, le henné est utilisé pour obtenir plus de force et de courage pour faire face aux difficultés du couple et se protéger du mauvais œil. Ce symbole protecteur du henné a été transmis à travers les mœurs par une application de la poudre humidifiée dans le creux de la main droite.

Par ailleurs, dans le Maghreb, le henné est considéré comme une plante médicinale en raison de ses vertus astringentes, antiseptiques et cicatrisantes qu’elle tire, entre autres, du tanin. Quelques citations ont été soulevées quant à l’utilisation du henné par le Prophète pour ses vertus médicinales.

Cette plante est employée en cataplasmes contre l’eczéma, les mycoses, les furoncles, les abcès, les gerçures, les contusions… ou pour réduire l’inflammation et la douleur des entorses, luxations, fractures, etc. Et en ce qui a trait à son usage sur les cheveux, le henné aurait aussi une action fortifiante, antipelliculaire et anti-séborrhéique (forme d’eczéma). De nos jours, les Maghrébins l’utilisent encore pour les soins capillaires, des ongles, des pieds et des mains.

La nuit d’une tradition

Tel que mentionné plus haut, l’utilisation du henné ne remonte pas à l’invasion islamique. Bien avant son association aux coutumes musulmanes, il était déjà employé par les Hébreux (les premiers à l’utiliser en esthétique) et les Égyptiens (Ramsès II se serait teint les cheveux avec du henné). En Afrique du Nord le henné est utilisé dans différents rites qui régissent les traditions. Il n’y a pas de cérémonies ni de fêtes religieuses sans henné.

La cérémonie à laquelle on pense en premier est le mariage. Pour mieux comprendre le lien entre le rituel du henné et la cérémonie, il suffit de connaître l’origine du mot henné : tiré de l’hébreux Hen qui signifie « trouver grâce ». Dans la culture musulmane, le mariage se déroule sur plusieurs jours. Le dernier jour est réservé au henné: c’est la nuit du henné.

Ainsi, au cours de cette nuit, en embellissant ses mains de henné, la mariée souhaite trouver grâce aux yeux de son mari. Pour des applications plus élaborées du henné, les femmes ont recourent à de véritables artistes appelées « hennayates » ou « nékachates ».

Celles-ci s’occupent de la coiffure, du maquillage et de l’habillement de la mariée qui change plusieurs fois de tenues. Jadis, les hennayates utilisaient un bâtonnet effilé pour ébaucher des calligraphies très précises, aujourd’hui elles utilisent des seringues de calibre différent. Le savoir faire des hennayates modernes s’est adapté à la demande des jeunes générations.

Le henné est aussi appliqué lors de la circoncision, des fêtes de l’Aïd ainsi que la veille du 27ème jour, nuit sacrée du Ramadan. Au cours de ces cérémonies, on procède au tatouage pour éloigner toute influence négative et pour apporter la chance (Baraka). Il existe aussi une cérémonie du henné consacrée au pèlerinage d’un sanctuaire (Koubba), lieu spirituel et sacré.

Le henné en toute beauté

Les parties exploitées du henné sont: les feuilles pour leurs vertus colorantes, cosmétiques et thérapeutiques; les fleurs pour leur parfum suave et les racines pour leurs propriétés médicinales.

La propriété colorante du henné est sans contredit la caractéristique la plus connue de cette plante. Son utilisation pour colorer les cheveux et réaliser des tatouages temporaires à partir d’un produit cosmétique 100% naturel s’est largement répandue. Le henné embellit, protège et renforce les cheveux… Certaines pourraient toutefois être rebutées par son intense odeur et la longue durée de l’application.

Mais à voir l’ampleur qu’a prise l’usage du henné auprès d’une population très variée, on peut en déduire que les vertus de cette plante sont loin d’être négligeables; ne serait-ce que pour le plaisir de profiter d’une coloration naturelle sans avoir à regretter le geste à long terme.

D’un autre côté, il faut faire mention du henné auquel on a fini par noircir le portrait suite à de nombreuses mauvaises expériences. On parle ici du henné noir (Iindigofera tinctorium), connu sous le nom d’indigotier. Celui-ci est utilisé pour la teinture bleue extraite de ses feuilles.

Il a longtemps été proie aux ajouts de substances chimiques qui abîmaient énormément les cheveux et provoquaient des réactions allergiques. L’un des éléments à vérifier lors de l’achat du henné noir est que le seul ajout soit de l’indigo. Cette plante aux reflets bleutés est celle que l’on rajoute au henné pour obtenir une coloration foncée. Donc plus la concentration en indigo est élevée, plus la teinture tendra vers le noir bleuté.

L’intensité de la couleur dépend de la qualité du henné et de la durée de l’application. Il faut aussi savoir que la récolte a aussi un impact important sur la qualité du henné. Une marque que l’on a appréciée une fois peut produire un résultat différent lors d’un second achat. Il faut donc effectuer différents tests afin de trouver le henné qui répond à nos besoins.

Et si on recherche une coloration orangée, le henné naturel (Lawsonia Inermis) dont il est question ici, est le produit recommandé. Cette poudre verte est couramment pour réaliser des tatouages sur les mains et les pieds… ainsi que d’autres parties du corps selon la demande.

L’art du henné s’est développé amplement par l’intermédiaire des femmes et son graphisme s’est enrichit au fil de sa progression. L’image ci-contre illustre bien l’évolution de cet art.

Le tatouage au henné tel qu’on l’a connu est en pleine révolution. Il a su s’intégrer à diverses cultures et être appliqué avec de différentes techniques. Cette photo est tirée du site www.hennapage.com où l’on illustre l’emploi du henné avec des pâtes brillantes. Ceux-ci peuvent être mélangés pour obtenir des couleurs étincelantes ou appliqués une couche après l’autre pour enrichir le tatouage. Difficile de croire qu’il y a des limites à l’imagination!