Quand l’art Algérien s’invite à New York : Mizo et Mohamed Belaid à l’assaut de l’Amérique

Quand l’art Algérien s’invite à New York : Mizo et Mohamed Belaid à l’assaut de l’Amérique

L’hôtel Sofitel a accueilli dimanche dernier un point de presse avec deux talentueux artistes algériens qui s’envoleront bientôt aux Etats-Unis pour une expo en plus d’une résidence de deux mois.

Pour en parler Warn-Arts, compagnie de production artistique fondée en 2017 par Samia Ait Hellal et Imen Bessah Amrouche, chef de ce projet ont décliné lors d’un point de presse les grands axes de cet évènement intitulé: A Northafricain Resonance. Il s’agit en effet d’une initiative historique qui permettra à deux artistes Algériens: Mizo (photographe -plasticien) et Mohamed Belaïd (artiste céramiste), de se produire à New York durant tout le mois de juin 2018 à la galerie Umbrella Arts New York au coeur de la plus grande et plus métissée métropole du monde. Plus qu’une ville, New York est un atelier à ciel ouvert. En plus de cette exposition la compagnie Warn Arts offre une résidence artistique aux deux artistes durant cette même période. Mizo et Mohamed Belaid seront pour un mois les ambassadeurs de la scène artistique algérienne à New York. Dans le dossier de presse qui nous est parvenu Madame Imen Bessah Amrouche, historienne d’art et cofondatrice de Warn-Arts affirme que «la scène artistique algérienne est en plein ébullition. Il y a littéralement une énergie foudroyante que l’on peut ressentir de toutes parts. Il y a moult talents cachés qui ne demandent qu’à être découverts et d’expliquer: «C’est de ce constat qu’est née Warn-Art, faire connaître l’art algérien et faire en sorte qu’il ne connaisse pas de frontières. Le monde doit connaître nos oeuvres et nos artistes doivent connaître le monde». Elle confiera également: «Lorsque j’étais jeune étudiante en histoire de l’art en Sorbonne, New York était synonyme de Moma, Gugenheim, MET Museum. Cette ville paraissait si loin, si inaccessible. Quand j’y ai atterri pour la première fois en 2012, quelle ne fut ma surprise de voir cette ville, m’accueillir… Le monde était là dans sa diversité. Cette ville méritait un peu de la magie algérienne. Nous y sommes enfin: Alger dans New York durant tout le mois de juin». Pour sa part Samia Ait Hellal cofondatrice de Warn-Arts relève à son tour: «Je suis passionnée par la vie culturelle algérienne et souvent émerveillée par tous ses talents. Sans oublier mon amour profond pour mon pays natal, cette Algérie que j’ai l’impression de redécouvrir à chaque fois J’aime tellement le mot / Give back en anglais qui veut dire donner en retour en français. J’aime l’idée de dette qu’il concentre, et moi j’ai une dette envers l’Algérie Donner en retour aussi à mon pays d’adoption les Etats-Unis, qui m’a beaucoup apporté.Rendre, offrir, échanger, mélanger, créer. Le projet est là. «Nous l’avons compris, les deux fondatrices comptent bien reconduire l’expérience, en faire un événement annuel. «Warn Arts se veut catalyseur de projets créatifs toutes disciplines confondues: peinture, photo, design, théâtre, cinéma, littérature, mode. L’ouverture, le partage, et le respect de tout acte de création est la devise de la compagnie. Loin de prétendre posséder la connaissance absolue de l’art contemporain algérien, Warn Arts revendique sa volonté d’apprendre des autres, d’unir les moyens des uns et des autres dans une synergie positive afin de donner une belle tribune à ceux qui le méritent. Cette première édition qui est de conception majoritairement algérienne: conception graphique, infographie… «Nous tenions à mobiliser des équipes algériennes, c’est aussi ça faire de la promotion.». Pour ceux qui ne le connaissent pas encore Mizo est un artiste plasticien alliant un panel de techniques variées. Adepte de la photo- peinture, Mizo puise son inspiration dans le monde qui l’entoure. Perfectionniste, il aime habiller son sujet- aussi grave soit-il- d’un voile de beauté assumé. Son amour pour la photographie vient du besoin de maîtriser le temps, le multiplier, l’immortaliser et le partager, afin de lui rendre le bonheur qu’il nous offre. Soucieux du fond et surtout de la forme, l’esthétique prend une place primordiale dans ses travaux. Fin observateur rien n’échappe à son oeil aiguisé. Il est aussi le chantre du détail. Ses oeuvres sont toutes des invitations à la méditation, truffées de symboles et de codes. Elles se lisent alors comme des livres à canevas ouvert. Le travail de Mizo n’est cependant pas lisse, sa rugosité provocatrice qu’il assume pour interpeller, questionner et donner à réfléchir. Mizo a réalisé plusieurs expositions solos en Algérie, il a également exporté ses travaux à l’étranger (USA, Canada, UK, Espagne). Il a aussi plus récemment exposé à l’espace Issue 98 et actuellement il présente une série d’oeuvres à l’espace Artissimo intitulé Critical EmerGency.

Son univers comme l’explique le dossier de presse allie une importance capitale au sens caché de l’ouvre doublé de la qualité de sa présentation. Artiste jusqu’au bout des doigts Mizo continue à explorer actuellement les travers de la société tout en donnant à voir une maîtrise aiguisée de l’aspect esthétique qu’il décline sous différents supports combinés pour sublimer ses intentions et son univers onirique plein de promesse. Belaid Mohamed quant à lui est un céramiste hors pair qui crée des oeuvres majestueuse redoublant d’ingéniosité et d’audace. Son atelier se trouve à El Biar. C’est là qu’il donne vie à des oeuvres d’art en céramique contemporaine. Très attiré par le style figuratif, celui que tout le monde appelle Belaid façonne des pièces uniques. Une variété de formes, de supports avec ici, des visages aux torsions étonnantes là un trait en calligraphie qui se reproduit à l’infini pour le plus grand plaisir des yeux. Belaid a résolument plusieurs arcs à son cou et réussira à surprendre tout un chacun. Il a à son actif de nombreuses expositions individuelles et collectives. Il a exposé à Alger, Barcelone et Varsovie. L’artiste donne, par ailleurs, des cours de céramique au sein de son atelier. Ces créations sont essaimées un peu partout dans le monde Brésil, Afrique du Sud, Belgique, France, Liban, Etats-Unis, Italie et bien d’autres. Le travail intense et continue, la curiosité alliée à un talent indéniable donnent à Mohamed Belaid cette capacité à nous offrir une multitude d’expériences visuelles et émotionnelles qui prennent source dans l’antichambre de sa vie. Les deux artistes choisis pour exposer à New York ont de commun le sens de la pertinence assumé, la sensualité qui se dégage de leur travail abouti, faisant d’eux des artistes à part entière qui font corps avec la matière et leurs produits dont l’observateur n’a pas fini de contempler et d’apprécier, tant la beauté, raffinement conjugué au talent n’ont pas fini de révéler tous leurs secrets.