La production de ce type de drogue fait vivre 800.000 Marocains et représente plus de 3% du produit national brut du royaume.
La fièvre s’empare du royaume. Elle a disparu de cette activité économique qui assurait la paix sociale de toute une région sensible du royaume. Celle montagneuse et pauvre du Rif, haut lieu de la «dissidence» qui est désormais une vraie poudrière.
Le pouvoir marocain qui a joué avec le feu est en train de se brûler les ailes. Un juste retour des choses pour un pays voisin dont le bellicisme affiché vis-à-vis de l’Algérie est clamé sur tous les toits et qui a fait du trafic de stupéfiants une arme pour rêver d’une Algérie qui sombrerait dans le chaos. Un plan diabolique que les forces de sécurité ont déjoué. De la nitroglycérine renvoyée à son expéditeur. Pour qu’elle lui parvienne, l’Algérie qui est une des destinations privilégiées des narcotrafiquants marocains a décidé de leur couper l’herbe sous les pieds. Le maillage de sa frontière ouest, les saisies record, la raréfaction du kif marocain dans les grandes villes du pays sont autant d’indices qui penchent en faveur de l’assèchement des réseaux de trafic de cannabis.
Les coups de boutoir portés par les services de sécurité aux organisations mafieuses qui ont la mainmise sur le trafic de drogue sont rudes. L’Algérie qui est inondée de tonnes de cannabis en provenance du Maroc a redoublé de vigilance. Ce commerce illicite, juteux est sur le point de se retrouver en crise, jugulé par la contre-offensive de l’ANP. Elle n’a laissé aucune chance à la stratégie machiavélique du pouvoir marocain qui a émis le voeu de déstabiliser le territoire national à travers ses narco-bombes.
Sur le plan de l’intégrité territoriale, l’ensemble des forces de sécurité et l’Armée nationale populaire veillent au grain. «Il apparaît clairement, aujourd’hui plus que jamais, que les défis de l’heure imposent à tous de s’astreindre au plus haut degré à la vigilance afin de faire avorter les manoeuvres et complots, pour que l’Algérie demeure comme elle l’a toujours été, un bastion imprenable…», avait souligné la revue El-Djeich, dont l’édito du numéro de janvier s’intitule «Nos valeurs nationales: une lanterne qui nous éclaire». La lutte contre le trafic de stupéfiants qui représente une source de financement des groupes terroristes constitue par conséquent une de ses priorités. Sur le terrain les résultats sont probants. Les coups sont sévères.
Durant les dix premiers mois de 2016 plus de 93 tonnes de cannabis en provenance essentiellement du Maroc ont été saisies. Près de 74% de ces quantités ont été interceptées à l’ouest du pays durant les 10 premiers mois de l’année 2016 indiquait l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onldt) dans son rapport publié le 13 décembre 2016. La lutte est sans merci. Le dispositif sécuritaire au niveau des frontières est renforcé.
La chasse que mènent conjointement les services de la Gendarmerie nationale, de la Sûreté nationale et des douanes contre les narcotrafiquants est implacable. Il n’est donc pas étonnant de voir les circuits d’approvisionnement du kif marocain perturbés, voire démantelés. A Alger le cannabis se fait rare. Un constat qui a enflammé les réseaux sociaux sur lesquels sont partagées les thèses les plus folles au point où l’emblématique quotidien français
Le Monde a consacré une enquête à la question. Un sujet qui n’a pas fait les choux gras de la presse.
L’actualité a été dominée par la récente adhésion du Maroc à l’Union africaine et ses conséquences sur le conflit du Sahara occidental. Les dealers, qui eux sont sur le qui-vive, redoutent que la traque sans merci qui est menée, aux frontières, par les services de sécurité contre tous les trafics (drogue, carburant, immigration clandestine…) les mettent sur la paille.
La zetla marocaine ne parvient plus à destination, ou presque. Un atout supplémentaire pour que nos villes et villages ne sombrent pas dans l’insécurité. Il est possible que les barons de la drogue marocaine, pourchassés de façon implacable aient décidé d’éviter l’escale algérienne pour acheminer leurs cargaisons en direction de l’Europe. Il va falloir certainement attendre le prochain bilan de l’Office national de lutte contre la drogue et de la toxicomanie (Onldt) pour en tirer des conclusions. Si le phénomène se confirme, il aura de toutes les façons un sérieux impact sur le PIB marocain.
La culture du cannabis au Maroc est estimée à 3,1% de son produit national brut. Sa perturbation risque, en tout cas, de mettre en ébullition toute une région (particulièrement dans les régions montagneuses et pauvres du Rif) qui vit de cette activité économique. Elle fait vivre 800.000 Marocains.
Un réservoir de contestation qui peut faire vaciller le royaume. Un juste retour de boomerang pour notre voisin de l’Ouest qui a fait du trafic de cannabis une arme de déstabilisation massive du Maghreb.