La coordination entre les pays sahélo-sahariens en matière de lutte antiterroriste commence à voir le jour sur le terrain. Une semaine après l’envoi d’un convoi d’aide militaire algérienne au Mali, l’armée de ce pays vient de lancer une vaste opération de ratissage contre les groupes armés activant dans cette région, a rapporté la presse malienne. Selon la même source, l’armée malienne a déployé, samedi dernier, environ trois unités de combat sur sa frontière nord-est. La traque contre les groupes armés est déclenchée dans la région de Kidal où des groupes armés ont été repérés, précise-t-on. Il y a environ deux semaines, l’armée malienne a annoncé l’arrestation, dans cette même région, de quatre islamistes armés appartenant à l’organisation d’Al Qaîda au Maghreb.
L’objectif de cette opération est de pourchasser les terroristes activant, désormais, sous le nom d’Al Qaîda Maghreb, filiale de la nébuleuse terroriste d’Oussama Ben Laden. Cette opération intervient à l’heure où les terroristes menacent d’exécuter dans cinq jours un otage britannique qui serait détenu dans cette région. Bon nombre d’observateurs estiment que la sortie sur le terrain de l’armée malienne s’inscrit dans la politique commune des pays de la bande sahélo-saharienne qui envisagent de lancer une grande opération conjointe en matière de la lutte contre des groupes armés concentrés ces dernières années dans cette région. A cela s’ajoute la présence des groupes activant dans la contrebande et le crime organisé.
Les pays de la région, notamment l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, ont compris que la lutte contre ces phénomènes nécessite la contribution de chaque pays. Car, la sécurisation des frontières entre les pays de la région est une véritable «bombe» qu’il faut désamorcer le plus tôt possible. La bande sahélo-saharienne est devenue le théâtre des enlèvements de touristes européens et un lieu de refuge des groupes armés. On assiste ces derniers temps à des rapts en cascade de touristes occidentaux qui séjournent dans la région. Les ravisseurs revendiquent leur appartenance à Al Qaîda Maghreb. Ainsi, le lancement d’une grande opération antiterroriste par ces quatre pays tout au long de région frontalière ne répond qu’à une seule logique: assurer l’autosécurité de la région.
L’Algérie a déjà envoyé son premier convoi d’aide militaire au Mali. Cela témoigne que les forces de sécurité et de lutte antiterroriste passent de la phase des échanges d’informations à une coordination plus concrète sur le terrain.
Les pays concernés déploient leurs efforts pour assurer la sécurité dans cette région. D’ailleurs, les Etats du Mali, du Burkina Faso, du Niger, d’Algérie, de Libye et du Tchad préparent la tenue d’un sommet de Bamako des chefs d’Etat portant sur cette question.
Leurs ministres des Affaires étrangères ont tenu un mini-sommet l’année passée à Bamako pour préparer le grand sommet des chefs d’Etat des six pays.
En multipliant leurs efforts, les pays concernés lancent un message aux pays occidentaux qui souhaitent mettre, par tous les moyens, un pied dans la région et dans lequel ils attestent qu’ils peuvent assurer leur propre sécurité sans aide des puissances étrangères à la région. C’est le souhait, notamment, des Etats-Unis d’Amérique qui cherchent à installer le commandement militaire Africom dans la bande sahélo-saharienne.
A noter également que l’Algérie constitue le maillon fort dans cette opération conjointe des pays de la région. Outre le matériel logistique important dont elle dispose, l’Algérie a acquis une large expérience en matière de lutte antiterroriste. L’Algérie a toujours tendu la main aux pays frontaliers en vue de garantir une stabilité interne. Comme en témoigne la médiation fructueuse de l’Algérie entre le gouvernement malien et les rebelles touareg. L’Algérie a gagné son pari. Plus de 500 rebelles ont déposé les armes et ont rejoint le processus de paix.