À l’initiative du ministère de la Défense nationale, les 25 000 Patriotes que compte le pays se voient réhabilités dans leur fonction qu’ils assurent depuis 1993.
La poursuite des actions de terrorisme dans les régions reculées du pays fait que l’apport des Patriotes demeure indispensable dans la lutte contre la violence islamiste que mènent les services de sécurité.
Bien que le contrat les considère comme “citoyens volontaires”, les patriotes percevront désormais un salaire mensuel de 22 000 DA et seront assurés. Selon le ministère de la Défense nationale, ce contrat leur permettra “de bénéficier des indemnités” et les oblige aussi à respecter le règlement appliqué au personnel militaire.
Cette mesure est une première, visant la réhabilitation de ces hommes ayant lutté contre le terrorisme durant des années. La promesse faite par le premier ministre, Ahmed Ouyahia, quant à la prise en charge des revendications des patriotes, semble se concrétiser.
C’est ainsi que les patriotes viennent de signer un contrat d’une année renouvelable avec le ministère de la Défense nationale. Ce contrat vise la régularisation de la situation d’environ 25 000 patriotes au niveau national, et “l’organisation des activités des groupes d’autodéfense”.
Le commandement de l’armée a procédé à l’installation de nouveaux campements militaires dans de nombreux points, notamment dans les chemins forestiers et les régions isolées, encore utilisés par les terroristes comme passage pour se déplacer d’une région à une autre.
Des patriotes rencontrés près de Boufarik dans la wilaya de Blida nous ont expliqué la démarche initiée récemment par le MDN. “le document nous a été remis par les secteurs militaires par le biais des chefs de groupe de Patriotes. On nous a demandé de fournir un dossier contenant un casier judiciaire, un certificat de nationalité, la photocopie de la carte nationale, la carte de port d’arme pour signer le contrat”, ont-ils déclaré, avant d’ajouter que “ce qui nous intéressait le plus, c’est le salaire”.
La rémunération est fixée à 22 000 DA mensuellement avec une prime de 2 400 DA pour l’assurance. Auparavant, les patriotes touchaient 11 000 DA, mais les versements n’étaient pas réguliers. Ce qui aggravait la précarité de cette catégorie.
À Haouch-Omar, la mobilisation continue
Nous nous sommes rendus à Haouch-Omar, dans la région de Boufarik, l’un des noyaux des groupes d’autodéfense et aussi l’un des anciens fiefs du GIA sous la houlette du sinistre Antar Zouabri. Pas moins de 25 patriotes y vivent et assurent la sécurité des habitants.
“La plupart des patriotes sont en opération de ratissage avec l’armée”, nous révèle un patriote rencontré sur place. Et d’ajouter : “on travaille par groupe ; il y a des patriotes qui restent mobilisés pendant une semaine afin de traquer d’éventuels terroristes dans les maquis.”
Cette réhabilitation a permis de rendre l’espoir pour cette catégorie laissée-pour-compte. “Nous avons été désagréablement surpris d’apprendre que les patriotes qui ont dépassé l’âge de 55 ans, ou souffrant d’une maladie chronique ou d’une blessure, seront mis à la retraite ! Mais Dieu merci, les autorités ont renoncé à cette mesure et nous avons repris du service.
On n’aurait jamais accepté cette mesure d’ailleurs”, insiste le patriote, qui faisait parti du premier groupe d’autodéfense créé en 1994. “nous sommes toujours déterminés à lutter contre le terrorisme et nous avons l’expérience et la volonté, on a juré de ne déposer les armes que quand aucun terroriste ne sera au maquis !”, a-t-il encore ajouté.
Il faut dire que les patriotes ne traquent pas seulement les terroristes dans les maquis, mais assurent aussi la sécurité des grands projets. “on était mobilisés pour sécuriser le projet de réalisation du tronçon routier Boufarik-sidi moussa dernièrement et aussi plusieurs autres projets sensibles”, nous confirment d’autres patriotes de la région.
Concernant la situation sécuritaire dans cette région, les patriotes sont unanimes à dire qu’elle s’est améliorée tout en appelant à la vigilance. “Si ce n’étaient pas les patriotes qui coordonnaient avec l’armée, le terrorisme n’aurait jamais reculé, il faut le reconnaître.”
Un patriote, qui s’est engagé en 1997, reconnaît la difficulté de la tâche qui leur incombe. “on vient de régler notre situation ; maintenant nous avons un contrat, un salaire et nous sommes assurés”, a-t-il dit. Et de conclure : “vaut mieux tard que jamais.”
Pour son collègue, c’est une mesure “positive”, surtout que des rumeurs circulaient faisant état de la dissolution des groupes des patriotes. “Auparavant, je travaillais dans une société publique, mais j’ai décidé de prendre les armes après l’assassinat de mon frère. je touchais
11 000 DA comme prime mensuelle et pas de façon régulière, ce n’était pas suffisant !”
En majorité, les patriotes affirment qu’ils ne cherchaient pas forcément l’argent au début, mais en même temps, ils ne pouvaient pas avoir un travail stable vu qu’ils étaient tout le temps mobilisés en plus du fait qu’ils ont des familles à nourrir. “C’est pourquoi ce contrat avec salaire vient à temps”, disent-ils.
En revanche, d’autres patriotes ne voient pas dans cette mesure la solution à leurs problèmes.
Même s’ils considèrent qu’ils sont mobilisés pour la République, il n’en reste pas moins qu’ils continuent de demander des
indemnisations pour ceux qui ont été blessés et sont handicapés à vie des suites d’un attentat terroriste.
Dans ce cadre, un patriote a révélé qu’il était en contact avec d’autres collègues dans d’autres régions afin de saisir le ministre délégué à la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, pour une reconnaissance et un statut. “nous avons lutté pendant 15 ans et il est temps qu’ils le reconnaissent.”
Les vergers de la Mitidja sous haute surveillance
Les vergers de la Mitidja sont sécurisés par les éléments de l’ANP, la garde communale et les patriotes avec leurs tenues et leurs armes. Ils sont mobilisés H24 dans ces lieux. “C’est un dispositif pour sécuriser la capitale et ses environs”, nous dit-on, qui s’inscrit dans le cadre du maillage sécuritaire planifié par le chef d’état-major de l’armée.
Il faut dire que les patriotes soient d’un grand apport puisqu’ils peuvent localiser les suspects et les terroristes recherchés natifs de la région.
Récemment, les forces de sécurité ont abattu plusieurs terroristes, dont des “émirs”, dans les régions de Bougara, Hammam Mélouane et Souhane dans la wilaya de Blida et procédé à l’arrestation de 4 terroristes à haï Eucalyptus en plein centre de Blida grâce à des informations fournies par la population et les patriotes de la région.
NEïLA B.