Une cellule de crise a été installée par l’état-major de l’ANP au niveau de la IVe région militaire à Ouargla depuis le 24 février dernier, soit le premier jour des troubles en Libye, pour la prise en charge des réfugiés algériens et étrangers. L’armée a procédé aussi au renforcement du contrôle au niveau des frontières en multipliant les patrouilles mobiles, apprend-on de source militaire.
En effet, les éléments de l’ANP ont été mis en alerte, la nuit du dimanche à lundi, suite au déclenchement de troubles dans la région de Zaouïa, située à environ 350 km des frontières algériennes.
“Les libyens pro-Kadhafi ont fêté la récupération de cette ville libérée par les combattants. ils ont tiré des feux nourris pendant des heures ; on a pu voir les balles brillantes du poste frontalier”, nous a confié un agent de la police algérienne des frontières (PAF) au niveau du poste frontalier de Debdeb, suite à quoi, les éléments de l’ANP se sont mobilisés pour maîtriser la situation en cas d’accrochage entre les deux parties ou tentative de fuite vers l’Algérie, d’autant que les combattants ont tenté de récupérer le terrain.
Une source sécuritaire nous a confié que les militaires se sont redéployés au niveau des frontières avant même le déclenchement des évènements pour déjouer toute tentative d’introduire des armes lourdes. “plusieurs casernes en Libye ont été attaquées et des armes de guerre, telles les kalachnikovs, circulent dans plusieurs villes libyennes, les réseaux du trafic d’armes en connexion avec les groupes terroristes profitent de cette situation pour alimenter les maquis du GSPC en Algérie”, nous précise notre source.
Il faut dire que plusieurs armes de guerre saisies par les services de sécurité en possession des terroristes et des contrebandiers ces dernières années sont de provenance de la Libye.
Un nouveau bataillon de l’ANP installé au niveau des frontières
Dans ce sillage, on apprend aussi qu’un bataillon de l’ANP a été installé récemment au niveau de la bande frontalière de Debdeb. Le dispositif est visible à Debdeb, à 220 km d’In Aménas. Une chaîne de véhicules de type 4×4 de l’armée et de la gendarmerie et même des douanes dépêchées aux frontières. Les éléments de l’ANP étaient en tenue d’intervention.
Les barrages de la GN au niveau des routes menant vers les frontières ont été renforcés. Des officiers de grade de capitaine dans des points de contrôle. Un gendarme sur place nous a révélé que des renforts ont été dépêchés dans d’autres wilayas. “il y a eu renforcement des patrouilles de contrôle ; ce qui a permis d’ailleurs d’intercepter des centaines de clandestins africains qui voulaient profiter de la situation pour s’introduire en Algérie. Nous avons arrêté environ 180 clandestins qui ont été pris en charge par l’armée, avant d’être refoulés. L’opération se fait en coordination avec les services compétents des pays d’origine.”
L’armée, c’est aussi la mission humanitaire
D’autre part, l’état-major de l’ANP a également engagé d’importants moyens humains et matériels pour la prise en charge des réfugiés. En effet, plus de 400 lits de camp ont été installés au niveau du site d’hébergement au lycée de Debdeb ainsi qu’une dotation médicale d’urgence spécialisée dans les premiers soins. Un médecin et deux infirmiers ont été mobilisés pour la circonstance ainsi qu’une ambulance médicalisée.
Les militaires ont dû lancer un travail de sensibilisation envers les réfugiés d’autant qu’un problème de langue se posait avec les asiatiques, mais aussi la culture des autres réfugiés. “les égyptiens ont refusé en premier lieu de prendre des antibiotiques tout en croyant qu’ils doivent prendre beaucoup de viande en contrepartie.” Le médecin de l’armée nous a révélé que des analyses et prélèvements de sang ont été effectués. “On a eu à consulter des cas de diabétiques qui n’ont pas pris leur traitement lors de leur fuite”, nous dit-on.
Des réfugiés fragilisés par les incidents dans leur pays
Un cas de psychiatrie a été enregistré, il s’agit d’un jeune égyptien âgé de 27 ans qui souffrait de troubles de mémoire depuis plus d’un mois. Les réfugiés, dont le nombre dépasse les 700, la plupart des étrangers hébergés au niveau du lycée de Debdeb, ont été tous pris en charge par l’armée. la direction régionale de l’intendance a mis en place une boulangerie de camp et des cuisiniers militaires. “plus de 5 000 plats complets (salade, plat, dessert) ont été distribués”, nous dit l’officier.